L'angoisse est-elle liée à l'ignorance ?
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Sujet : L'angoisse est-elle liée à l'ignorance ?
[Contrairement à la crainte et la peur, l'angoisse est éprouvée comme étant sans objet.
Son origine est inconsciente.- Prendre conscience des processus
psychiques anxiogènes met fin à l'angoisse.]
Angoisse religieuses et ignorance chez Epicure
Le matérialisme contre les angoisses religieuses.
Une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Epicure, l'inquiétude religieuse et la
superstition.
Bien des hommes vivent dans la crainte des dieux.
Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne
plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident
à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette
vie.
Ils pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des
suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leurs bonnes grâces.
Car les dieux sont susceptibles, se
vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.
Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour
Epicure.
Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance
métaphysique, cad une science de la totalité du monde.
Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses
est la matière, que tout ce qui existe est matériel.
A insi, la science peut expliquer tous les événements du monde,
tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant
de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés
variables.
Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression
d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles
et indifférentes à votre devenir.
C 'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de
plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la
vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.
C 'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur,
puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.
On ignore pourquoi l'on éprouve de l'angoisse
Le psychologue définit l'angoisse comme étant un état d'oppression et de terreur accompagné de symptômes
somatiques (palpitations, suées, tremblements, etc.).
Le sujet, qui a pleinement conscience de son mal-être, est
dans l'incapacité d'expliquer l'origine psychique de son état.
Les sources de l'angoisse sont inconscientes
Pour Freud, l'angoisse est liée à une détresse qui rappelle une situation traumatique déjà vécue et dont
l'inconscient a gardé trace.
Cette situation renvoie à la perte d'un objet ou à la menace de sa perte.
Dans
Inhibition, symptôme et angoisse, Freud voit «dans l'état d'angoisse une reproduction du traumatisme de la
naissance» qui marque la séparation d'avec la mère.
Il en verra aussi la marque dans la croyance religieuse (cf.
texte ci-dessous)
[La religion] remplit trois fonctions.
Par la première, elle satisfait le désir humain de savoir, elle fait la même chose que
ce que la science tente avec ses propres moyens, et entre ici en rivalité avec elle.
C'est à sa deuxième fonction qu'elle doit
sans doute la plus grande partie de son influence.
Lorsqu'elle apaise l'angoisse des hommes devant les dangers et les
vicissitudes de la vie, lorsqu'elle les assure d'une bonne issue, lorsqu'elle leur dispense de la consolation dans le
malheur, la science ne peut rivaliser avec elle.
Celle-ci enseigne, il est vrai, comment on peut éviter certains dangers,
combattre victorieusement bien des souffrances ; il serait très injuste de contester qu'elle est pour les hommes une
puissance auxiliaire, mais dans bien des situations, elle doit abandonner l'homme à sa souffrance et ne sait lui conseiller
que la soumission.
C'est dans sa troisième fonction, quand elle donne des préceptes, qu'elle édicte des interdits et des
restrictions, que la religion s'éloigne le plus de la science.
FREUD
L'angoisse peut être guérie
Dans Cinq psychanalyses, Freud analyse la phobie des chevaux d'un enfant, le petit Hans.
Cette phobie, soudaine, a pour cause une agressivité
refoulée envers le père.
La crainte d'être mordu par un cheval exprime la crainte de l'enfant que son père ne le châtre.
La substitution du cheval au
père une fois comprise, Hans vit disparaître son angoisse.
L'enfant était atteint de névrose phobique, dont la peur de sortir de la maison par peur d'être mordu par un cheval.
En fait, la première crainte d'Hans
était de perdre sa mère, car il avait entendu ses parents se disputer.
L'analyse atypique du père et le commentaire qu'en fait Freud en 1909 montre
que sous ce symptôme, Hans manifeste sa névrose infantile marquée par le complexe d'Oedipe et que le symptôme est la traduction voilée et la
conséquence d'un compromis entre ses désirs inconscients (entre autres haineux à l'égard du père et incestueux à l'égard de la mère) et les interdits
moraux ou socio-culturels de l'époque.
La phobie du cheval est apparue après le cadeau du cheval à bascule offert par Freud à Hans ...
Sa mère était à cette époque très gênée de nommer de
façon clairement masculine le sexe de son fils et le nommait un "faire-pipi" d'où la question ayant valeur de réponse à l'angoisse de castration d'Hans
: "Toi aussi maman, hein, tu as un faire-pipi ?/!".
Hans avait aussi ressenti une peur devant le grand "faire-pipi" du cheval.
Son père qui était très
inquiet d'avoir remarqué que Hans âgé de moins de cinq ans se tripotait la nuit (confer les stupidités culturelles véhiculées contre la masturbation)
l'obligait à dormir dans une turbulette (sac de couchage étroit)....
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