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Le désir comme mythe de la totalité perdue ?

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. Dans Le Banquet, Platon présente le récit fabuleux suivant : à l'origine, l'humanité comprenait un seul genre de créature, ce que nous pourrions appeler l'androgyne, mixte de mâle et de femelle.

Ces êtres étaient ronds de forme, disposaient de quatre jambes, quatre bras, de flancs circulaires, de deux visages opposés l'un à l'autre sur une même tête ronde, et jouissaient d'une force extraordinaire ; leur orgueil immense les poussaient à provoquer les dieux auxquels ils en étaient venus à se comparer.

Zeus décida de mettre un terme à leur indiscipline en les affaiblissant.

Pour ce faire, il les coupa en deux dans le sens de la longueur et chargea Apollon de ramener leur peau sur le ventre (le point de suture qui subsiste est le nombril), ainsi que de tourner leurs visages.

Il s'ensuivit que ces êtres séparés mouraient de chagrin et de malheur, se laissant dépérir auprès de leur moitié distincte.

Pour remédier à ce désastre, Zeus ramena leurs parties génitales qu'ils avaient derrière sur le devant, et ceux-ci purent s'accoupler, soit pour créer un nouvel être unique, soit pour s'accorder un plaisir qui leur offrait pour un moment le bonheur de leur union passée, et l'esprit libre, leur permettait ensuite de vaquer à leurs affaires. Le fond de la nature humaine porterait désormais la trace de cette union ou plénitude originaire, dont le désir d'amour serait la nostalgie.

Désirant l'autre, nous visons ce paradis mythique de la fusion, lorsqu'il n'existait ni séparation ni différence, mais seule une toute-puissance qui nous plaçait à l'égal des dieux.

Suivant ce mythe platonicien, l'essence du désir serait un manque d'être, la recherche d'une totalité, à laquelle il nous est impossible d'accéder, suite à une opération des dieux, sinon par l'expérience fugitive d'une union sexuelle. ARISTOPHANE ET LE MYTHE DE L'ANDROGYNE. Aristophane dans son antique mythe de l'Androgyne parle lui aussi du regret tragique de l'inaccessible révolu: époque de félicité où homme et femme n'étaient que fusion psychique et corporelle, que complétude charnelle et mentale.

Mais, les dieux les séparèrent les hommes des femmes pour les punir de leur insolence.

Dès lors, l'homme n'est plus, que ce fantôme, ce somnambule, cet amant malheureux condamné à la recherche d'un être jadis aimé dont il ne parvient pas à se consoler de la perte: absence d'une présence; présence d'une absence. Ce mythe de l'Androgyne a pour fonction de placer la source du désir d'un sexe pour l'autre dans une tentative de retour à l'unité primitive. " XIV.

- Oui, Éryximaque, dit Aristophane, j'ai l'intention de parler autrement que vous ne l'avez fait, toi et Pausanias.

Il me semble en effet que les hommes ne se sont nullement rendu compte de la puissance d'Éros; s'ils s'en rendaient compte, ils lui consacreraient les temples et les autels les plus magnifiques et lui offriraient les plus grands sacrifices, tandis qu'à présent on ne lui rend aucun de ces honneurs, alors que rien ne serait plus convenable.

Car c'est le dieu le plus ami des hommes, puisqu'il les secourt et porte remède aux maux dont la guérison donnerait à l'humanité le plus grand bonheur.

Je vais donc essayer de vous initier à sa puissance, et vous en instruirez les autres.

Mais il faut d'abord que vous appreniez à connaître la nature humaine et ses transformations. Jadis notre nature n'était pas ce qu'elle est à présent, elle était bien différente.

D'abord il y avait trois espèces d'hommes, et non deux, comme aujourd'hui : le mâle, la femelle et, outre ces deux-là, une troisième composée des deux autres; le nom seul en reste aujourd'hui, l'espèce a disparu.

C'était l'espèce androgyne qui avait la forme et le nom des deux autres, mâle et femelle, dont elle était formée; aujourd'hui elle n'existe plus, ce n'est plus qu'un nom décrié.

De plus chaque homme était dans son ensemble de forme ronde, avec un dos et des flancs arrondis, quatre mains, autant de jambes, deux visages tout à fait pareils sur un cou rond, et sur ces deux visages opposés une seule tête, quatre oreilles, deux organes de la génération et tout le reste à l'avenant.

Il marchait droit, comme à présent, dans le sens qu'il voulait, et, quand il se mettait à courir vite, il faisait comme les saltimbanques qui tournent en cercle en lançant leurs jambes en l'air; s'appuyant sur leurs membres qui étaient au nombre de huit, ils tournaient rapidement sur eux-mêmes.

Et ces trois espèces étaient ainsi conformées parce que le mâle tirait son origine du soleil, la femelle de la terre, l'espèce mixte de la lune, qui participe de l'un et de l'autre.

Ils étaient sphériques et leur démarche aussi, parce qu'ils ressemblaient à leurs parents; ils étaient aussi d'une force et d'une vigueur extraordinaires, et comme ils avaient de grands courages, ils attaquèrent les dieux, et ce qu'Homère dit d'Éphialte et d'Otos, on le dit d'eux, à savoir qu'ils tentèrent d'escalader le ciel pour combattre les dieux.. »

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