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Le beau et le plaisir ?

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« Du plaisir esthétique • Kant étudie le goût, ou « faculté de juger le beau » (voir Critique de la faculté de juger).

Le sujet ne porte pas de jugement sur l'objet mais dit comment il est affecté : le jugement porte sur son sentiment de plaisir et de peine.

Il découvre cependant qu'il y a un plaisir pur.

Me demande-t-on si un palais est beau, l'existence de l'objet n'importe pas : serait-il commode à habiter, représente-t-il la tyrannie ? Je n'en tiens pas compte, dans la mesure où ce plaisir pur se distingue de la jouissance réelle de l'objet ou d'un jugement sur sa valeur morale : « le beau est l'objet d'une satisfaction désintéressée ». · « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport à l'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique), du bien ( celui qui apprécie une oeuvre engagée en raison de son caractère moral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pas morale.

A l'encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent pas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une oeuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut l'être une oeuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par les sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et agrément.

Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.

Il n'est pas l'effet de la satisfaction de quelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.

Libre parce que désintéressé. • Le beau est « ce qui plaît universellement sans concept » : il n'est pas l'agréable qui ne convient qu'à mes sens.

Mon jugement « cela est beau » se prononce pour tous, même s'il ne soumet pas objectivement une intuition à un concept universel.

Le jugement esthétique fait signe vers un sens commun, le partage du sensible qui fonde une communauté esthétique par-delà les individualités sensibles. · « Est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Ø « Ce qui plait universellement »: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.

Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau », comme si la beauté était dans l'objet. Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction. Ø « sans concept »: « L'assentiment universel est seulement une Idée ».

Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

On juge et on sent que cette musique ou cette montagne sont belles mais on ne peut le prouver.

Il n'y a pas de règles a priori du beau.

En langage kantien, le sujet esthétique n'est pas législateur.

En science le sujet légifère, retrouve dans la nature les règles nécessaires, universelles qu'il y a mises pour connaître quelque chose.

En art le sujet ne peut légiférer car le jugement porte sur un objet singulier, telle fleur, telle oeuvre musicale.

S' il veut trouver quelque chose d'universel dans cette rose-ci, il faudra qu'il l'envisage sous l'aspect du règne végétal ou de la fleur en général; s'il veut trouver quelque chose d'universel dans une musique, il faudra qu'il l'envisage sous l'angle des règles de composition.

Il aura des concepts mais point de beauté: « quand on juge des objets simplement par concepts toute représentation de la beauté se perd ».

C'est ce qui peut arriver quand un traque d'art explique un poème...

Comme la beauté est toujours saisie sur un objet concret, matériel, singulier, il n'y a pas de règles universelles du beau.

Le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance. L'aura • A travers le plaisir esthétique, je ne prends pas possession de l'objet de mon plaisir.

Au contraire, je suis confronté à plus grand que moi-même.

Godard opposait ainsi le cinéma à la télévision où les personnages sont plus petits que moi. Le beau s'oppose au joli, qui est à mon échelle et qui m'attendrit. • Pour Benjamin, l'aura est le propre de l'oeuvre traditionnelle : cela implique la notion de distance face à l'unicité de l'oeuvre.

On ne la touche pas, comme c'est le cas pour un objet sacré.

Cependant, à l'aura succède l'exposition, puis le divertissement, quand la reproductibilité technique des oeuvres met en question leur unicité.

Dans l'art de masse, « ce qui est ébranlé, c'est l'autorité de la chose ».. »

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