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L’action politique est-elle un travail ?

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« Définition des termes du sujet Le concept d' « action politique » est plus précis et plus limité que celui de politique.

Si la politique en effet est art de gouverner l'Etat, et si l'on qualifie de « politique » tout ce qui concerne ce gouvernement, l' « action politique » désigne la pratique effective de la politique et place donc la politique dans le champ du concret.

C'est cette mise en place d'un lien de la politique avec le concret qui pose problème ici, et il faudra l'interroger sous l'éclairage particulier du concept de travail. Le mot travail peut avoir plusieurs sens.

Un travail est en effet une activité que l'on exerce régulièrement dans le cadre de la société, pour participer au fonctionnement de cette société et pour recevoir d'elle une rémunération permettant de subvenir aux besoins de notre vie personnelle ; un travail est aussi un effort déployé dans le but de parvenir à une certaine fin, cet effort n'étant pas forcément concerné par la sphère de la société, mais pouvant être mis en oeuvre par l'individu dans son propre intérêt. Deux questions se posent alors quant au sujet : l'action politique doit-elle être, d'abord, conçue comme une sorte d'activité professionnelle, requérant certaines habiletés, certaines qualifications propres ? Ensuite, cette même action doit-elle être comprise comme le fruit d'une élaboration personnelle que l'on mettrait au service de l'Etat ? La première question invite à s'interroger sur le statut de l'homme politique : tout homme peut-il prendre part à l'action politique ? ou, au contraire, ne faut-il confier ce genre de charges à un homme spécialement formé à cette fin ? Cela pose la question de savoir s'il existe quelque chose comme un savoir politique spécifique – le concept platonicien de « technè politikè », de technique et de savoir-faire propres à l'action politique, pourra être utile ici. La seconde question s'intéresse plus au phénomène de l'action politique qu'à celui qui la met en oeuvre, et comprend celleci comme un processus en élaboration constante, derrière lequel l'individu s'efface. Ces questions correspondent aux deux versants du sujet, et s'opposent à une conception de l'action politique comme étant inspirée par une habileté naturelle à l'homme. Eléments pour le développement * La spécificité de l'action politique et la nécessité de s'en remettre, pour elle, aux hommes compétents Platon « Il est, décidément, indispensable aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois ; autrement, il n'y a aucune différence entre eux et les animaux qui, sous tous les rapports, sont les plus sauvages.

Et voici quelle en est la raison : il y a absolument pas d'homme qui naisse avec une aptitude naturelle, aussi bien à discerner par la pensée ce qui est avantageux pour l'humanité en vue de l'organisation politique, que, une fois cela discerné, à posséder constamment la possibilité comme la volonté de réaliser dans la pratique ce qui vaut le mieux.

En premier lieu, il est difficile en effet de reconnaître la nécessité, pour un art politique vrai, de se préoccuper, non pas de l'intérêt individuel, mais de l'intérêt commun, car l'intérêt commun fait la cohésion des États, tandis que l'intérêt individuel les désagrège brutalement ; difficile en outre de reconnaître que l'avantage, à la fois de l'intérêt commun et de l'intérêt individuel, de tous les deux ensemble, est que l'on mette en belle condition ce qui est d'intérêt commun, plutôt que ce qui est d'intérêt individuel.

En second lieu, à supposer que d'aventure, on ait acquis dans les conditions scientifiques voulues la connaissance de cette nécessité naturelle ; à supposer, en outre de cela, que dans l'État, on soit investi d'une souveraineté absolue et qui n'ait point de comptes à rendre, il ne serait jamais possible que l'on demeurât toujours fidèle à cette conviction, c'est-à-dire que, tout au long de la vie, on entretînt à la place maîtresse l'intérêt commun, et l'intérêt individuel en état de subordination à l'égard de l'intérêt commun.

» « Eh bien ! allons-y, repris-je; que par la pensée, en partant du commencement, nous constituions une société politique. Or, ce qui la constituera, ce sera, autant qu'il me semble, l'existence en nous du besoin.

— Et comment non? — Mais en vérité il est bien sûr que le premier et le plus impérieux de nos besoins soit celui de nous procurer la nourriture en vue de notre vie.

— Parfaitement sûr, oui.

— Que le second maintenant soit celui de nous ménager un gîte ; le troisième a rapport au vêtement et à tout ce qui est du même ordre.

— C'est exact.

— Voyons donc, continuai-je : comment la société suffirat-elle à un aménagement si considérable ? ne sera-ce pas à condition que cet individu-ci soit un cultivateur ; celui-là un maçon, un autre un tisserand ?Y joindrons-nous encore un cordonnier ou tel autre au service de ce que réclament les soins du corps? Absolument certes.

— Ce serait donc de quatre ou cinq hommes que se composerait la société, au moins celle qui est bornée au nécessaire le plus strict.

— Évidemment.

Mais quoi? Chacun de ces hommes est-il obligé, individuellement, de faire de l'ouvrage qui est le sien l'objet d'une contribution publique? ainsi le cultivateur, d'avoir, tout seul la charge de procurer des aliments à quatre hommes, de dépenser un temps, une peine quadruples à cette fourniture d'alimentation, et de mettre celle-ci en commun avec d'autres individus? Ou bien faut-il que, sans se soucier d'eux, ce soit seulement pour lui-même qu'il produise un quart de cette alimentation dans un quart de temps, tandis que les trois autres, il en passera un à se pourvoir d'un logis, l'autre d'un vêtement, le troisième de chaussures ; et que, au lieu de mettre en commun avec d'autres le fruit de tout le mal qu'il se donne, il fasse plutôt à lui seul, par ses propres moyens, les choses qui sont siennes? Eh bien, Socrate, peut-être est-ce plus facile de la première façon que celle-ci ? Nullement invraisemblable, par Zeus, répliquai-je.

C'est une réflexion en effet que je me fais de mon côté en entendant ta réponse, que premièrement. »

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