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Les hommes sont-ils naturellement sociables ?

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« Termes du sujet: SOCIABILITÉ: Aptitude à vivre en société. • Kant souligne « l'insociable sociabilité » des hommes, qui cherchent à développer leurs dispositions naturelles en s'associant avec leurs semblables (sociabilité), tout en voulant tirer le meilleur parti de la situation (insociabilité). HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. Les hommes vivent en société, mais sont-ils, par nature, sociables ou insociables ? La coopération des hommes, afin de subvenir à la multiplicité de leurs besoins, est une nécessité.

Comme le souligne Platon dans La République, l'échange utilitaire fait le lien social : « Ce qui donne naissance à une cité [...] c'est [...] l'impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu'il éprouve d'une foule de choses.

» Coopération et division du travail permettent aux hommes de transformer le milieu naturel et de satisfaire leurs besoins.

De plus, l'individu isolé, vivant sans rapport avec autrui, sans langage, ne pourrait être qu'une brute ou un dieu.

Pourtant, la coexistence des hommes au sein d'une société ne va pas de soi, au point que s'il n'y avait pas des lois pour tenir les hommes en respect, aucune société ne pourrait survivre longtemps. Outre le besoin qui lie les hommes les uns aux autres, ne faut-il pas admettre un sens naturel du lien social ? C'est la thèse d'Aristote : les hommes sont par nature des êtres sociaux et que rapprochent des liens d'affection: « Qui donc, voyant un homme écrasé par une bête, ne s'efforcerait, s'il le pouvait, d'arracher à la bête sa victime ? Qui refuserait d'indiquer la route à un homme égaré ? Ou de venir en aide à quelqu'un qui meurt de faim ? [...] Qui donc enfin n'entendrait avec horreur comme contraires à la nature humaine, des propos tels que ceux-ci : "Moi mort, que la terre soit livrée aux flammes ! " ou : "Que m'importe le reste, mes affaires à moi prospèrent" ? De toute évidence, il y a en nous un sentiment de bienveillance et d'amitié pour tous les hommes, qui manifestent que ce lien d'amitié est chose précieuse par elle-même.

» Belle vision, mais un peu idyllique.

Il est vrai que la plupart des êtres humains éprouvent une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement leurs semblables, mais c'est, peut-être, plus par crainte pour soi (autrement dit, par peur de subir le même sort) que par sympathie.

Admettons toutefois que les hommes aient une certaine propension à la sociabilité.

Il n'en demeure pas moins que c'est d'abord leur bien-être et la conservation d'eux-mêmes qu'ils recherchent.

De ce fait, ils veulent tout diriger dans leur sens et cherchent à échapper aux contraintes de la vie en société.

Si donc l'homme a des tendances sociables, celles-ci sont inséparables de tendances inverses, de penchants à l'insociabilité.

Et Kant, dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, n'hésite pas à évoquer ce qu'il appelle « l'insociable sociabilité » des hommes L'homme a une inclination à s'associer car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles.

Mais il manifeste aussi un grand penchant à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger à sa guise; et de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tout côté, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.

» Ainsi, deux forces s'opposent en l'homme : la sociabilité qui le pousse à rechercher ses semblables et l'insociabilité qui le porte à résister aux autres mais menace sans cesse de dissoudre la société.

Cette insociabilité résulte des inclinations sensibles et des passions égoïstes.

Si elle est moralement condamnable, elle est toutefois à l'origine du développement des dispositions de la société humaine: « C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, qui le porte à surmonter sa tendance à la paresse, et fait que, poussé par l'ambition, l'appétit de domination ou de possession, il se taille une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer » Cette insociabilité constitue pour une société des ferments ou des germes de progrès.

Imaginons, en effet, une communauté ignorant les antagonismes : vivant dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits, les hommes, « doux comme les agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence guère plus de valeur que n'en a leur troupeau domestique ».

Les talents resteraient à jamais enfouis en germe.

« Remercions donc, dit Kant, la nature pour cette humeur non conciliante, pour la vanité rivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination.

» Faut-il, pour autant, considérer cette insociabilité comme le dernier mot de l'histoire ? Les potentialités humaines se développant, ne peut-on pas envisager l'absence future de conflits au sein des sociétés ? La véritable destination de l'homme n'est-elle pas la réalisation de sa nature d'être raisonnable ? L'idée que l'insociabilité disparaîtra pour laisser place entière à la sociabilité est souhaitable et légitime.

Cette idée a un usage régulateur.

Autrement dit, elle peut orienter dynamiquement la pensée des hommes et les amener à réaliser les actes nécessaires à son actualisation. La formation de la société est dans la nature de l'homme.. »

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