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L'animal politique

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« C 'est dans Les politiques qu'A ristote formule l'idée selon laquelle « l'homme est par nature un animal politique ».

Par là se trouve suggérés trois éléments princ ipaux : 1° l'homme est un animal comme les autres, à la différence près qu'il est le plus « politique » de tous ; il s'agira donc de déterminer en quoi il diffère des animaux grégaires, c'est-à-dire de ceux qui vivent en groupe ou en communauté, tels les fourmis ou les abeilles.

2° L'homme est un animal politique : la détermination de la notion de politique devra nous permettra d'approfondir la dimension propre au vivre-ens emble humain, à la différence justement des animaux.

3° L'homme est par nature un animal politique, c'es t-à-dire que la condition sociale lui éc hoit naturellement, avant même qu'il n'en conçoive l'idée.

Nous commencerons par ce premier point. I – Les théories conventionnalistes L'idée que l'homme vit en société est is sue d'un fait d'expérience ; cependant, il s'agit de déterminer dans quelle mes ure s a nature ou l e s circonstances le conduis ent à adopter un tel mode de vie.

À l'inverse d'A ristote, les théories c onventionnalis tes de Hobbes et de Rousseau (pour ne citer qu'elles) suggèrent que l'homme existe naturellement hors des cités , dans un état de nature, et ne crée de société politique que par convention. En effet, l'état civil – le fait de vivre en s ociété – est toujours conçu par rapport à un état de nature ; celui-c i ne correspond à une période historique de l'évolution de l'humanité, mais constitue une fiction théorique permettant de déterminer les conditions d'émergence de la vie en soc iété. A insi, pour T homas Hobbes, dans le Léviathan et le De Cive (Du citoyen), l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous .

Les hommes, seuls et attachés à leur biens , ne s'en remettent qu'à la force pour assurer leur subsis tance.

O r, c'est précisément de ces conditions extrêmes que va s urgir le besoin de s'associer et de former, par contrat, un État : c'est le contrat social.

A lors, chacun délègue ses prérogatives au souverain, seul capable d'administrer les différents par l'us age du droit – et non plus de la force – et d'organis er la société. En dehors de l'Etat, les hommes jouiss ent d'une liberté absolue.

M ais c hacun disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres c e qui leur plaît.

La cons titution d'une société civile et d'un État oblige à une néc essaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivre bien et vivre en paix.

C hacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le rendre redoutable pour autrui.

Dans l'état de nature, chac un jouiss ait d'un droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était assuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la s écurité d'un droit de propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.

Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres, de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer la jouiss ance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la c ivilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes de l'empire des pass ions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité. "Quiconque a droit à la fin, a droit aux moyens ." C haque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

T outes les volontés doivent être réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et même personne. La société est donc civile, en ce sens qu'elle s 'oppose à l'état de nature.

C 'est justement l'idée contre laquelle se dresse A ristote, qui considère que l'homme est toujours déjà unie dans une soc iété ; mais encore faut-il s'entendre s ur sa définition. II – La cité naturelle Dire que l'homme est un animal politique, c'est à la fois insister sur ce qui rattache l'homme à l'ensemble de la nature, via l'animalité, et sur ce qui le distingue à travers la notion de politique.

En effet, nombreux sont les animaux grégaires, qui vivent en communauté ou en colonie, à l'instar des fourmis ou des abeilles.

C ependant, le simple fait de leur réunion n'en fait pas des « animaux politiques ». C ons idérer la naturalité du politique est évidemment mettre en avant le fait que vivre-ensemble est un donné premier, au reste partagé par les animaux et les hommes.

C ependant, le politique renvoie explicitement à la notion de polis, c'est-à-dire de cité.

C 'est donc la cité qui est une chose naturelle et non le simple fait de s 'unir ou de se réunir. O r, c ela sous-entend que l'homme advienne à son humanité dans l'enceinte de la cité et uniquement là.

A ristote le dit, il n'y a que l'être dégradé ou l'être surhumain qui puissent vivre seuls dans la nature.

L ' u n s u b s i s t e s a n s loi ni foyer et n'est pas homme, l'autre se trouve au-delà de la condition humaine et de ses aspirations propres : il es t plus qu'un homme, un Dieu. A insi, l'homme ne devient homme que dans la cité, c'est-à-dire au sein de l'es pace politique.

C ependant, nous n'avons pas encore éclairci notre premier point, à savoir quel c ritère appliquer pour distinguer l'homme des animaux grégaires .

Si les deux sont des donnés naturels , en quoi la cité spécifie-telle l'homme parmi les animaux ? III – Politique et langage L'homme es t naturellement poussé à s'unir aux autres ; en c ela, il se rattache à la naturalité (et à l'animalité) de son être, même si c ertains animaux ne subissent pas la même tendanc e.

T outefois, certains animaux s'unissent aussi sans être pour autant considérés comme des « animaux politiques » ; or, cela tient à ce que la vie dans la c ité engage une dimension spécifique de l'homme : le langage. En effet, l'homme est le seul parmi les animaux à être doté d'un langage (logos).

Les animaux sont bien dotés d'une « voix » (phonè), c'est-à-dire d'un système de communication leur permettant d'exprimer le douloureux et l'agréable, mais il ne leur permet pas d e s 'arracher du moment présent et à l'impression qui lui est associée. P our l'homme, le langage est donc l'occ asion d'exprimer des pensées indépendantes de ce qu'il vit dans le moment, c'est-à-dire qu'il peut énonc er des propriétés, des relations ou des valeurs abstraites.

O r, en quoi cela engage-t-il la dimension politique de l'homme ? Puisqu'il est susceptible d'abstraction, l'homme ne se contente pas de communiquer, mais il peut mettre en commun des valeurs sociales abs traites, comme le bien et le mal, le juste et l'injuste, etc.

et qui constituent l'objet même de la politique. Conclusion : L'idée que l'homme est un animal politique peut prendre plusieurs formes : soit l'homme l'est naturellement (A ris tote), soit il l'est par destination, étant voué à s 'ass ocier à d'autres hommes (théories conventionnalistes).

A ins i, la société apparaît c omme le milieu même où l'homme advient à s on humanité ; le vivre-ensemble ne constitue pas un regroupement fortuit, mais engage l'humanité des hommes.

M ieux, le rôle que nous avons déc elé au niveau du langage, nous autorise à dire que l'objet du politique, grâc e à la constitution de valeurs soc iales, n'est pas uniquement un vivre-ensemble (tel les animaux grégaires), mais un mieux vivre-ensemble.

C 'est en ce sens que l'éthique (le s ouhait d'une vie bonne) ne peut éclore que dans le c hamp politique (le vivre-ensemble). >>>> SECONDE CORRECTION: http://www.devoir-de-philosophie.com/pass up-c orriges-10496.html. »

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