L'aventure est-elle encore possible aujourd'hui ?

« Préparation aux épreuves Rédaction Sujets de concours commentés Sujet 2 L’aventure est-elle encore possible aujourd’hui ? Commentaire Voici un sujet bref et apparemment précis qui conduit vers une réflexion sur la situation de l’homme dans le monde contemporain.

Mais ce sujet n’est pas aussi précis qu’il le paraît de prime abord, car le mot aventure est polysémique.

Il faut donc avant tout choisir le sens que l’on doit donner à « aventure ». Vous devrez procéder ainsi pour tous les sujets de ce type. L’aventure au sens étymologique, c’est ce qui advient, ce qui arrive.

Ce mot revêt aujourd’hui trois significations principales : 1.

ce qui nous arrive d’imprévu, de surprenant, sans que nous l’ayons recherché (des aventures) : Il m’est arrivé une drôle d’aventure... 2.

ce que nous recherchons parce que cela comporte de la nouveauté, mais aussi du risque, et que cela nous change de la monotonie de la vie quotidienne (l’aventure) : Il s’est engagé dans les parachutistes par attrait de l’aventure. 3.

une rencontre amoureuse sans lendemain (une aventure) : Elle a eu une aventure avec X. On peut penser qu’il faut écarter les sens 1 et 3.

En effet, le sens 1 est souvent synonyme de mésaventure, d’accident et cela présente une probabilité de se produire dans la vie d’aujourd’hui comme dans celle d’hier : on va à la banque et on pris en otage...

On conduit la nuit et l’on voit un corps au bord de la route...

On joue au loto et l’on ramasse la grosse mise...

Tout cela résulte du hasard et ne dépend guère de nous.

Quand au sens 3, il est bien particulier et l’on peut penser qu’il se perpétuera tant qu’il y aura en ce monde des hommes et des femmes. On s’en tiendra donc au sens 2 (en expliquant brièvement, comme nous venons de le faire, les raisons de ce choix), c’est-à-dire à l’aventure délibérément recherchée et susceptible de devenir un objectif de vie. Il est pertinent de se poser la question contenue dans le sujet, car qui dit aventure dit exploration de l’inconnu.

Or, avec les progrès de la connaissance, les frontières de l’inconnu reculent chaque jour.

En même temps, dans une vie où tout est codifié, il ne reste plus aucune zone d’incertitude et il n’est pas donné à tout le monde d’aller chercher des émotions fortes dans des entreprises qui dépassent l’individu isolé comme, par exemple, l’exploration de l’espace. Toutefois, à mesure que diminuent les domaines de l’aventure « naturelle », les groupes humains, porteurs de ce besoin profond, s’arrangent pour créer artificiellement les moyens de le satisfaire.

On ne recherche plus l’aventure dans les nécessités de la vie, mais dans des loisirs conçus pour en fournir les conditions.

Il s’agit alors d’une aventure organisée qui demande d’énormes moyens et ne laisse rien au hasard. • Ce peut être une aventure démocratisée, comme le ski hors piste, la spéléo, la plongée sous-marine, etc. • Ce peut être une aventure industrialisée qui devient spectacle : le Dakar, le Vendée Globe, la traversée de l’Atlantique à la rame, la Formule 1, etc.

Ce genre d’aventure demande des qualités peu communes et est réservé à quelques-uns.

Mais, relayé par les médias, il est proposé à l’admiration des masses qui le vivent elles aussi, si l’on peut dire, par procuration. Le commun des mortels se satisfait alors d’une aventure rêvée, obtenue dès l’enfance sans effort et sans risque et dont on peut penser qu’elle n’est pas sans danger pour l’aptitude de l’individu, confiné dans un virtuel sans résistance, à juger sainement.. »