Le moi peut-il se connaître?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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Il semble de prime abord évident que le moi puisse se connaître, car qui pourrait dire « moi » sinon celui
qui pense être lui-même ?
Cependant, celui qui dit « moi » sait-il vraiment ce qu'il dit ? N'a-t-on pas de nombreux exemples de
gens qui se trompent sur eux-mêmes ? Des gens qui croient se connaître et qui s'ignorent en réalité ?
Nous sommes ainsi obligés de prendre acte du fait que, de toute évidence, nous ressentons un moi en
nous-mêmes, mais que d'un autre côté, nous ne sommes jamais sûrs de parvenir à nous faire une idée claire
de ce qu'est ce moi.
Il nous faut donc essayer de trouver ce qui rend ce moi opaque, pourquoi n'est-il pas évident de se
connaître soi-même ?
Cette difficulté éclairée, il nous sera encore nécessaire de savoir si ce problème peut être surmonté, ou
bien s'il s'agit là d'un obstacle indépassable.
Enfin, cela peut nous amener à nous interroger sur la structure de ce moi : quel est donc cet objet
singulier qui est capable de connaissance mais qui en même temps est le plus incompétent sur le sujet qui le
touche de plus près, à savoir lui-même ?
Problématisation :
Si nous considérons que le moi ne peut pas se connaître, on ne peut rendre compte du sentiment que nous avons
d'avoir un moi, et dès lors, nous serions poussés à considérer que le terme de moi lui-même n'a pas de raison d'être.
Par ailleurs, si le moi pouvait se connaître, nous serions capable d'en donner une définition, or cet exercice semble
périlleux et voué à l'échec.
Comment rendre raison du fait que le moi est à la fois présent et voilé ? N'existe-t-il pas
de biais par lequel le moi pourrait faire retour sur lui-même et se découvrir réellement ?
Proposition de plan :
1.
Descartes et l'expérience du cogito.
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Un des découvertes les plus remarquables du
philosophe René Descartes consiste justement en celle du
cogito, par laquelle il pense être parvenu à une véritable
connaissance du moi.
On résume généralement ce cogito
par la formule latine « cogito ergo sum » qui signifie « je
pense donc je suis.
» Descartes en exprime l'idée en ces
termes : « cette proposition : Je suis, j'existe, est
nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou
que je la conçois en mon esprit.
» (Méditations
métaphysiques, deuxième méditation).
C'est en cherchant un fondement solide à la
connaissance que Descartes parvint au résultat du cogito.
En effet, devant le scepticisme triomphant, il chercha à
trouver une base solide sur laquelle asseoir la raison.
Il
cherchait en quelque sorte à répondre à la question : « Que
puis-je connaître ? »
Il choisit ainsi de mettre en place ce qu'il appela le
« doute hyperbolique ».
Cette opération a pour objectif de
permettre une connaissance sûre en chassant tous les
préjugés.
Pour la mettre en place, il faut accepter de
considérer provisoirement comme absolument fausses les
opinions qui ne sont que vraisemblables.
Ceci fait, Descartes découvrit que, alors qu'il doutait de tout, il subsistait cependant une
chose dont il ne pouvait pas douter : il ne pouvait douter du fait qu'il était en train de douter.
Si
donc il était en train de douter, cela signifiait nécessairement qu'il existait, car il ne peut y avoir
de doute sans un sujet qui doute.
Arrivé à cette conclusion, il affirma qu'il était certain de son
existence.
Mais le cogito ne permet pas seulement de poser cette certitude selon laquelle « je suis »,
mais elle autorise qui plus est à affirmer que cette chose que je suis, c'est une chose qui pense.
En effet, parvenu à la conviction que « je suis », je fais encore l'expérience de moi-même comme
étant un sujet pensant puisque le doute suppose la pensée.
Aussi Descartes écrit-il : « je suis une
chose vraie, et vraiment existante ; mais quelle chose ? Je l'ai dit : une chose qui pense, c'est-àdire un esprit, un entendement ou une raison » (Méditation métaphysiques, deuxième méditation).
De plus, puisque je suis un être capable de prendre conscience du fait que « je pense que je
pense », je ne suis pas seulement une chose qui pense ce que le monde extérieur lui apporte, mais
je suis en outre capable de réflexivité, c'est-à-dire d'être conscient de moi-même en tant qu'être
pensant.
La certitude de moi-même comme être pensant étant posée, ma conscience peut
s'affirmer comme conscience de soi, car le moi fait retour sur soi et se connaît ainsi.
Nous pourrions ainsi considérer avec Descartes que, s'il est tant d'opinions sur nous-mêmes
dont nous pouvons douter, nous pouvons cependant être sûrs d'une chose : nous pouvons être.
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