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Les apparences sont parfois trompeuses ?

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« APPROCHE : Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous. Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement. Du latin « apparere » qui signifie apparaître, l'apparence, c'est la manière dont une personne ou une réalité se présente à notre vue.

Ce qui apparaît ou se manifeste à nos yeux, c'est l'aspect extérieur d'une chose.

Or, cet aspect peut parfois être trompeur et même s'opposer à la réalité de la chose.

L'apparence peut donc être mensonge, autrement dit s'opposer à la vérité, qui seule fait voir l'être authentique des choses. Le sujet ne concerne pas précisément les apparences que nous livrent nos sens, mais les apparences en général.

Il y a aussi des apparences pour la pensée.

Le sujet demande d'examiner la relation entre les apparences en général et le fait de tromper : l'essence même des apparences est-elle la tromperie ? Les apparences sont trompeuses car subjectives et ne reposant que sur la perception individuelle.

Le problème est alors de savoir si l'on peut vraiment sortir de cette vision subjective de la réalité.

Si on ne le peut, c'est qu'on n'a jamais affaire qu'à des apparences (c'est la thèse des sceptiques).

Ainsi, Montaigne écrit : "Les yeux humains ne peuvent apercevoir les choses que par les formes de leur connaissance".

Mais, dans ce cas, comment savoir si elles sont vraiment trompeuses ou non ? En effet, on ne peut le savoir qu'en comparant les apparences à la vérité.

Mais comment connaît-on la vérité ? On ne la connaît que dans la mesure où, elle aussi, nous apparaît et se montre à nous.

On voit ici le problème du sujet : comment est-il possible que l'apparence puisse montrer et cacher à la fois ? Les deux citations suivantes permettront de bien voir les enjeux du sujet : "Mais le philosophe connaît la vérité ? Oui, certes, mais, de cette vérité, il n'obtient jamais l'absolue garantie, car il ne peut aller au-delà de l'évidence, c'est-à-dire de ce qui lui semble." (M.

Conche, Vivre et philosopher, PUF, p.

115).

"Quelle évidence départagera les évidences ? Comment distinguer ce qui est vrai de ce qui n'a que l'apparence de l'être puisque le vrai ne se reconnaît qu'à l'apparence qu'il a de l'être ? [...] La certitude qu'il y a des certitudes de droit n'est jamais qu'une certitude de fait ; mais, par là même, il n'y a plus que des certitudes de faits, et il convient de suspendre son jugement au sujet de leur valeur.

[...] Pensant connaître le vrai et atteindre le réel, nous n'atteignons en fait que nousmêmes.

[...] A quelque vérité que je songe, je ne puis éviter qu'en dernière analyse elle ne fasse que me sembler vraie.

La vérité et l'être ne peuvent manquer de se résoudre en une apparence pour quelqu'un.

Celui qui voit ne peut dire que : "Je vois", non : "Cela est".

Le philosophe cherche en vain à s'effacer lui-même pour ne laisser subsister que le vrai.

Il prétend parler des choses, il ne fait jamais que parler de lui-même [...]." (M.

Conche, Montaigne et la philosophie, PUF, p.

23.) La sagesse populaire rappelle que les apparences sont trompeuses : elle nous invite ainsi à nous méfier et à ne porter un jugement sur la nature d'une chose, par exemple sur les intentions de quelqu'un, qu'après l'avoir bien examinée.

Incidemment cette formule invite aussi à s'interroger sur l'ambiguïté de la notion d'apparence : si les apparences nous trompent, c'est aussi par elles seules que les choses nous sont connues. 1.

Les apparences sont par nature trompeuses, puisque, par définition, l'apparence d'une chose s'oppose à son essence. A.

L'apparence d'une chose se distingue de cette chose elle-même : une chose est ce qu'elle est, absolument, c'est-à-dire par elle-même, tandis qu'une apparence suppose un point de vue et est relative à une référence.

Ce qui apparaît apparaît à quelqu'un.

En ce sens, une chose est en soi, tandis qu'une apparence est toujours pour nous. B.

Par expérience, nous savons que les apparences, ainsi comprises, sont souvent différentes des choses elles-mêmes.

C'est le cas de certaines apparences sensibles, c'est-à-dire de la manière dont nous percevons les objets matériels : par exemple, un bâton plongé dans l'eau semble brisé, une tour carrée semble ronde à une très grande distance...

Mais c'est aussi le cas du comportement des individus : la politesse peut cacher la haine...

Peut-on dire pour autant que les apparences sont trompeuses? On ne le peut si le terme est pris en son sens littéral : la tromperie suppose une intention de tromper.

Mais en un sens faible, quelque chose est trompeur, s'il peut nous induire en erreur : en ce sens, il arrive que les apparences soient trompeuses. C.

L'apparence semble par nature trompeuse : si l'apparence est par définition relative à un point de vue, et si elle se distingue essentiellement de la chose en soi, elle induit nécessairement en erreur. Cette conclusion est univoque : comment l'apparence pourrait-elle être par nature trompeuse ? Accuser de cette manière les apparences, n'est-ce pas chercher à dévaloriser le sensible? 2.

L'innocence des apparences. A.

Dans le sens littéral du terme « tromperie », les apparences ne peuvent en aucun cas être dites trompeuses.

Elles semblent pourtant induire en erreur sur la nature réelle des choses, et, en ce sens, peuvent être dites trompeuses.

Cela même est-il exact : peut-on vraiment dire que les apparences, les choses telles qu'elles sont pour nous, en particulier dans le domaine sensible, nous induisent en erreur? Les apparences sont ce qu'elles sont : ce sont la précipitation à porter un jugement, le défaut d'attention ou la crédulité qui nous induisent en erreur, et non les apparences. B.

Les apparences sensibles ne doivent pas être exclusivement définies par rapport à la connaissance et aux notions de vérité et de fausseté : les apparences ont bien d'autres dimensions, comme le plaisir esthétique ou même le plaisir des sens qu'elles peuvent occasionner. C.

Les apparences sont innocentes : leur dénonciation repose en fait sur le rejet général du sensible, inséparable de la sensualité et du plaisir, au profit de la connaissance intellectuelle, au moyen de laquelle les choses telles qu'elles sont en soi sont susceptibles d'être connues. Pourtant, il y a peut-être une dimension importante qui associe apparence et connaissance.

Mais il ne s'agit plus alors de dénoncer leur caractère trompeur. 3.

L'apparence, seule source de connaissance du monde réel pour un être fini. A.

L'homme est un être fini : alors qu'un être infini par définition créerait et connaîtrait les choses d'un seul et même mouvement, l'homme ne peut connaître les choses que lorsqu'il les rencontre.

Autrement dit, l'homme ne crée pas les choses, mais elles doivent lui apparaître. B.

L'apparence ne s'oppose donc pas nécessairement aux choses telles qu'elles sont en soi : l'apparence désigne plutôt, plus profondément, la manière dont le réel apparaît à un être fini comme l'être humain.

Nous savons que le bâton apparemment brisé quand il est plongé dans l'eau est en réalité droit, parce qu'il nous apparaît tel avant d'être plongé : autrement dit, il ne faut pas opposer les apparences aux choses réelles, mais certaines apparences à d'autres.

L'homme ne peut échapper à l'apparence.. »

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