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l'écriture a-t-elle une fonction politique ?

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« Analyse. L'écriture est une technique, qui consiste à fixer des signes sur un support matériel en leur donnant des formes graphiques qui les rendent visibles (encyclopédie de la philosophie).

L'écriture à donc la même fonction que la parole, avec en plus la capacité de transmettre les signes dans l'espace mais aussi dans le temps. L'écriture fait naitre l'histoire.

Elle est en lien continue avec elle.

La prise en considération des événements de l'humanité coïncide toujours avec l'écriture : Découverte de l'écriture : début de l'histoire ; Découverte de l'imprimerie : fin du moyen âge ; A insi, l'écriture à-t-elle une fonction d'édiction.

Les lois en sont le meilleur exemple : par l'écriture, on peut fixer pour ses contemporains ainsi que pour les générations à venir les mêmes lois et directives. Pourtant, la philosophie porte souvent un regard soupçonneux envers l'écriture.

Platon en est un des meilleurs exemples, suivis par A ristote.

Tout deux voient en l'écriture un dédoublement du signe.

La parole est directement liée à la pensée, alors que l'écriture, non.

De plus, cette dernière est accusée de figer une pensée, alors que le propre de celle-ci est d'évoluer. On comprend alors pourquoi il est utile de se demander si l'écriture peut avoir une fonction politique.

Le politique vit avec les hommes et évolue donc avec eux.

Le regard que l'on peut porter sur le Code civil, édicté à l'époque napoléonienne est caractéristique de ce problème : il pose à la fois des règles, que chacun peut suivre, mais qui s'avèrent assez rapidement hors contexte.

Tant qu'elles ne sont pas révisées, ces règles deviennent alors des contraintes inutiles, comme imposées par des hommes d'un autre temps. Nous retiendrons, pour le sujet présent, que l'écriture est une matérialisation de la pensée des hommes, et que ce statut fait d'elle un outil à double tranchant : d'une part, elle permet de faire connaitre une pensée, sans pour autant d'autre part en donner tout le sens. Problématisation. L'écriture est liée à l'histoire de l'homme.

Pour autant, elle n'a pas un statut d'absolue vérité.

On lui reproche souvent de na pas représenter clairement les idées des hommes, de ne pas être exactement conforme à la pensée.

En termes politiques, cette ambiguïté est d'autant plus flagrante que l'on imagine mal un fondement de société sans le recours à l'écriture.

C omment s'inscrit alors l'écriture dans la politique ? Est-ce tout d'abord une erreur de penser qu'elle puisse aider à la connaissance ? Selon ce que l'on en déduira, peut-on imaginer que l'écriture ait une fonction précise dans le politique ? Proposition de plan. 1. L'écriture permet-elle de connaître ? · L'écriture permet de connaître une pensée, mais cette connaissance est partielle.

En effet, ce qui est écrit est fixé, ne peut être débattu, interrogé. « C elui qui se figure que, dans des caractères d'écriture, il aura laissé après lui une connaissance, et celui qui, à son tour, la recueille avec l'idée que des caractères d'écriture produirons du certain et du solide, s a n s doute ont-ils largement, ces gens là, leur compte de naïveté.

» Platon, Phèdre. · · · 2. Sur ce point, Platon est très clair : penser que l'on peut connaître par l'écriture est absolument naïf.

L'écriture n'est pour lui d'aucune utilité dans la connaissance. · Plus encore, il faut se méfier de l'écriture, qui ne donne pas la pensée, mais au contraire fige, mortifie le sens même de la pensée. · De même, A ristote postule dans l'écriture un dédoublement du signe de la pensée : celle-ci est signifiée directement par la parole ; l'écriture signifie alors non la pensée mais la parole. · O n distingue ici une distance entre la pensée et l'écriture, qui semble nous rendre alors celle-ci totalement inacceptable pour poser une pensée. · En termes politique, cela peut se traduire par une incapacité de l'écriture à rendre compte de la volonté des peuples et des souverains. · A insi, la loi est-elle sous le coup du risque de l'écriture.

Écrite, elle ne permet pas de rapporter à l'ensemble du monde, mais uniquement à une partie.

La loi positive, qu'A ristote décrit, est un ensemble de normes non écrites, universellement valables. Toute l'ambiguïté de l'écriture est là : alors que parce que ‘on écrit, on donne la possibilité à un grand nombre de personnes dans l'espace et dans le temps, d'avoir accès à sa pensée, on fige en même temps cette pensée.

La portée universelle de l'écriture s'en trouve réduite à un manque de signification. Une loi écrite n'aura donc jamais la portée universelle de la loi positive, non écrite.

A lors, dans ce cas, peut-on encore voir dans l'écriture une fonction politique ? Comment l'écriture peut-elle avoir une fonction politique ? · · · · · · · · · On imagine assez mal une vie politique sans textes fondateurs.

La constitution des états est toujours écrite aujourd'hui.

Les lois civiles sont elles aussi couchées par écrit. En France, une loi doit être publiée pour être appliquée ; on considère que cette publication est une assurance de la connaissance de son existence.

C ette principauté de l'écriture pour faire connaître dans l'acte politique est une mise en valeur évidente de l'écriture. Hobbes, dans le Léviathan pose d'ailleurs cette condition au respect de la loi : il cite l'évolution des tribus en société civiles par l'accès à l'écriture ; toutes les coutumes orales prennent, lors du passage à l'écriture une force de loi. Si l'écriture doit être regardée avec circonspection, dans son rapport à la pensée, il n'empêche pour autant qu'elle seule permet de faire connaître durablement et sûrement la loi. Mais, il y a aussi une autre possibilité dans la fonction de l'écriture.

C 'est Léo Strauss qui nous la propose. Selon lui, il existe un art d'écrire.

C et art permet à son auteur, en résumé très succinct, de faire passer une idée, ou une opinion que seuls certains lecteurs pourront déchiffrer. C et art, rapporté au domaine politique, permet donc la dissidence, en cas de censure, et autorise les pensées des auteurs à passer les barrages imposés par des états tyranniques. Nous pouvons donc voir que si l'écriture ne peut avoir la force universelle que l'on espère en elle, elle jouie tout de même d'un stat fonctionnel dans le fait politique. D'un coté, elle pose les fondations de l'état et permet donc l'application de la volonté du souverain ; d'un autre coté, elle permet d'échapper à la tyrannie, et donc de permettre à l'homme de se libérer d'un joug. Conclusion. La politique ne peut être fonctionnelle que par le biais de l'écriture.

Une société ne peut en effet être organisée que sur des fondations solides et fixées.

L'écriture à donc une fonction fondatrice de l'état.

C ependant, nous avons aussi vu qu'elle pouvait, selon Strauss, jouer le rôle de la dissidence face à une trop forte tyrannie.

L'écriture est une ambiguïté en soi.

Elle est la base du fonctionnement politique, mais est en même temps ce qui fige toute pensée.

Le jeu du politique consistera peut-être alors à réactualiser c e qui est écrit, seul moyen en somme d'utiliser l'écriture comme outil fonctionnel du politique.. »

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