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Les sauvages sont-ils des barbares ?

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« Analyse du sujet · Eléments de définition ® Barbare = Du grec barbaros « étranger, non grec », du latin barbarus « inculte ».

Le barbare est le non-civilisé, dans l'optique de l'ethnocentrisme grec ou occidental.

Selon Lévi-Strauss, le barbare, « c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie », autrement dit, celui qui peut aller jusqu'à dénier à d'autres hommes leur humanité. Dans une perspective relativiste déjà présente chez Montaigne : ce dont on est incapable de comprendre la différence, essentiellement ce qui concerne les coutumes et les moeurs. Par extension, le barbare désigne aussi le sauvage en tant que jugement de valeur (le préjugé ethnocentrique appelle « sauvages » ceux qui n'ont pas la même culture). ® Qu'est-ce que = il s'agit d'une question qui met en jeu la définition de ce qu'on appelle un barbare. Il s'agira donc de partir des présupposés impliqués afin d'en discuter l'usage et la légitimité. · Angles d'analyse ® Le terme de barbare procède avant tout d'un jugement de valeur : telle civilisation juge que tel peuple est barbare parce qu'il ne répond pas aux mêmes critères de ce qui semble faire, d'un certain point de vue, « civilisation ». ® La notion de barbare engage deux dimensions fondamentales : elle souligne à la fois la cruauté et l'archaïsme.

On l'emploie en effet pour désigner des sociétés dites « primitive » (le terme de barbare est alors synonyme de sauvage au sens où l'homme se rapproche de « l'état de nature ») Cependant, on ne peut pas non plus manquer de souligner la dimension de « barbarie » ; en effet, le barbare est indissociablement lié à la notion de cruauté, voire d'inhumanité. ® Pourtant, le barbare, s'il correspond à l'inhumain, il n'est pas pour autant le non humain.

On comprend alors que le terme est complexe car il désigne à la fois celui qui est totalement étranger à l'homme (en tout cas à l'idée que l'on peut avoir de l'homme) et en même temps on ne peut traiter quelqu'un de barbare qu'en tant qu'on l'englobe dans l'espèce humaine. Problématique Il est ici nécessaire de s'interroger sur la définition de la notion de barbare.

Chercher à voir si les présupposés qu'on lui applique sont valables, et légitimes.

Le terme de barbare désigne-t-il une réalité de fait ou s'agit-il simplement d'un jugement de valeur tout relatif ? Ne sommes nous pas tous le barbare de quelqu'un ? Le terme désigne-t-il moins celui qui le prononce (incapable de comprendre que les différences ne font pas l'infériorité) ou celui qui est visé ? L'enjeu ici réside dans une certaine idée de l'homme, car en effet, si la notion de barbare est relative, alors celle d'humanité, et surtout d'inhumanité, le sera elle aussi.

Comment alors juger des actes « de barbarie » ? Plan I- Le barbare c'est l'autre · · · · Le barbare n'est pas mon semblable = Autrui n'est pas nécessairement un proche.

Autrui c'est n'importe quel autre homme.

Néanmoins, bien souvent il ne me semble pas être mon prochain, "mon semblable, mon frère" (Baudelaire, Les Fleurs du Mal).

Il se signale avant tout par son altérité radicale.

Il est même si différent qu'il est fréquemment incompréhensible.

Ses actions, ses paroles me semblent souvent absurdes, dénuées de sens ou étranges.

Son étrangeté peut alors susciter la peur, la réprobation ou l'agressivité.

Sa singularité sa différence masque à mes yeux nos similitudes : il n'est plus mon semblable mais l'étranger complètement différent. Par exemple, les différences entre cultures sont habituellement regardées comme des abîmes. Face à ces dissemblances manifestes, l'attitude la plus ancienne et la plus répandue, remarque Lévi-Strauss dans son rapport à l'Unesco sur le racisme ( Race et histoire), a toujours été de nommer "hommes" uniquement ceux qui sont suffisamment semblables à moi.

Mais, on ruine de la sorte l'idée d'une communauté humaine universelle où tout homme est autrui c'est-à-dire un semblable.

Car alors "l'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même au village".

les Grecs nommaient par exemple "barbares" les peuples qui ne parlaient pas leur langue.

Un barbare est en effet trop "autre" pour être encore "autrui".

Entre lui et moi toute relation semble impossible.

Seul demeure un face-à-face tendu. On comprend alors pourquoi la notion d'agressivité, de cruauté semble alors centrale dans la notion de barbare.

Il est ce dont on ne saisit rien, ni ses coutumes, ni ses moeurs.

Il est seulement l'Autre. Autrui est en effet le même et l'autre ; et c'est cette double structure qui le caractérise.

Il y a par conséquent deux façons de méconnaître autrui : on peut nier qu'il soit différent, ou nier qu'il soit semblable, ce qui, au fond, revient au même.

Mais autrui n'est ni autre que moi, ni identique à moi.

Il est alter ego, c'est-à-dire à la fois un autre moi et autre que moi.

Proximité et distance, familiarité et étrangeté qualifient mon rapport à l'autre.

Autrui apparaît comme une figure. »

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