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Les heures sont égales pour l'horloge mais pas pour l'homme ?

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« nom=De Decker Prénom=Élise [email protected] Depuis l'invention de l'horloge, il est entendu que l'homme dispose de 24 heures par jour, soit 1440 minutes, ou encore, de 86400 secondes.

Ce crédit temps est déposé chaque matin sur notre compte vie personnel et sera écoulé le lendemain même heure. Cette vision du temps qui passe inéluctablement est une conception abstraite, une mesure, et un outil précis.

Pourtant, par expérience, l'homme constate que sa perception varie selon les personnes, les activités, les lieux et les époques.

Le temps a dès lors aussi un caractère changeant. C'est donc un paradoxe de dire que le temps est à la fois une mesure constante et une impression variable.

Dès lors, comment appeler « temps » deux notions si différentes ? La question n'est pas de savoir si « les heures sont égales pour l'horloge et pas pour l'homme », puisque c'est un constat.

Plutôt, devrions-nous « opposer » ces « deux temps » pour enfin tenter, si pas de les concilier, de comprendre leurs influences. Considérons d'abord le temps objectif, concept élaboré par l'homme.

Au sens commun, il est un moyen abstrait de structurer le monde concret.

Des repères conventionnels sont effectivement fixés depuis toujours afin d'organiser l'existence des êtres et leurs activités.

Il est surtout commode de se référer à un système formel.

Mais au-delà du sens pratique, se cache une dimension métaphysique : qu'est-ce que le temps ? Les premières réflexions menées sur le sujet aboutirent à un « temps absolu », qui s'écoule du passé au présent puis vers l'avenir.

Cette sorte de flèche du temps était perçue comme inébranlable.

Cette approche satisfaisait à expliquer que le temps existe mais ne se voit pas. Mais Parménide, lui, avait une autre explication.

Adepte de l'être un et éternel, le temps serait pour lui immobile.

Selon sa théorie, les sens étant trompeurs, ce ne serait pas le temps qui passe, mais les êtres. Avec l'apparition du Christianisme, le temps devient, au même titre que la Terre, une création de Dieu sur laquelle luimême n'aurait pas d'influence. En fait, pour écarter le problème des différentes perceptions, ce temps mystérieux et impalpable a été conceptualisé sous la forme de loi de la nature. Plus tard, lorsque la science s'émancipe de la pensée religieuse, le phénomène temporel est étudié rigoureusement.

Mais une fois de plus, les physiciens comme Newton et Einstein et les penseurs tel que Kant demeurent pragmatiques.

C'est à dire qu'ils décident de privilégier un temps abstrait, mathématique et homogène.

De plus, à l'instar de Parménide, les évènements lui seraient extérieurs et l'homme n'aurait pas d'emprise sur lui.

Il y évoluerait sans l'influencer.

Le temps scientifique est considéré avant tout comme mesure, autrement dit, « la science connaît le temps mais ignore l'histoire ».

Néanmoins, le temps, lui, a bel et bien une influence sur l'homme, puisque sa vie est régie par ce système qu'est le temps de l'horloge.

Les heures, les minutes toujours à l'esprit, l'homme moderne semble « sous la dictature du temps objectif ». Forcé d'admettre que le temps existe et ce, malgré l'incertitude de sa nature, sa mesure se veut exacte.

Il n'empêche que l'impression de durée reste incontrôlable.

C'est ce qu'on appelle le temps subjectif. D'ailleurs, nous faisons tous l'expérience de l'appréciation de la durée.

Par exemple, un enfant qui s'amuse une demi heure trouvera le temps trop court, alors que l'étudiant qui s'ennuie percevra une durée interminable.

Objectivement, trente minutes se seront écoulées, mais les émotions, l'attention, et l'intérêt de la personne auront influencé son jugement.

C'est qu'il existe un temps individuel. Nous pourrions aussi dire que les rythmes de vie ont un impact sur la perception du temps.

Il est indéniable que dans nos sociétés capitalistes, les hommes, sans cesse sollicités, ont pour rythme « rapidité et efficacité ».

Le temps leur semble court.

A l'inverse, dans les sociétés rurales des siècles passés, les paysans répondaient à leurs besoins certes, mais au rythme plus lent de la nature.

Chaque époque a donc son propre temps. Mais parfois, les groupes sociaux d'une même époque vivent à des rythmes différents.

Au XIXième siècle, alors que l'Europe occidentale et la Grande-Bretagne étaient en plaine Révolution industrielle et connaissaient des vies trépidantes, les pays méditerranéens vivaient encore à la cadence rurale. La culture et les croyances ont aussi des répercutions.

Les Bouddhistes, par exemple, qui cherchent à atteindre la paix du Nirvana, ou les Africains, pour qui le temps mesurable n'est rien, doivent percevoir un temps nettement moins rapide que les Européens. Toutes ces différences tendent à prouver ce que les historiens appellent « la relativité du temps historique », celui-ci incluant l'homme dans son cours.

Par analogie à la relativité physique qui fait varier l'espace en fonction du mouvement de l'observateur, c'est la durée qui diffère selon les personnes.

L'enjeu réel de cette comparaison est de pendre conscience que certains comportements humains peuvent en certains cas s'expliquer par un rythme intérieur plus ou moins rapide. En définitive, personne n'est parvenu à s'accorder sur la nature profonde du temps.

D'une part, le temps objectif est une valeur qui se veut fiable et mesurable.

En cette qualité, il est une référence indispensable.

Mais le temps domine également nos vies et marque notre impuissance car nous ne pouvons arrêter son cours.

Nous ressentons chaque jour ses effets sans pouvoir le contrôler.

Et si nous nous contentions de cette notion, l'adage « chaque chose en son temps » deviendrait vite un tyran. Alors, grâce à notre conscience, nous avons la faculté de concevoir un temps subjectif qui nous permet de façonner notre réalité à notre rythme.

Ainsi, l'homme a tout de même un pouvoir, celui de décider de la manière de « remplir » le temps qui lui est imparti.

En d'autres mots, « chaque chose a son temps ».

Dès lors, s'il fallait opter pour l'une ou l'autre notion, ne préférerionsnous pas un temps qui laisse l'homme libre de ses choix ? Le « vrai temps » n'est-il pas comme l'affirmait Bergson, « une réalité humaine, le temps d'un groupe social ou d'un individu » ?. »

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