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La passion est-elle destructrice ?

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« Intro : Lorsque l'on évoque la passion, on en parle comme d'une affectation sérieuse de l'individu.

Beaucoup de dramaturges et d'artistes ont célébré la passion, en insistant sur son caractère absolu.

Par exemple, dans Œdipe-Roi de Sophocle, la passion de connaissance éprouvée par Œdipe le détruit lui et ses proches.

Dans Phèdre de Racine, Phèdre dit à propos de sa passion amoureuse que « ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachées/c'est Vénus toute entière à sa proie attachée.

».

Cette passion qui transporte et transforme l'individu, est-elle fondamentalement destructrice ? Il existe des passions « heureuses », où le désir est le moteur d'une grande entreprise.

Rien de grand dans ce monde ne s'est fait sans passion, sans une attitude « passionnelle » face à la réalité des choses.

Ce qui semble être destructeur, c'est une expression « inadéquate » de cette passion.

Si la passion est refoulée, tue, niée, elle devient potentiellement destructrice.

Mais à l'inverse, une passion pleinement satisfaite dans son expression peut être constructrice. I.

La passion dans l'individu - Comment définir la passion ? « La passion est un mouvement de l'âme qui, touchée du plaisir ou de la douleur ressentie ou imaginée dans un objet, le poursuit ou s'en éloigne », écrivait Bossuet dans Connaissance de Dieu et de soimême.

Ajoutons que la passion est bien souvent plus impérative que la raison, et qu'elle l'emporte sur le jugement rationnel lorsque nous sommes amoureux, haineux, joyeux, tristes, etc. - La passion n'est pas un objet de la raison, on imagine, on ressent plutôt qu'on ne juge l'objet de la passion.

Elle a ainsi été définie comme un handicap pour le bon usage de la raison.

Les stoïciens insistaient sur le caractère dangereux de la passion, et préconisaient de s'en garder à tout prix.

Chrysippe a ainsi construit son traité Des Passions : trois livres et un livre « thérapeutique ». - Mais ne considérer la passion que comme un mal conduit à la refouler, à tenter de la dissimuler.

Freud démontre que ce processus de refoulement conduit à la névrose, une « maladie du désir ».

La passion est destructrice dans ce cas de figure, car elle est l'objet d'un conflit entre le conscient et l'inconscient, nuisible pour le psychisme de l'individu. II.

Le paradigme de la passion - On reconnaît l'amoureux à son initiative, son ardeur, comme s'il était constamment agité d'un désir brûlant.

Entièrement dévoué, l'amoureux subit cette passion, à la manière d'une loi physique, « le désir a sa place entre les grandes Lois/qui règnent sur le monde/et sans combat la divine Aphrodite/fait de nous ce qu'elle veut.

» (Antigone, Sophocle). - Le paradigme de la passion est la passion amoureuse.

Lorsque l'on éprouve de l'amour pour un objet, rien ne peut nous en détourner, et nous sommes dévoués à l'union à cet objet.

« On se considère comme joint et uni à la chose aimée, on est toujours prêt d'abandonner la moindre partie du tout qu'on compose avec elle pour conserver l'autre.

» (Passions de l'âme, Descartes).

L'amoureux est ici plein d'initiative en ce qui concerne l'objet aimé, il construit un tout avec celui-ci. - Il faut admette que la passion puisse être destructrice, mais en dernier et potentiel recours.

Ce qui est certain, c'est que la passion est une violence faite à soi-même et aux autres, c'est un principe de rupture dans la réflexion et l'action, une révolution dans le psychisme de l'individu.

A ce titre, la passion peut construire. III.

La passion est une violence - La passion, par son aspect excessif, est une violence qui peut s'exercer positivement et négativement.

Si la passion ne nous place pas dans l'illusion, qui est la méconnaissance de ce qui est bon pour soi, elle peut être une force constructrice, une force de projection dans la vie.

Nietzsche, dans l'Antéchrist, refuse de prendre la passion comme un sentiment excessif et nuisible, et lui donne une signification positive en désignant par là le désir et l'affectivité. - La passion est constructrice, dans la mesure où elle est un investissement entier de l'individu, une énergie, elle est la motivation de l'homme à agir.

La passion, comprise comme une affection violente, est aussi bien la peur qui décuple nos forces que l'amour qui « nous donne des ailes ».

Selon Spinoza, la passion est fondamentalement bonne, car elle est l'engagement de forces pour « persévérer dans l'existence.

» - La passion, qui trouve son origine dans la sensibilité et l'imagination, est, plus que le jugement, la motivation d'une action.

Ce qui fait la vie d'individu, ce sont ces passions, ces profondes affectations qui le poussent à poursuivre un rêve, un amour, un but. Conclusion : La passion, motivation qui échappe au rationnel, est destructrice dans la mesure où elle est mal exprimée, ou lorsque qu'elle s'oppose, dans l'illusion, à la raison. On voit dans la passion amoureuse que le caractère violent et subi de la passion n'est pas forcément une entrave à l'épanouissement de l'individu La passion est une force dans l'individu, qui, par sa violence et son emprise, peut aussi bien être destructrice que constructrice, selon qu'elle peut s'épanouir ou non. PS: une petite étourderie s'est malencontreusement glissée à propos de Phèdre, pas Néron ( j'ai toujours préféré Britannicus) mais bien Phèdre elle-même. A bientôt. »

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