Aide en Philo

L'art est-il le reflet de la société?

Extrait du document

Si la société est le véhicule de l?art, c?est que celle-ci porte un jugement sur l?art. La société véhicule des codes culturels du bon goût car c?est la société qui régit l?art, et non l?inverse. C?est le terme « reflet » qui va situer la problématique. La notion de reflet a deux sens : elle désigne la source lumineuse (l?ombre du soleil renvoie au soleil). Elle est donc assujettie à la source lumineuse. C?est aussi la surface réfléchissante. Elle est un medium, un miroir qui renvoie une image. Problématique : La société est-elle la source lumineuse de l?art ? Autrement dit, l?art se définit-il sur un plan strictement immanent, pris dans les conventions sociales et historiques ? Ou au contraire, l?art est-il, en tant que surface réfléchissante, le moyen de transcender la société ?

« Avant même d'analyser les termes dans le détail, on constate que l'utilisation de la tournure grammaticale « ne…que… » suggère d'emblée que l'art serait plus qu'un simple reflet.

Il faut donc définir les termes avec attention pour ne pas tomber dans le simplisme. Dans l'intitulé du sujet, la notion d'art est confrontée à celle de société.

C'est donc par rapport à la société qu'il faut penser le concept d'art.

L'art désigne l'ensemble des activités visant à la création d'œuvres esthétiques.

La société est, quant à elle, le milieu dans lequel se développent la culture et la civilisation.

Elle est le lieu de valeurs symboliques.

Elle est une communauté d'individus organisée autour d'institutions communes (économiques, politiques, juridiques, etc…) dans le cadre d'une civilisation à un moment historique défini.

Quand on confronte l'art et la société, deux notions apparaissent : le goût et la technique.

La technique en tant qu'elle évolue et donne de nouveaux moyens à l'art.

Chaque époque à ses techniques.

Si la société est le véhicule de l'art, c'est que celle-ci porte un jugement sur l'art.

La société véhicule des codes culturels du bon goût car c'est la société qui régit l'art, et non l'inverse. C'est le terme « reflet » qui va situer la problématique.

La notion de reflet a deux sens : elle désigne la source lumineuse (l'ombre du soleil renvoie au soleil). Elle est donc assujettie à la source lumineuse.

C 'est aussi la surface réfléchissante.

Elle est un medium, un miroir qui renvoie une image. Problématique : La société est-elle la source lumineuse de l'art ? Autrement dit, l'art se définit-il sur un plan strictement immanent, pris dans les conventions sociales et historiques ? Ou au contraire, l'art est-il, en tant que surface réfléchissante, le moyen de transcender la société ? 1 - L'art, imitation de la société - « La tendance à l'imitation est instinctive chez l'homme et dès l'enfance.

Sur ce point, il se distingue de tous les autres êtres, par son aptitude très développée à l'imitation.

C'est par l'imitation qu'il acquiert ses premières connaissances, c'est par elle que tous éprouvent du plaisir », écrit Aristote.

À la différence de Platon, Aristote n'opère pas de dualité entre un monde visible et un monde intelligible.

Au contraire, il n'y a qu'un monde que nous prenons plaisir à voir imité, copié, reproduit sur divers supports.

Nous imitons la réalité que nous trouvons à portée de main. - Quand la société impose ses codes à l'art : le bon goût.

Le goût est une faculté par laquelle on rend un sentiment universellement communicable.

Au XVIIIe siècle, le bon goût est pour l'aristocratie de faire peindre le portrait de toute sa famille.

Les portraits et les autoportraits de Quentin de La Tour (1704-1788) sont caractéristiques de cette époque : peinture aux allures de pastel, traits généreux, bonhomie des visages et la rondeur du trait.

Si nous avons l'impression aujourd'hui que tous ces portraits ont un air de ressemblance, c'est précisément parce que la société véhiculait des codes esthétiques qu'il fallait incarner et défendre. - Le mauvais goût est donc ce qui échappe aux codes de bon goût véhiculés par la société.

Il est l'indice d'un manque d'éducation comme de sensibilité esthétique.

Ne pas se prononcer en faveur des canons de la beauté, c'est une manière de se désolidariser, volontairement ou involontairement, du goût tel que le conçoit la société.

Depuis les années 1980, certains artistes contemporains, par exemple Jeff Koons (né en 1955), utilisent et jouent avec le mauvais goût de telle sorte qu'il est devenu de bon goût d'apprécier le mauvais goût : c'est le kitsch. 2 – L'objet de l'art est-il de représenter la société ou d'atteindre la réalité ? - L'art se conçoit sur une surface, un medium.

La toile, la glaise, la feuille de papier… sont et seront toujours des medias, des intermédiaires entre la réalité et la pensée individuelle.

Par nature, l'art échappe à des codes pré-établis.

C ertains, comme ce fut le cas au XVIIIe siècle, peuvent reproduire l'image qui est demandé tandis que d'autres, par le geste même de peindre, de sculpter, de graver… transcende « les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité » car, selon Bergson, c'est en se détachant des conventions que l'on déchire le voile dressé par la société sur les choses et que l'on atteint la vérité. - Les progrès de la technique influencent la manière de se représenter et la société et la réalité. Grâce aux progrès de la technique, Joseph Paxton fut l'architecte du premier édifice en fer et en verre.

Le Crystal Palace fut construit pour l'exposition universelle de 1851.

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, c'est la société de la révolution industrielle qui se donne à voir.

C e bâtiment est le reflet de la société en même temps qu'il est une création, et non une révolution dans l'architecture et la technique.

Le dernier né de l'alliage du fer et du verre sera la pyramide que Ieoh Ming Pei (né en 1917) fit construire au Louvre de 1988 à 1993. 3 - Un reflet peut changer selon l'éclairage - L'imitation est toujours création.

La mimésis consiste à donner forme à la matière.

Et cette forme est toujours originale.

Dès qu'il y a médiation, il y a création.

Même l'ultraréalisme est une création.

Elle n'est pas un calque de la réalité car la réalité n'est pas atteignable.

C 'est l'âme de l'œuvre d'art qui nous fait accéder à la vérité, à la réalité dernière.

Comme l'écrit Hegel, Titien est le plus grand des peintres car quand on regarde les portraits qu'il a peints, on a le sentiment que les personnages nous regardent tant leur âme est palpable.

Un portrait est l'imitation, la représentation d'un personnage ayant existé et pourtant à travers lui, c'est toute la société qui se donne à voir. - L'art transcende toujours la société car il est par-delà l'utile.

C'est pourquoi nous avons besoin des artistes.

Comme le note Bergson, si nous étions tous artistes et si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses, l'art serait inutile.

L'art est utile car il donne à voir la société ce qu'elle veut montrer mais aussi ce qu'elle cache.

Le Sacre du Printemps que V aslav Nijinski (1889-1950) chorégraphia en 1913 au théâtre des Champs-Élysées à Paris fut un choc car les pas de danse tels qu'ils étaient pensés par le chorégraphe déconstruisaient tous les mécanismes conventionnels de la danse classique.

À ce moment, l'art de Nijinski est le reflet d'une société à venir.

C 'est un génie au sens étymologique : c'est un esprit particulier qui a été donné à un homme à sa naissance et qui lui inspire des idées originales. Conclusion Un reflet n'est jamais fidèle.

Dès lors qu'il se projette sur une surface, la source lumineuse est déformée.

L'art est le reflet de la société dans la mesure où l'artiste n'est pas plongé dans le solipsisme et qu'il crée parmi les hommes, au milieu des hommes.

L'art, par son essence même, ses modalités propres, transcende la société et ses conventions pour lui conférer une vérité, une authenticité, une originalité jusque-là inédite.

L'art permet de poser toujours sur la société une infinité d'éclairages.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles