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Le respect n'est-il dû qu'à la personne ?

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« [Introduction] Dans le langage courant, le terme « respect » semble pouvoir être utilisé à propos de situations très différentes : on doit respecter les biens et les personnes, mais aussi le drapeau national, les institutions, le gradé dans l'armée, etc. Faut-il alors admettre que la notion est suffisamment vaste ou diffuse pour s'appliquer en effet à n'importe quoi (on peut demander à un enfant de respecter ses jouets, c'est-à-dire de ne pas les abîmer) ou doit-on au contraire réserver, pour peu qu'on lui donne une signification forte, le terme à la seule personne — ce qu'on respecte en dehors d'elle apparaissant comme moins doté de sens ? [I - Aspects diversifiés du respect] L'individu est quotidiennement invité à respecter la tranquillité de son voisin aussi bien que le drapeau qui flotte au fronton de sa mairie ou que la propreté des pelouses...

Sans oublier le respect qu'il doit, affirme-t-on, à la personne humaine (même si ce dernier se trouve ordinairement bafoué dès qu'éclate un conflit entre communautés). Peut-on déceler quelques éléments communs à de telles variantes du respect, ou admettra-t-on simplement que ce terme est un fourre-tout qui ne désigne rien de spécifique, en particulier aucune valeur, et qui permet simplement de faire allusion à diverses contraintes de la vie sociale ? Il semble possible de regrouper les formes du respect en deux grandes rubriques : — d'une part, c'est l'attitude à avoir à l'égard des personnes en général, quel que soit leur âge, leur origine, leur condition sociale, etc. — de l'autre, c'est l'attitude prônée à l'égard de choses, d'institutions, ou de symboles. [II — Obligation légale et obligation morale] Ces deux rubriques ne font pas appel à une seule catégorie d'obligation.

Le respect de ce qui peut se distinguer des personnes (même si cela peut leur être rattaché plus ou moins directement) correspond à une obligation d'origine plutôt juridique, légale, ou qui du moins participe de l'organisation de la société.

Au contraire, si je ne respecte pas une personne, ce n'est pas une loi juridique que je transgresse, c'est plutôt une injonction morale. On peut de plus remarquer que ce qui, en dehors de la personne, appelle le respect, renvoie toujours plus ou moins directement à l'homme lui-même.

On doit ainsi respecter les biens d'autrui parce que, d'une certaine façon (et même si on peut comme le faisait Rousseau en déplorer les excès, qui aboutissent à une confusion entre l'être et l'avoir ou l'apparence), autrui se définit aussi par ses biens.

On doit respecter le drapeau national parce qu'il symbolise l'existence d'un pays qui rassemble bien des hommes.

Si le respect est dû aux institutions, c'est aussi parce qu'en leur absence, la vie collective s'effondrerait, et parce qu'elles témoignent de la volonté commune de vivre ensemble. Même le respect que l'on doit, selon certains, à la vie en général ou à l'animal, trouve son sens relativement à l'existence humaine : détruire la vie ou les espèces autres que la nôtre, ce serait détruire l'équilibre général qui garantit la survie de l'homme lui-même. Par contre, le respect dû à la personne n'est pas d'origine seulement légale (même si une loi peut parfois venir en renforcer l'exigence) ; il désigne bien plutôt une exigence d'ordre éthique, antérieure même à toute justification qui se fonderait sur la réciprocité (si je veux qu'on me respecte, je dois respecter autrui), et me sommant de respecter la personne en tant que telle, indépendamment de ses rôles et appartenances possibles à quelque groupe que ce soit, ou de ses relations avec les choses.. »

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