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l'artiste est-il un faiseur d'illusion ?

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« Qu'est-ce qui nous permet de dire que l'artiste produit des illusions ? En quoi l'art commercerait-il avec des chimères ? Peut-on réduire l'art à une simple illusion ? Comment expliquer alors que nous aimions tant les productions artistiques ? Peut-être est-ce précisément parce que nous aimons les illusions...

Ramener l'art à l'illusion est une position qui rappelle celle de Platon.

Au livre 10 de la République, ce philosophe montre que l'artiste est un copiste du monde et de ce point de vue, il en est aussi le faussaire.

Par ailleurs, le monde étant déjà une copie des Idées, le travail de l'artiste sur le monde redouble l'éloignement initial d'un autre qui est futile et dangereux (Platon recommande de chasser les poètes de la cité parce qu'ils introduisent la confusion et font contempler aux hommes des images et des ombres en les éloignant par là même de la vérité).

Ne peut-on pas cependant critiquer cette position ? L'art n'est illusion que s'il reproduit une réalité à la manière d'un trompe-l'œil.

Qu'en est-il si l'art ne reproduit pas seulement le visible mais rend visible des choses que nous ne voyons pas en raison de nos habitudes ou d'un certain rapport immédiat aux objets ? Alors, l'art n'est-il pas tout au contraire une forme spécifique et paradoxale de manifestation de la vérité ? Ou, du moins un certain rapport à la vérité ? A.

L'art est un illusionniste, un sophiste (Platon) Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.

Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation du monde sensible an nom de cette même vérité.

Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence. La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation. L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité. · La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.

Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible ou monde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître.. »

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