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Le passé a-t-il disparu ?

Extrait du document

« A.

Sens des termes — Passé : de "passare", passer ; temps écoulé, envisagé dans son irréversibilité.

Notion corrélative du présent et de l'avenir. — Disparu - Disparaître : cesser d'être, d'exister ; se perdre, être détruit, anéanti. B.

Sens du sujet Le temps, qui s'est enfui et écoulé dans son irréversibilité, s'est-il anéanti ? C.

Problème Ce sujet pose le problème du Sens de mon existence dans le monde.

Suis-je voué au Non-être et à l'Absurde? Le plan sera, par conséquent, du type progressif, en allant du passé disparu au passé sauvé. D.

Plan 1.

Le passé oublié.

La disparition pure et simple du passé ; le temps passé est irréversible et semble donc avoir disparu. a.

Le temps, changement perpétuel transformant notre présent en passé.

Irrationalité de ce changement. Comment le temps pourrait-il se présenter comme notre allié ? En transformant perpétuellement notre présent en passé, il nous renvoie à une étrange privation d'être, constitutive de notre existence.

En effet, notre passé est formé de non-être.

Ce qui fut pour nous joie, bonheur, densité et plénitude de l'existence concrète, qualité et pureté de l'instant, n'est promis, à travers la malédiction du temps, qu'à la décevante corruption, à un étrange nonêtre où l'homme, étonné et angoissé, se retrouve dépossédé de son être même et de sa vie. Le temps est privation d'être, comme l'affirmait déjà Aristote dans la Physique. Ainsi y a-t-il, dans le temps, un mystère, lequel réside en ce manque d'être qui le caractérise.

Le temps est une énigme où la pensée se perd et s'égare ! Le passé n'est plus, le présent fuit sans cesse, dans le passé.

L'avenir n'est pas encore : non, il n'y a rien de concret dans le temps ; tout, en lui, est fuite, évanescence, inexistence, étrange opacité ; le temps m'échappe dans sa substance même.

Qui nous dira le secret du Temps, ce secret où, parfois, nous croyons appréhender le Rien qui est notre substance même ? b.

Temps.

Irréversibilité.

Mort. Creusons davantage cette première idée : si le temps est mon ennemi, s'il me prive de ma substance, de mon être et de ma joie, c'est en raison de l'irréversibilité qui est sienne.

Alors que l'espace est réversible, puisque je vais de Paris à Nice, et de Nice à Paris, le temps, au contraire, est irréversible.

Il se manifeste à moi dans l'irréversibilité des changements.

Déjà Héraclite affirmait que ceux qui descendent dans le même fleuve se baignent en une eau toujours nouvelle.

Cette irréversibilité me signale que le temps est mon ennemi, qu'il travaille contre moi et défait mes oeuvres.

Le temps est la marque de mon impuissance existentielle.

« Temps, marque de mon impuissance. Étendue, de ma puissance », écrivait justement Lagneau. Autant nous pouvons agir sur l'espace, ou du moins dans l'espace (le parcourir dans tous les sens, manipuler les objets, etc.), autant nous sommes démunis vis-à-vis du temps: nous ne pouvons échapper à son écoulement continu, ni l'accélérer ni le retarder, encore moins l'arrêter ou revenir en arrière.

Le temps " nous emporte ", ainsi que tout ce qui nous entoure, nous arrache ce à quoi nous tenons, il est facteur d'usure, de vieillissement - et finalement nous amène à la mort.

Le temps ne nous serait pas débiter par un caissier mais par un bourreau.

De plus, bien que nous y soyons immergés (comme nous le sommes dans l'espace), nous ne savons pas ce qu'il est : il est immatériel et, par son écoulement même, nous ne pouvons pas le " saisir " comme un objet pour l'examiner.

Nous sommes sous l'emprise du temps sans avoir de prises sur lui.

Ainsi, l'espace marque notre " puissance " en tant que nous pouvons agir en lui et sur lui, tandis qu'à l'égard du temps nous sommes réduits à l' "impuissance ", à la passivité, nous ne pouvons que le subir, nous n'avons aucune prise sur lui.

Notre rapport au temps serait un rapport comme donjuanesque ou plutôt toujours déjà une aliénation (au sens propre du terme) donjuanesque.

Pour le "héros" de Molière: prise la proie est méprisée; de même, nous sommes méprisés du temps ("Oh! Temps suspends ton vol" supplie le poète) et sous sa prise, sous son emprise.

Mais, à la différence d'Elvire, nous n'avons pas le choix d'opter pour ou contre le temps comme (tout de même) on peut dire oui ou non à un amant trop pressant.

Le temps, ce tyran, ce Don Juan qui nous fera tous succomber. Mais il tend aussi à me nuire parce qu'il m'apporte la mort, parce qu'il véhicule la corruption temporelle.

Il fait pénétrer en moi le négatif et la dissolution : cette division qu'il introduit, au coeur même de mon vécu, m'annonce et symbolise ma mort à venir.

Oui, le temps est l'autre face de la mort.

En cet étrange mystère de la temporalité, je découvre ma finitude, mon existence-pour-la-mort, j'aperçois mes entreprises pénétrées tout entières par l'irrationnel, cette limite permanente à l'intelligibilité. Ici, néanmoins, il semble que nous puissions faire une pause, soulever une objection.

Le temps est-il toujours, comme temps vécu, une limite à l'intelligibilité et ne peut-on découvrir en lui des éléments plus intelligibles, de. »

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