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La valeur de l'erreur ?

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« L'erreur paraît avoir une valeur nulle Depuis notre plus tendre enfance, nos erreurs s ont sanctionnées par un système de gratifications et de réprimandes (bonnes et mauvaises notes à l'école, etc.). Le rôle de la scienc e, et de l'éducation en général, est de nous délivrer de nos préjugés , de nos croyances mal fondées, de nos erreurs. L'erreur est, en ce sens, le simple opposé de la vérité. L'erreur a, cependant, une certaine positivité L'illusion est ce type d'erreur qui persiste même après qu'on en a prouvé le néant : je verrai toujours l'horizon, le bâton brisé dans l'eau, etc.

Dans l'illusion sensible, le voir résiste au savoir. L'illusion idéologique est donc, elle aussi, une erreur ayant en un sens sa nécessité : les économistes classiques, qui légitiment l'exploitation du travail ouvrier, sont ainsi «l'existenc e théorique et le mea culpa» de la bourgeoisie industrielle et financière (M arx, M anuscrits de 1844 ). Freud a souligné pareillement comment des idées incons cientes favorisent l'invention, par la conscience, de faux motifs, dont nous nous figurons qu'ils suffisent à rendre compte de nos actes. L'erreur comme partie prenante de la vérité L'erreur peut avoir une valeur heuristique : le raisonnement à l'aide duquel D e s c a r t e s considère comme faux tout ce qui n'est que douteux (= doute hyperbolique) illustre combien l'erreur peut participer dialectiquement à la rec herche du vrai. En matière pédagogique, mille adages confirment qu'on ne possède vraiment que ce sur quoi nous nous sommes souvent trompés. C 'est d'ailleurs comme «une suite d'erreurs rectifiées» qu'il faut concevoir, au dire de Bachelard, le mouvement même de la science.

C omme le dit Spinoza, «l'erreur, c'est la partie qui s e prend pour le tout» . De l'erreur comme négatif du vrai à l'erreur comme partie intégrante de la vérité. PROPOSITION DE PLAN Nous laissons à nouveau à l'élève le soin de rédiger le sujet en commençant par une introduction, puis en poursuivant par le développement du plan donné ci-dessous. I.

Introduction « P as de vérité sans une erreur rectifiée », écrivait Bachelard, dans La Formation de l'esprit scientifique.

Si le vrai prend bien naiss ance sur le sol de l'erreur, doit-on continuer à tenir celle-ci pour s on simple contraire abstrait ? L'erreur n'estelle pas résistance au vrai et faculté active, quand elle es t illusion ? Et n'est-elle pas condition même du vrai dans l'ordre de la recherche et de la pédagogie ? II.

Développement 1° Partons de l'idée que L'ERREUR A UNE VALEUR NULLE. a) Depuis notre plus tendre enfance, nos erreurs sont sanctionnées par un système de gratific ations et de réprimandes (bonnes et mauvaises notes à l'école...). b) Rôle de la science, et de l'éducation en général = nous délivrer de nos préjugés, de nos croyances mal fondées— de nos erreurs. c) L'erreur (du latin errare, se tromper) est, en c e sens, le pur oppos é de la vérité : c'es t au point que certains philos ophes l'ont définie comme un néant (Descartes, par exemple). 2° On établit que L'ERREUR a sinon une valeur, du moins UNE POSITIVITÉ. a) L'illusion est ce type d'erreur qui persiste même après qu'on en a prouvé le néant : je verrai toujours l'horizon, le bâton brisé dans l'eau... Dans l'illusion sensible, le voir résiste au savoir. b) Marx a voulu ramener les diverses idéologies à l'expression d'intérêts d e c l a s s e idéalisés : par le truchement de l'idéologie, les membres de la classe dominante se trompent en quelque sorte eux-mêmes et se donnent ainsi bonne conscience.

L'illusion idéologique est donc, elle aussi, une erreur ayant en un s e n s s a nécessité : les économistes classiques, qui légitiment l'exploitation du travail ouvrier, sont ainsi « l'existence théorique et le mea c u l p a » d e la bourgeoisie industrielle (M anuscrits de 1844). c) Freud a souligné pareillement comment des motifs très réels (mais cependant inconscients) favorisent fréquemment l'invention de faux motifs, censés rendre compte de nos ac tes. 3° L'erreur comme partie prenante de la vérité. a) L'erreur peut avoir une valeur heuristique, c'est-à-dire, dans l'ordre d e l a recherche : le raisonnement par lequel Descartes remet toute chose en doute, puis considère comme faux tout ce qui n'est que douteux (= doute hyperbolique), et, plus généralement, tout raisonnement par l'absurde, illustrent combien l'erreur peut participer dialectiquement à la recherche de la vérité. b) En matière pédagogique, mille adages confirment qu'on ne possède vraiment que c e sur quoi nous nous sommes souvent trompés : et si l'on ouvre un manuel de physique ou de chimie, on s'apercevra que chaque chapitre corrige, précise, affine ou rectifie ce qui a été exposé dans le chapitre précédent. c) C 'est d'ailleurs c omme « une suite d'erreurs rectifiées » qu'il faut concevoir le mouvement même de la science, au dire de Bachelard.

Pour parler avec Spinoza, « l'erreur, c'est la partie qui se prend pour le tout » : la mécanique classique n'est qu'un cas particulier de la mécanique relativiste, tout comme la géométrie euclidienne — longtemps considérée c omme un absolu — n'est qu'un cas particulier de la géométrie générale. III.

Conclusion Q uitte à terminer sur un paradoxe, on insisterait fortement sur le fait qu'on a tâché de progres ser tout au long du devoir, en montrant qu'erreur et vérité, d'abord posées comme deux contraires antinomiques, sont en fait consubstantielles l'une à l'autre.. »

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