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La technique n'est-elle qu'un savoir appliqué ?

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« Analyse du sujet : - - - - - On a l'habitude de distinguer la technique de la science en considérant que la technique constitue une version moins noble de la science, une version utilitariste du savoir. Ce faisant, cette opposition traditionnelle demande à être interrogée car le lien entre science et technique est peut-être plus fort que cela. Ainsi, d'après Aristote, les sciences découlent des techniques et n'auraient pu voir le jour sans elles. D'autre part, Aristote lui-même utilise parfois le terme de technè (technique) pour celui d'épistémè (science) et il faut rappeler qu'Aristote désigne aussi les techniques par le terme de « sciences poïétiques » (les sciences qui visent la production). Cela étant, l'accroissement exponentiel des techniques au cours du XXè siècle a considérablement changé notre regard sur elles et devant une telle débauche de techniques, la question du sens de tout cela se pose. En effet, les techniques modernes, engendrant de lourds dommages à l'environnement et aliénant l'homme dans une recherche absurde de productivité, semblent perdre de vue le sens même de leurs objectifs. On peut donc se demander dans quelle mesure la technique, étant devenue hermétique à tout questionnement du sens et relayant désormais le savoir à l'arrière-plan, n'est pas devenue une démarche qui va à l'encontre même du savoir. Effectivement, le savoir véritable, n'est-ce pas celui qui s'interroge sur le fondement et le sens de l'existence ? N'est-ce pas celui qui, pour le dire en un mot, recherche la vérité pour elle-même ? Problématisation : Il semble difficile de soutenir que la technique soit autre chose qu'un savoir appliqué.

En effet, le plombier, lorsqu'il répare un évier, fait-il autre chose qu'appliquer une certaine connaissance à un problème ? Pourtant, il apparaît aujourd'hui que la technique sort de son ordre, qu'elle prend tellement de place dans notre vie qu'elle nous empêche de nous interroger pleinement sur le sens même de cette vie.

Pris au piège de la technique, qui nous sollicite en permanence et qui s'impose sans nous demander notre avis, nous devenons prisonniers d'un affairement perpétuel qui ne nous laisse plus de temps pour les questions essentielles.

Face aux méfaits de la technique, n'est-il pas opportun de se demander si une telle fuite en avant dans l'absurde mérite seulement le qualificatif de « savoir » ? Proposition de plan : 1.

La technique vue comme savoir appliqué et la science comme savoir véritable. - - - - D'après Aristote, la technique est une forme de savoir tirée de l'expérience, au sens où l'expérience est un moyen d'échapper au hasard.

L'expérience et la technique se rejoignent d'ailleurs en cela qu'elles permettent toutes deux de prévoir leurs résultats. Le médecin, par exemple, possède une technique qui lui permet de guérir le malade, alors que le charlatan n'y parvient que par chance. Une technique peut ainsi faire des pronostics universels et idéels et elle est « distincte des sensations communes » (Aristote, Métaphysique).

Un vrai médecin doit ainsi être en mesure de déclarer que tel remède guérit telle maladie affectant tel tempérament. A l'exemple de tout savoir, la technique est donc capable d'expliquer ses résultats et elle est susceptible d'être transmise par un enseignement rationnel. La technique s'intéressant aux « nécessités de la vie » (Aristote, Métaphysique), elle vise ce que les Grecs appelaient la poïétique¸ que l'on traduit par « production », alors que les sciences véritables ne visent que la pure contemplation désintéressée. En conséquence, on pourrait considérer que tout ce qui distingue le savoir véritable (que nous appellerons science) de la technique, c'est que le premier est désintéressé, alors que la seconde est appliquée. 2.

La technique amène au savoir véritable. - - - - Ce faisant, le rapport de la technique à la science n'est pas constitué uniquement par cette différence de mode opératoire.

La technique a en fait un rôle déterminant car c'est elle qui engendre la science. Comme le montre Aristote dans le premier chapitre de la Métaphysique¸ la technique est née des « nécessités de la vie.

» Face à ces nécessités, l'homme avait acquis des routines et engrangé une expérience lui permettant de parer aux problèmes de la vie. Si les humains avaient été confinés à une logique de l'utile, ils n'auraient jamais découvert aucune technique, raconte Aristote.

Mais comme les hommes sont capables d'admirer le caractère scientifique des techniques, ils en arrivèrent à admirer les découvreurs de techniques. Entraînés par leur admiration, les hommes passèrent des arts touchant aux « nécessités de la vie » à ceux qui visent l'agrément : ceux que nous appelons généralement les beaux-arts. Enfin, les hommes parvinrent à des savoirs qui ne visent ni l'utilité ni le plaisir, mais la seule. »

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