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l'art n'est-il qu'un luxe ?

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« Le luxe est synonyme de magnificence et d'abondance.

Le luxe est aussi le superflu et l'inutile.

En tout cas, l'objet de luxe est celui qui n'est pas à la portée de tous.

D'un pur point de vue marchand, l'oeuvre d'art semble être un objet de luxe puisque tout le monde ne peut pas s'offrir le luxe de se payer une œuvre.

Mais le terme de luxe, nous venons de le voir, ne signifie pas que cela.

C'est d'ailleurs le sens que semble prendre la question qui vous est posée en demandant si l'art n'est que cela.

La formulation s'attache alors à réduire l'art à quelque chose de superflu et d'inutile ou tout au moins de non nécessaire pour paraphraser Epicure.

En effet, on peut noter que l'art ne semble pas relever, au premier abord d'une nécessité vitale et qu'il apparaît là où les premières nécessité sont satisfaites. C'est dans le silence du besoin que peut naître la contemplation esthétique.

Vous pouvez noter que l'art ne semble pas être une exigence première pour ceux qui meurent de faim ou qui sont dans une situation telle que leur vie est en danger.

Pourtant, cela conduit-il nécessairement à affirmer que l'art est de l'ordre du superflu ? Vous pouvez montrer en quoi l'art relève également d'un besoin de l'esprit.

Par exemple, Primo Lévi dans « Si c'est un homme », montre à quel point, la présence d'un livre dans les camps était pour lui essentielle puisqu'elle lui permettait d'être en contact avec une forme d'humanité là où ne régnait que l'inhumanité et la barbarie.

Cette question doit vous conduire à vous interroger sur les fonctions de l'art.

C'est alors que vous pouvez revenir sur la formulation du sujet : en vous demandant si l'art n'est qu'un luxe, on semble assimiler le luxe de manière négative au superflu.

Or, vous pouvez aussi montrer que le luxe peut être paradoxalement nécessaire.

En effet, le luxe n'est-il pas synonyme de progrès et de culture. [Lorsque le peintre peint une pipe, il ne fabrique pas un objet destiné à fumer du tabac.

Son activité n'a aucune utilité. Quand le sculpteur travaille le bronze, le marbre, il gaspille des matériaux semi-précieux.] Une peinture n'est pas utile Magritte a parfaitement raison d'intituler sa toile représentant une pipe: Ceci n'est pas une pipe.

On pourrait en dire autant de toutes les autres oeuvres figuratives.

Elles ne sont que la représentation de la réalité.

Le boeuf écorché de Rembrandt n'a aucune utilité par le boucher, pour l'amateur de viande ou pour un homme affamé.

L'art est un luxe inutile car il n'est pas la satisfaction d'un besoin. Pendant que les artistes créent, les autres travaillent Depuis le xviii siècle, le mot « art » désigne essentiellement la pratique de l'artiste ; auparavant, l'art de l'artiste se confondait plus ou moins avec l'art de l'artisan.

C'est le résultat de la lutte des artistes, que l'art soit considéré à présent comme un art libéral et non plus seulement un art mécanique. L'art de l'artisan a pour fonction de joindre l'agréable à l'utile ; se dissociant de cette tâche, l'art de l'artiste, qui s'est dégagé en même temps de la fonction d'utilité de l'objet qu'il produit, se consacre tout entier à d'autres tâches.

La distinction de l'artiste et de l'artisan est celle du beau et de l'utile. Doit-on placer artiste et artisan l'un au-dessus de l'autre ? Inférieur, selon Platon, à l'artisan, l'artiste se borne à reproduire ce que l'artisan fabrique. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable. »

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