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Le Corrège

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Antonio Allegri dit le Corrège, du nom de sa ville natale, débuta sa formation artistique sous l'enseignement de son oncle Lorenzo, un peintre de moindre talent. Il quitta Correggio vers 1503 pour poursuivre ses études d'abord à Modène, puis vers 1506 à Mantoue où il fut très jeune influencé par les travaux du grand peintre Mantegna. Il est possible qu'il ait achevé la décoration de la chapelle funéraire des Mantegna à l'église San Andrea après la mort du maître. Dès lors, Le Corrège partagea son temps entre sa ville natale et Parme où il reçut la commande de la décoration du dôme de l'église Saint-Jean-l'Évangéliste. Il orna successivement la coupole puis l'abside de l'église, réalisant une fresque de l'Ascension du Christ dans la pure tradition michelangélesque de la haute Renaissance. Le Corrège peignit ensuite l'Assomption de la Vierge dans le dôme de la cathédrale de Parme. Ces fresques monumentales constituent le point d'orgue de l'oeuvre murale du peintre. Il se tourna ensuite vers d'autres formes décoratives, peignant des retables et des toiles religieuses, parmi lesquelles figurent l'Adoration des bergers et la Vierge au panier. A la fin de sa carrière, Le Corrège s'exerça au maniement de la peinture à l'huile et réalisa les toiles somptueuses de Danaé et Jupiter et Io, qui font partie d'une série de peintures mythologiques empreintes d'une sensualité faussement ingénue. Si Le Corrège n'eut pas en son temps un cortège significatif d'élèves, il fut abondamment imité par la suite et son style décoratif prodigue inspirera les artistes des époques baroque et rococo.

« CORRÈGE 1489-1534 ALLEGRI, appelé Corrège du nom de sa ville natale, vint au monde aux environs de 1489.

Humaniste, il se plaisait à latiniser son nom et ~ s'appeler « Antonius Lœtus », comme s'il eût voulu faire ainsi allusion au caractère de son art.

Il vécut toujours modestement, se consacrant à son travail et à sa famille, entre Parme et son pays natal où il mourut le 5 mars 1534, encore jeune et dans la pleine maturité de son art.

De l'atelier de Bianchi-Ferrari à Modène, il était passé, tout jeune, peut-être âgé de quinze ans à peine, à l'école du vieux Mantegna, à Mantoue, où il fit ses débuts en collaborant à la décoration de la chapelle mortuaire de son maître à Saint-André.

Mais il fut tout de suite amené, par son tempérament poétique différent, à adoucir les formes sévères de Mantegna et à les soumettre à des rythmes plus souples.

Ses premières œuvres, malgré les nombreuses réminiscences de Mantegna, baignent plutôt dans une atmosphère limpide et douce, tendrement dévote, celle de la province artistique émilienne du début du XVIe siècle.

Mais très rapidement, le maître tendit à s'évader également de cet horizon restreint, du cercle de cette harmonie enclose dans les limites d'un équilibre rythmique trop facile.

Le chemin parcouru dans ses années de jeunesse est accidenté; en vérité, c'est un sentier obscur et caché qui débouchera tout à coup dans une large route ensoleillée.

Ainsi fleurit presque timidement, alors que la recherche des moyens d'expression est encore lente et incertaine, une poésie délicate et humble, profondément mélancolique, d'une intimité voilée et recueillie.

Le tableau d'autel peint en 1515 pour l'église San Francesco à Corrège, et qui est actuellement à Dresde, est d'une autre veine.

Le rythme devient plus large, se dénoue et s'enchaîne avec un ample mouvement et se résout en une harmonie si pleine, en une mesure spatiale si large et si parfaite, et en même temps si simple et aérée qu'il rappelle beaucoup l'art de Raphaël.

Il nous paraît donc nécessaire d'admettre que, dès cette époque, Corrège avait connu, peut-être à Florence, des œuvres de Raphaël ainsi que de Léonard, d'Andrea del Sarto, de Fra Bartolomeo.

Au cours des années suivantes, il se recueille de nouveau dans la recherche d'une expression plus personnelle, plus intérieure, plus appropriée à son inspiration qui se précise maintenant en une douceur mélancolique, en une délicate langueur.

C'est alors que mûrit et fleurit la « grâce» de Corrège en une douce pénombre à la manière de Léonard; elle se manifeste par quelques-unes des expressions lyriques les plus hautes et les plus intenses: la ,Zingarella, de la Pinacothèque de Naples, est particulièrement célèbre. Il est unanimement admis, actuellement, qu'avant de concevoir les grandes œuvres décoratives de Parme, Corrège dut avoir eu directement connaissance des œuvres romaines de MichelAnge et surtout de Raphaël.

Il ne peut plus y avoir de doute sur son voyage à Rome, voyage qui marque le tournant décisif de son art.

Corrège atteignit là, comme par une soudaine envolée, à la plénitude de ce chant qui s'épanouit au cours de toute sa seconde époque, en une exaltation de la beauté et de la vie qui, non seulement ne contredit pas sa première vision d'élégance et de grâce, plus limitée et recueillie, mais la développe et l'enrichit.

Dans la chambre de Saint-Paul ANTONIO. »

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