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Le travail figure-t-il au nombre des droits de l'homme ?

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« Le terme « travail » désigne toute activité exercée en vue d'obtenir un résultat utile, c'est-à-dire servant valablement de moyen à la réalisation d'une fin.

Plus spécifiquement, il est l'ensemble des activités accomplies par l'homme pour produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré. Les droits de l'homme sont des droits individuels, fixés dans une perspective universaliste (ils sont valables pour tout homme, en tous lieux et en tous temps) et regroupent tous les droits que l'Etat concède à l'individu contre lui.

Ces droits sont en effets octroyés par l'Etat aux individus afin de leur garantir un champ d'action qu'il pourrait autrement leur refuser.

Parmi ces droits, nous pouvons nommer la propriété, le droit à la vie, à la dignité et à la liberté. Se demander si le travail doit figurer au nombre des droits de l'homme revient donc à demander si l'Etat doit garantir aux individus un droit au travail, de sorte que ces derniers soient en mesure de se retourner juridiquement contre lui au cas où ils en seraient privés. C'est également se demander si le travail fait partie des droits fondamentaux que l'Etat doit garantir à la personne, au même titre que la liberté. Nous nous demanderons donc si le droit au travail peut figurer au nombre des droits de l'homme, alors même que le problème de la mise en pratique d'un tel droit parait insurmontable ; ou si ce n'est pas au pragmatisme politique de céder à la nécessité d'une telle inscription du droit au travail parmi les autres droits « inaliénables et sacrés » de l'être humain. I. « Le travail doit figurer au nombre des droits de l'homme » : une prescription évidente ? a. Le travail, condition des droits de l'homme ? A première vue, il paraît d'autant moins douteux que le travail doive figurer au nombre des droits de l'homme qu'il semble la condition de la plupart d'entre eux.

Marx montre bien dans l'Idéologie allemande que l'économie est la structure sur laquelle s'édifient toutes les autres (intellectuelles, morales, religieuses…).

De même, le travail, en tant que moyen de perpétuation de la vie, semble la condition de la propriété, de la dignité et de la liberté des hommes. b. Le droit au travail et le droit au bonheur De tous les droits de l'homme, le droit au bonheur est certainement l'un de ceux qui est le mieux présupposé par le travail.

En effet, non seulement le travail peut être considéré comme une condition du bonheur (il permet de subvenir aux besoins premiers, sans quoi l'homme ne saurait être heureux) mais il peut même équivaloir au bonheur.

En effet, par le travail, l'individu acquiert le sentiment de son utilité sociale, de son utilité au sein des relations d'interdépendance qui caractérisent les sociétés modernes (celles-ci sont le règne de la spécialisation, et comme le précise Emile Durkheim dans son ouvrage intitulé « De la division du travail social » (1893), le temps des « hommes universels » capables de maîtriser touts les champs du savoir –comme Pic de la Mirandole à la Renaissance- est bel et bien révolu).

Mais le travail est également un moyen de réaliser les potentialités de l'individu, qui par la confrontation avec une matière (que ce soit la volonté d'autrui, des chiffres, ou des matériaux bruts) apprend à reconnaître ce dont il est capable, à accroître ses propres capacités.

A la question « Le travail doit-il compter au nombre des droits de l'homme ? » nous répondrons oui : car il les conditionne ; car il équivaut à certains d'entre eux. II. « Le travail doit figurer au nombre des droits de l'homme » : une prescription irréalisable ? a. Un droit inapplicable ? Mais le problème d'une telle affirmation est sa mise en application pratique : le travail ne peut être un droit de l'homme, car il ne peut être garanti à tous.

Il existe en effet une part de chômage structurel, lié à la fluctuation des besoins des entreprises en main d'œuvre qualifiée, qui est impossible à éviter.

Le travail ne peut donc être un droit de l'homme, car il ne peut être garanti par l'Etat à chacun. b. C ontre l'éloge du travail De plus, l'inscription du travail au nombre des droits de l'homme présuppose qu'il soit une valeur.

Cependant, rien n'est moins sûr.

En effet, « travail » vient du latin tripalium, qui désigne d'abord un appareil formé de trois pieux servant à maintenir les chevaux difficiles pour les ferrer, puis un instrument de torture.

C eci nous amène donc à considérer le travail comme une activité intrinsèquement et nécessairement pénible, qui ne saurait contribuer au bonheur de personne – à moins qu'il ne prive de bonheur tous ceux qui travaillent. Le travail n'étant pas une valeur absolue, il ne saurait être un droit pour l'homme. III.

« Le travail doit figurer au nombre des droits de l'homme » : une prescription invitant à une réorganisation de la politique a. C hanger l'ordre du monde plutôt que l'idéal d'un droit au travail Malgré les deux critiques précédentes, il n'en reste pas moins que le travail est indispensable à la vie, et que sans lui, l'individu ne saurait s'épanouir ni intellectuellement ni moralement.

Nous pouvons donc nous demander si à l'argument que l'inscription du travail au nombre des droits de l'homme est impossible, car irréalisable pratiquement, il n'est pas possible de répondre que c'est à l'Etat à faire en sorte qu'il le soit.

Ce serait donc aux conditions politiques de créer la possibilité d'un droit au travail offert à tous, et non à l'idéal d'un droit au travail à céder devant la réalité d'une impossibilité actuelle. b. Droit au travail et efficience pratique Enfin, nous pouvons dire que l'inscription d'un droit à la liste des droits de l'homme ne signifie pas forcément que cet acte aura une efficience pratique.

Les révolutionnaires de 1789 ont bien fait du bonheur un droit de l'homme, sans qu'aucune mesure pratique ne se soit donné pour but direct de faire le bonheur de l'humanité.

Un droit de l'homme est plus une direction idéale, un droit reconnu comme fondamental et que l'Etat s'engage à réaliser autant que possible, qu'un droit dont le citoyen peut exiger la réalisation.

Le travail doit donc figurer au nombre des droits de l'homme, plutôt idéalement qu'avec une intention d'efficience pratique immédiate. Conclusion : Le travail doit figurer au nombre des droits de l'homme car il les conditionne pour la plupart et équivaut à certains d'entre eux.

Certes, il n'est pas une valeur absolue, et l'application d'un tel droit est éminemment problématique.

Mais le caractère fondamental du droit au travail invite à le placer au nombre des idéaux que l'action de l'Etat doit s'efforcer de réaliser.. »

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