L'enfer, c'est les autres ?
Extrait du document
«
Il s'agit ici d'une citation de J.
P.
Sartre, plus précisément de la réplique de fin de la pièce le Huis-clos.
Votre premier
travail doit alors consister à expliquer le sens de cette formule afin de parvenir à énoncer un problème précis.
La
formule semble radicale ici.
Dire l'enfer c'est les autres c'est commencer par souligner qu'il ne peut pas y avoir pire
que les autres.
En effet, l'enfer est, dans la religion chrétienne, ce lieu destiné au supplice des damnés.
Par
extension, ce terme qualifie une chose excessivement déplaisante, pénible.
Ainsi, dire que l'enfer c'est les autres,
c'est souligner que la vie avec les autres conduit à la discorde, la confusion voire même le supplice.
Il s'agit donc de
se demander ce qu'il peut y avoir d'infernal dans la présence des autres ? Faut-il considérer que les autres sont, par
définition mauvais ? Un tel jugement consiste-t-il à dénoncer la méchanceté humaine ? Pour Sartre, il ne s'agit pas
de dénoncer la méchanceté des autres ou notre difficulté à vivre parmi eux, c'est la présence d'autrui (c'est-à-dire
essentiellement le regard qu'il porte sur moi) qui est infernale : autrui me regarde et surtout il me juge, ce qui
représente un risque permanent d'aliénation (fait d'être rendu étranger à soi-même).
Montrez ainsi que puisque par
définition le jugement d'autrui m'échappe, je n'ai pas de prise sur ce que je suis pour lui, le jugement des autres
tend à m'imposer un sens, à m'imposer une image de moi que peut-être je ne suis pas.
Demandez- vous alors si cet
enfer est éternel ou si au contraire on peut espérer en sortir, autrui n'est-il pas aussi en un autre sens un paradis ?
En effet, vous pouvez vous demander si le bonheur n'est pas impossible sans l'autre ?
[Explication de la citation de SARTRE]
1.
« L'enfer c'est les autres »
Cette célèbre formule de Huis clos est présentée de façon plus
théorique dans L'Être et le Néant.
Les autres existent autour de moi et
viennent remettre en cause la liberté de ma conscience.
Et si autrui est
un objet pour moi, je suis moi-même un objet pour autrui : autrui me
chosifie par son regard, il me « vole le monde », ce monde dont je
croyais être jusqu'à présent le centre.
Le conflit est ainsi le mode
premier du rapport à autrui, mais également l'essence des relations
entre les consciences : dans l'amour, par exemple, une conscience
demande à l'autre sa liberté.
2.
La remise en question du sens
Cependant, la notion de groupe permet de penser des formes d'actions
collectives dans l'histoire.
Sartre oppose l'unité apparente de la « série
» (une file d'attente, par exemple, qui rassemble des individus qui sont
tous là pour des besoins différents) à celle du groupe, unité réelle
d'individus participant à une action commune.
Cette nouvelle relation à
autrui permet de comprendre l'histoire comme action de la liberté
humaine.
Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est
celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.
Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être
essentiel, je dépends d'autrui.
Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être
pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » :
« L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.
Je suis, dit-il, un être pour soi
qui n'est pour soi que par un autre.
»
Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences,
c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.
» Il reste donc à passer au niveau de
l'existence effective et concrète d'autrui.
Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du
maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir,
sexualité, caresse.
L'autre différence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble
y voir le fondement constitutif de la relation à autrui.
On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les
autres ».
Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».
Parodiant la
sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de
l'autre ».
Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans
même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma
chute originelle, c'est l'existence de l'autre...
».
»
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