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Le retour a la barbarie est-il toujours possible ?

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« Discussion : L'implicite du sujet tient à l'emploi du mot « retour », cela sous-entend que la barbarie a disparu, mais en même temps qu'elle a existé.

La difficulté va donc consister à la fois à se demander ce que l'on attend que ce mot recouvre, et à interroger l'histoire présente pour savoir si vraiment l'idée comme la pratique s'en sont allées. Suggestion de plan : Première partie : Une notion relative Comme la citation de Montaigne le signifie avec sobriété : "Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage." Montaigne, Essais.

Le mot, dans son acception originelle a été inventé par les Grecs pour désigner ceux qui n'étaient pas Grecs.

Le barbare est donc d'abord et avant tout l'Autre, celui que l'on ne connaît pas, dont on juge les différences négatives et contre lequel on se protège, ou bien souvent qu'on attaque. Les ethnologues contemporains ont largement enquêté sur cette notion corroborant cette idée que dans le barbare il y a ce que nous ne voulons pas voir en nous, sorte de projection de nos refoulements et de nos tabous : « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.

» Lévi-Strauss, Race et Histoire. Toute la difficulté consiste évidemment dans l'établissement d'un système de valeurs, d'une hiérarchie qui fait juger dignes ou raisonnables tels ou tels actes.

L'arrière-plan de tout jugement c'est qu'il est réversible : A propos des cannibales : « Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie.

» Montaigne, Essais.

Montaigne invite donc à considérer nos propres actes comme marqués par une incontestable barbarie. Deuxième partie : Y a-t-il une universalité de la barbarie ? La question est de savoir si l'on peut procéder dans l'histoire à une sorte d ‘évaluation incontestée d'actes perpétrés contre des hommes et que tous les hommes estimeraient définitivement comme inacceptables.

La réponse la plus communément admise est celle des camps et de la shoah.

« La vraie barbarie, c'est Dachau ; la vraie civilisation, c'est d'abord la part de l'homme que les camps ont voulu détruire.

» André Malraux, Antimémoires. D'une façon générale on dénonce comme origine de la barbarie la croyance dans une idéologie pensée comme l'emportant sur tout autre et devant être imposée par la force. « Il n'y a qu'un pas du fanatisme à la barbarie.

»Diderot, Essai sur le mérite et la vertu. Troisième partie : Retour ou permanence ? L'espèce de bonne conscience dans laquelle les hommes souhaitent se maintenir est liée à l'idée de progrès.

Si l'humanité part des ténèbres, elle s'achemine nécessairement vers le meilleur.

Le barbare n'est donc pas forcément l'autre, celui qui vit loin, dans des sociétés que nous ne comprenons pas, mais il peut signifier celui que l'on a été dans un passé qu'on assume mal ou que l'on pense révolu.

"La question du sort de l'espèce humaine me semble se poser ainsi : le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ?" Freud, Malaise dans la civilisation, 1929. Pourtant, cette idée de progrès semble constamment contredite par les exemples que fournissent les différents peuples se livrant à des exterminations sauvages, des violences sans relâche. Les appels à la raison, à la modération, à la non-violence même s'ils sont fondés trouvent toujours en face des résistances qui les rendent vains.

« Un acte de justice et de douceur a souvent plus de pouvoir sur le coeur des hommes que la violence et la barbarie.

» Le Prince, Machiavel Nicolas. Conclusion : Kant dit de la métaphysique : "Elle est plus ancienne que toutes les autres sciences, et elle subsisterait quand bien même toutes les autres ensemble seraient englouties dans le gouffre d'une barbarie dévastatrice.

On peut bien en couper les pousses mais non en arracher les racines." Kant, Critique de la raison pure.

Cette dernière pensée plaide en faveur de l'universalité de la raison, et donc laisse imaginer qu'elle prévaut ou du moins se maintient en dépit de toutes les offenses qui lui sont faites.. »

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