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Le développement technique est-il un progrès ou un danger ?

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« THESE: La technique est inhumaine.

Elle représente un danger Zola a plus d'une fois décrit la machine comme une sorte de monstre broyant sans relâche les vies de ceux qui la servent.

Que l'on pense à Germinal par exemple.

Il n'est que de se référer aux premières chaînes de montage pour comprendre en quoi la technique, à mesure qu'elle augmente la production, réduit l'homme à n'être qu'un automate ignorant la finalité du geste qu'il répète à longueur de journée.

La division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractérise encore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée. Des premières manufactures aux usines modernes, la division technique du travail s'est en effet accentuée jusqu'à l'extrême parcellisation.

Tant que le travail est divisé en métiers différents, chaque homme de métier peut réaliser un produit dans son ensemble, et même s'il existe une coopération, chacun est capable d'accomplir toutes les tâches nécessaires à la réalisation du produit (au Moyen âge par exemple, la fin de l'apprentissage est symbolisée par la réalisation d'un chef-d'oeuvre).

Avec les manufactures cette capacité à réaliser le produit en entier se perd et, dans la grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division du travail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle. « Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles. Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de la manière dont cette industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à bout de faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité. Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devient un métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer. L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans le travail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité. Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise par la répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier. Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera la nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples. »

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