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Le travail est-il une fatalité?

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« 1) Le travail comme fatalité aliénante a) L'inhumanité du travail serait le contraire de l'humanité du droit. Le travail serait la marque d'un homme inachevé, « raté » par une nature oublieuse de ses devoirs.

Le travail pourrait être compris comme l'expression d'un nondroit, comme si la nature avait refusé à l'homme le droit de vivre. Ainsi, l'homme doit mériter, gagner sa vie qui justement ne lui serait pas due. b) Ainsi l'homme n'a pas le choix, il doit travailler. Le travail prend donc le sens d'une contrainte qu'on ne peut refuser, donc du coup il n'y a plus de sens à revendiquer un droit au travail.

Autant le droit est l'expression d'une exigence par rapport à ce qui ne nous est pas toujours donné, autant le travail est l'expression d'une nécessité imposée, fardeau à porter par un homme mal loti. c) C'est le droit de ne pas travailler qui pourrait être compris comme digne.

Ainsi le maître impose à l'esclave de travailler pour lui en échange de la vie sauve (Hegel).

De même, il se consacre à des tâches plus nobles pour faire valoir sa dimension spirituelle : le loisir intellectuel et la citoyenneté.

Le travail ici est la marque de l'indignité et du sous-homme. d) Les analyses de Marx concernant la généralisation des échanges dans la société capitaliste, et l'emprise croissante des catégories marchandes sur la vie sociale, ont mis en évidence les mécanismes fondamentaux qui font que « les rapports entre les choses » tendent de plus en plus à régler, à dominer « les rapports entre les hommes ». Ce phénomène, que Marx? analyse dans un passage célèbre intitulé « le caractère fétiche de la marchandise » (Le Capital, livre l) tient au fait que la production et l'échange, réglés par les finalités du profit capitaliste et non par la satisfaction harmonieuse des besoins fondamentaux de la société, sont perçus comme un monde étranger, extérieur à chaque travailleur, et exerçant sur lui une contrainte dont il ne peut comprendre la signification qu'en élucidant les conditions de son exploitation, c'est-à-dire les rapports sociaux de production qui régissent toute l'activité sociale. Mais le plus souvent, le monde des apparences, renforcé par le langage et les conditionnements idéologiques, occulte totalement le fonctionnement réel de l'exploitation capitaliste.

Le capital et l'argent semblent doués d'une vie propre, autonome.

L'argent « fait des petits » (il peut même « travailler ») tandis que le réinvestissement des profits vient grossir le capital qui, ainsi, semble s'accroître de lui-même.

Avec le salaire aux pièces ou au temps passé, le travailleur peut même avoir l'illusion que l'intégralité du travail fourni est rétribuée, puisqu'il touche une somme « proportionnelle » à la tâche ou au temps passé.

Le discours des économistes qui gèrent le système, des technocrates et des comptables, vient renforcer cette illusion et la systématiser.

Pourtant, un examen un peu attentif et idéologiquement honnête de -la sphère des échanges et de celle de la production doit conduire à une constatation, que l'on peut résumer schématiquement ainsi : si, dans la sphère des échanges, et au terme d'un processus de production déterminé, apparaît du « profit » (c'est-à-dire une somme d'argent excédentaire par rapport à la somme initialement investie), c'est bien que de nouvelles valeurs ont été produites, et qu'elles n'ont pas reçu, dans l'acte d'achat de la force de travail, une contrepartie en argent.

Comme le note Marx, si le détenteur des capitaux et des moyens de production payait à sa valeur la totalité du travail fourni, il ne pourrait réaliser de profit : celui-ci, travesti en « bénéfice », n'est pas autre chose que la forme prise par la plus-value, c'est-à-dire la différence entre la valeur de la force de travail achetée pour un temps déterminé et la valeur des produits effectivement fabriqués pendant ce temps.

Mais le « contrat de travail » et toutes ses stipulations juridiques occultent un tel mécanisme et suscitent de surcroît l'illusion que le patron et l'ouvrier contractent librement et définissent en commun les conditions de l'embauche, alors que les conditions d'existence de chacun, la distribution des richesses, l'état du marché du travail, etc., rendent totalement illusoire et mystifiante cette « égalité juridique ».

Pour être saisie dans sa signification réelle, la forme apparente de l'échange doit être référée aux conditions concrètes dans lesquelles se trouvent effectivement les hommes et les classes sociales auxquelles ils appartiennent. Transition : Ainsi le travail ne serait pas un droit, au point qu'il y aurait plutôt un droit au non-travail.

Cependant, en même temps qu'il transforme péniblement la nature pour survivre, l'homme ne se transforme-t-il pas lui-même ? Dans ce cas, ne faudrait-il pas travailler pour se faire homme. 2) Le travail comme droit a) Droit et devoir - parce que je dois, il faut que je puisse. Il est impossible de concevoir un devoir que je ne puisse accomplir.

En même temps, je ne peux concevoir un devoir que je ne puisse que remplir : ce serait confondre devoir et nécessité.

Ainsi, manger est une nécessité, non un devoir.

C'est donc bien le droit - au sens de liberté - qui est au fondement du devoir.

- Le droit au travail, c'est la libre décision de travailler ou non à mon humanité et d'en être ainsi entièrement responsable.

Notons qu'il y a toutes sortes de travaux humains possibles, dont par exemple ce qu'on appelle le « travail à la maison » pour les femmes qui « ne travaillent pas » ! b) Conditions d'exercice de ce droit - un travail libéré de l'aliénation. Mais ce travail auquel je dois pouvoir prétendre doit être libéré des aliénations qui le menacent : pour Marx, le « vrai. »

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