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La vieillesse est-elle un naufrage ?

Extrait du document

« [La vieillesse annonce la mort.

Elle s'accompagne de la maladie, de la perte de nos capacités et de la dégradation du corps.

Vieillir c'est souffrir.] La vieillesse est un renoncement progressif La vieillesse est un renoncement.

Renoncement aux désirs, aux plaisirs, aux élans de la jeunesse.

Le drame étant que l'esprit, bien souvent se sent encore jeune, alors que le corps, lui, ne l'est plus.

En effet, quoi de plus pitoyable qu'un vieil homme encore mû par les désirs inassouvis de ses vingt ans. La vieillesse est une déchéance Plus le temps passe, plus le corps nous trahit.

Déchéance physique, mais aussi intellectuelle et morale, dépendance vis-à-vis d'autrui.

Deleuze s'est suicidé pour ne pas avoir à supporter un tel sort.

Sartre, à la fin de sa vie, n'était plus que l'ombre de lui-même.

Ce spectre de la déchéance alimente tous les fantasmes de la jeunesse éternelle.

Ce mythe d'une "eau de jouvence" se retrouve aujourd'hui dans la pharmacopée ou la cosmétique. Être vieux, c'est être aux portes de la mort Il est déjà pénible, même lorsqu'on a vingt ans, de se savoir mortel.

Mais à cet âge, la mort semble tellement lointaine que l'on vit comme si l'on était...

immortel.

Le monde semble nous appartenir, tout est possible.

La vieillesse arrivée, il n'y a plus rien à attendre.

Il n'y a plus qu'à redouter le moment dernier en se demandant pourquoi l'on persiste encore à vivre, puisque notre vie est derrière nous.

Avec la vieillesse, les possibles se réduisent.

Ce que l'on a pas fait, on sait précisément qu'on ne le fera pas et ce que l'on a fait, on sait précisément qu'on ne le fera plus. [La vieillesse apporte le repos, la paix.

Elle ne connaît plus les désirs et les passions.

La vieillesse est sagesse.] Si jeunesse savait On se plaît à dire que vingt ans, c'est le plus bel âge.

En fait, c'est l'âge le plus ingrat.

On est jeune, il est vrai, mais on ne sait pas quoi faire de cette jeunesse sinon la dilapider au gré de ses passions, de ses pulsions.

On commet des erreurs et plus tard on confesse: «Ah! Si j'avais su...» Pour savoir, il faut avoir vécu.

C'est le privilège de la vieillesse que de se tenir loin de l'emportement des passions.

L'homme âgé est un homme d'expérience et de sagesse. La vieillesse apporte la tranquillité d'âme Si la vie est une lutte permanente du vouloir-vivre comme le dit Schopenhauer, la vieillesse permet le repos. C'est un peu comme si elle avait été inventée pour que la mort paraisse moins douloureuse à supporter. L'homme âgé se retire doucement du monde.

Ce retrait est comme un avant-goût de la mort prochaine.

La vieillesse n'est pas un naufrage, mais une transition, une manière d'accepter la mort sans angoisse ni regret. Elle laisse place à une nouvelle vie.

Que l'on songe ici à Socrate ou à Épicure... "Quand on dit de chaque être vivant qu'il vit et qu'il reste le même - par exemple, on dit qu'il reste le même de l'enfance à la vieillesse -, cet être en vérité n'a jamais en lui les mêmes choses.

Même si l'on dit qu'il reste le même, il ne cesse pourtant, tout en subissant certaines pertes, de devenir nouveau, par ses cheveux, par sa chair, par ses os, par son sang, c'est-à-dire par tout son corps.

Et cela est vrai non seulement de son corps, mais aussi de son âme.

Dispositions, caractères, opinions, désirs, plaisirs, chagrins, craintes, aucune de ces choses n'est jamais identique en chacun de nous ; bien au contraire, il en est qui naissent, alors que d'autres meurent.

C'est en effet de cette façon que se trouve assurée la sauvegarde de tout ce qui est mortel ; non pas parce que cet être reste toujours exactement le même à l'instar de ce qui est divin, mais parce que ce qui s'en va et qui vieillit laisse place à un être nouveau, qui ressemble à ce qu'il était.

Voilà par quel moyen, Socrate, ce qui est mortel participe de l'immortalité, tant le corps que tout le reste." PLATON La vieillesse est une dignité. »

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