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Le travail peut-il être aimé pour lui même?

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« Discussion : La première chose que l'on peut constater dès que l'on parle du travail, c'est l'effort ou la souffrance qu'il implique.

C eci est tellement vrai que dans toute l'A ntiquité le travail manuel était réservé aux esclaves y compris le travail créateur tel que la sculpture.

Les Grecs comme les Romains connaissaient deux catégories de citoyens ceux qui avaient du temps libre ou du loisir « l'otium » et ceux qui n'en avaient pas « negotium ».

La radicalité de cette distinction était telle que C icéron a inventé le mot « intellectuel » (intellectus) pour indiquer ceux qui ont l'habitude de considérer les choses par la voie spirituelle. L'intellectuel est celui qui fait travailler son esprit à la différence de tous ceux qui font travailler leurs bras.

Dès lors, poser la question de savoir si le travail, c'est-à-dire si l'effort, peut être agréable en lui-même demeure une vraie question. Suggestion de plan : Première partie : l'effort dans le travail Une des maximes importantes de la Bible consiste à dire « tu gagneras ton pain par la sueur de ton front », ce qui signifie que l'homme était condamné à peiner pour tirer sa subsistance de la terre.

Dès lors l'image de l'individu attaché à la terre, au sol, demeure pour notre culture une figure repoussante.

A insi le travail est considéré comme un châtiment dont il faut nécessairement se prémunir, ce n'est donc pas par hasard qu'à cette époque historique on faisait largement usage de l'esclavage.

L'utilisation de l'homme comme machine apparaît comme étant le moyen le plus simple de résoudre la nécessité de l'effort. Rappelons qu'A ristote définissait l'esclave comme étant « un outil animé ».

C ette phrase montre bien que le fait d'utiliser ses forces physiques n'est pas propre à l'homme libre, au citoyen bien né. Deuxième partie : le travail transformé et transformant Historiquement, il a fallu attendre la fin de l'A ntiquité pour qu'advienne une revalorisation de la notion de travail.

Les historiens assignent cette nouvelle manière d'envisager le travail à partir de l'émergence historique d'une nouvelle classe de marchands, de commerçants, d'habitants des bourgs appelés bourgeois qui peu à peu imposèrent à travers le temps leur nouvelle manière de considérer le rapport de l'homme à son labeur.

Un élément médiateur de cette nouvelle relation c'est l'émergence de l'argent, ainsi travailler devenait un acte important, décisif, parce qu'il permettait de gagner de l'argent voire de capitaliser, de s'enrichir. Dès lors que l'homme moderne s'éloigne davantage de la terre par la production de machines, d'outils, de techniques par la construction de fabriques de manufactures, la notion de travail acquiert de nouvelles significations.

Il est désormais considéré comme un pouvoir de transformer le rapport de l'homme à la nature et la conséquence de cette transformation est évidemment l'enrichissement.

Il n'est pas exagéré de dire que la montée en puissance de la bourgeoisie des marchands et des commerçants altère profondément les anciennes divisions et les anciennes valeurs qui ont existé jusqu'à présent. L'image qu'il faut garder à l'esprit ce n'est pas l'homme penché sur sa terre mais plutôt l'individu armé d'outils.

De là on comprend le sens de ce que nous allons définir maintenant c'est-à-dire le travail en tant que capacité transformative, le travail en tant que création. Troisième partie : le travail créateur. En vue de bien saisir la double dimension du travail, il convient de montrer que l'effort n'est pas uniquement musculaire, que le travail ne réside pas uniquement dans la mise en œuvre de forces physiques.

Car nous savons au moins depuis Kant que penser est un métier, c'est-à-dire nécessite un certain effort spirituel et constitue donc un acte laborieux.

O n peut remonter à P laton en vue de montrer comment dans sa division du savoir -entre le savoir théorique, pratique et poétique- l'acte créatif entendu comme activité spirituelle est déterminant.

C ar par savoir pratique il entendait l'action soit en politique soit dans la justice.

Il entendait par savoir théorique l'étude, notamment l'astronomie, la géométrie ; le savoir poétique est précisément celui par lequel apparaît l'acte créateur.

L'activité poétique est celle laquelle se fait quelque chose de nouveau, c'est le cas de l'artiste. Par ailleurs, une part importante de la réflexion de Marx porte précisément sur ce qu'il appelle le travail aliéné c'est-à-dire celui par lequel le travailleur se trouve dépossédé des fruits de son travail et davantage encore celui par lequel l'effort qu'il fournit au lieu d'enrichir sa personnalité au contraire le détruit .

« En quoi consiste l'aliénation du travail? D'abord dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'il n'appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s'affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l'aise, mais malheureux, ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit.

» M arx, Manuscrits de 1844. C hez Marx, il y a une place centrale pour un certain type d'activité pratiques : l'homme s'épanouit quand il trouve un plaisir à accomplir certaines tâches matérielles grâce auxquelles il soumet les forces naturelles.

Dans cette vue, ce n'est pas seulement le travail intellectuel qui est source de plaisir et satisfaction, il appartient aussi, dans la sphère pratique et matérielle, de découvrir comment l'homme éprouve du bonheur en se dépassant lui-même grâce à son effort physique. C ar toute création d'objet, toute production de machine porte la trace de l'esprit humain, de l'effort accompli par l'ensemble des travailleurs et montre ainsi leur courage moral et leur force psychologique. Conclusion : L'amour du travail n'est pas facile dans une société où la finalité du travail est de gagner sa vie, voire de la gagner le mieux possible.

C e qui veut dire que ce n'est pas ce que l'on fait qui prime dans l'acte quotidien qui exige l'effort, la souffrance, mais au contraire l'effet matériel lié à la notion de subsistance.

C 'est pour cela que selon les sociologues du travail l'individu face au travail s'ennuie, a l'impression de perdre son temps d'où les maladies psychologiques telles que neurasthénie, mélancolie, dépression, toute forme d'atteinte psychologique de lésions nerveuses qu'entraîne la relation au monde du travail.. »

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