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L'âme est-elle prisonnière du corps ?

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« Définition des termes du sujet: Prisonnier: celui qui a perdu sa liberté; celui qui ne peut agir à sa guise parce qu'il est enfermé, entravé, empêché par quelque chose. CORPS: Composante matérielle d'un être animé, en particulier chez l'homme. Extériorité opposée à l'intériorité de la conscience; le corps est ce qui tombe sous ma perception; parmi les corps, il y en a un avec lequel mon esprit a un rapport particulier, c'est mon corps, il y en a d'autres qui sont organisés de telle façon que j'en puisse déduire l'existence en eux d'un âme; l'homme est une substance composée d'un corps et d'une âme. âme Du latin anima, « souffle, principe vital ».

Désigne chez Aristote, la forme immatérielle qui anime tout corps vivant, et qui se manifeste à travers les différentes activités que sont la nutrition, la sensation ou l'intellection.

Les stoïciens et les épicuriens en font une réalité matérielle. Dans la tradition chrétienne et chez Descartes, l'âme est rapportée à la pensée, propre à l'homme ; séparable du corps, elle est considérée comme immortelle. Cet énoncé est très platonicien (l'âme est une prison pour le corps, un tombeau pour le corps, les passions sont des chaînes pour le corps, etc.

: toutes ces métaphores sont de Platon). Le corps est le tombeau de l'âme (Cratyle) Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible (Phédon) La théorie de la réminiscence stipule que c'est en s'incarnant dans le corps que l'âme oublie la connaissance des idées acquise dans un autre monde.

C'est donc en se délivrant du corps que l'âme retrouvera pleinement son pouvoir de connaissance.

Ce mépris classique du corps sera interprété par Nietzsche comme un mépris de la vie. Plus généralement, la philosophie est accès à l'intelligible et donc refus du sensible. De manière très générale, le sujet invite à réfléchir sur les rapports entre raison et sensibilité.

Ce sujet a une dimension à la fois théorique (1) et pratique (2) : 1) Rapport vérité-sensibilité : le corps (les données sensibles, les données de la perception, les impressions) emprisonne-il l'âme (ici comprise comme faculté de connaître) ? Pour Platon, le sensible est source d'illusion (mythe de la caverne), il faut s'en détourner, opérer une conversion pour se consacrer à la vie de l'âme, pour atteindre le monde intelligible et pour contempler les essences ou idées pures.

Par rapport à l'immortalité de l'âme, présentée dans le Phédon : l'âme n'est pas prisonnière du corps car elle lui préexiste et lui survit.

Le corps est un tombeau pour l'âme seulement si on ne fait pas l'effort (par une sorte d'ascèse) de s'en détacher par la pensée (l'activité philosophique consiste précisément à se détacher du corps.

Pour Platon : "philosopher, c'est apprendre à mourir", c'est-à-dire apprendre à faire vivre notre esprit comme s'il était déjà détaché des "chaînes" qui le lient au corps). Pour Descartes, les sens nous trompent en ce qu'ils ne nous permettent pas de connaître l'essence de la matière (examen du morceau de cire dans les Méditations métaphysiques : ni les sens, ni l'imagination mais seul l'entendement nous permet de connaître l'essence de la substance étendue).

Mais l'entendement n'est pas pour autant prisonnier des illusions sensibles : il peut douter, mettre entre parenthèse et passer outre ce que les sens nous font croire.

2) Rapport moralité-sensibilité : en quoi les passions sont-elles liées au corps, et en quoi l'âme pourrait-elle être alors détournée de son "droit chemin" à cause d'elles ? Les passions empêchent-elles d'être moral ? Les sentiments, les sensations, les désirs emprisonnent-ils à la fois le jugement et la volonté (celle-ci devant être autonome pour pouvoir être bonne, morale) ? I.

Tout le monde sait que l'âme et le corps paraissent distincts et même opposés et que pourtant ils entretiennent des relations incessantes l'un avec l'autre.

Une lésion du cerveau entraîne un déficit de la mémoire, du langage ou de la pensée.

Plus simplement, un choc sur mon corps produit une douleur dans ma conscience.

Au rebours, l'âme agit sur le corps.

Ma volonté est capable de mouvoir mon corps à tout instant.

Plus curieusement mes préoccupations, mes chagrins psychiques peuvent provoquer de véritables maladies organiques (ulcère à l'estomac par exemple) que la médecine psycho-somatique a bien étudiées au XX siècle. II.

L'interaction de deux « substances » aussi différentes, comme disait Descartes, a toujours paru mystérieuse aux philosophes.

Comment mon esprit, étranger à l'espace, indivisible, peut-il être étroitement lié à mon corps, ce fragment d'étendue géométrique indéfiniment divisible ? Comment ce qui est conscience, intériorité pure, peut-il être en rapport avec l'extériorité, la dispersion ? D'où le dualisme cartésien qui, malgré les relations étroites de l'âme et du corps, proclame l'opposition des deux substances, livrant ainsi à la philosophie un problème irritant, car aucune philosophie ne peut s'accommoder d'un dualisme.

Toute philosophie est avant tout recherche d'unité. III.

Le dualisme n'est pas seulement irritant au point de vue métaphysique, il est dangereux au point de vue moral. Puisque l'esprit, bien qu'incarné dans une enveloppe charnelle, s'oppose à la matière, il ne se retrouve vraiment luimême qu'en essayant de s'en délivrer complètement.

Malebranche exprimait bien cette position dans la formule. »

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