La notion d'Inconscient
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L'inconscient.
Il y a bien des manières d'introduire le concept d'inconscient et plus encore les phénomènes qu'il permet
d'appréhender.
Si Leibniz parle au XVII ième de perceptions inconscientes, c'est d'un point de vue
métaphysique et non psychologique, pour montrer que nous ne sommes pas conscients à chaque instant
de tout ce qui nous affecte, distinguant ainsi perception et aperception (comme conscience de ce que
nous percevons) ou réflexion, soulignant que si la pensée est continue en nous elle ne se réduit pas à la
conscience, comme pour les cartésiens, si au XIX ième, Schopenhauer puis Nietzsche critiqueront le
privilège accordé à la raison et à la conscience pour définir l'homme et feront du corps le lieu de forces
inconscientes refoulées et de l'instinct sexuel les causes profondes et obscures de nos actes et pensées, il
est nécessaire, en vue d'analyses rigoureuses de comprendre en quel sens Freud, père de la psychanalyse
(mais les questions de paternité dans le domaine de la pensée sont toujours complexes et propres à
controverses), produit une théorie de l'inconscient tout à fait originale (une théorie des névroses qui a ses
lois spécifiques étrangères à celles de la conscience) qui prétend prendre ses distances par rapport à la
spéculation philosophique pour revendiquer un statut de scientificité dont la spécificité est encore
aujourd'hui âprement discutée et, comme il est en plus de bon ton, rejetée avant même examen des
pièces du dossier.
De façon générale, l'inconscient était identifié, par la tradition rationaliste cartésienne à la partie animale
et instinctive de l'homme, à sa face d'ombre que précisément Freud se propose d'interroger.
La
psychanalyse ne doit pas sa naissance à des préoccupations théoriques (comme par exemple l'étude du
psychisme humain qui ne se réduit pas à la conscience et au moi) mais tout au contraire à des sources
thérapeutiques, ce que montre aussi son développement qui repose sur des hypothèses heuristiques dont
il faut évaluer les apports pratiques dans la technique analytique.
Freud, médecin de formation, travaillant
sur les maladies nerveuses, notamment à Paris, avec Charcot, observe l'impuissance de la psychiatrie à
guérir ce qu'il nommera des névroses, telle l'hystérie (ensemble de symptômes d'apparence organique convulsions, paralysies, douleurs physiques - et de manifestations psychiques pathologiques hallucinations, délires, angoisses, etc.).
Les réponses de la médecine dite scientifique et de la psychologie
et psychiatrie qui s'en réclament ne permettent pas de comprendre cette souffrance qui s'exprime sous la
forme de ce qu'on a le plus souvent caractérisé comme folie au sens de déraison et ne permettent pas de
donner un sens à des états morbides qui cependant ne détruisent pas en totalité le sujet qui les subit.
Là
où la médecine ne voulait voir que des lésions et causes organiques, des altérations du système nerveux
qu'en droit la science devrait parvenir à expliquer objectivement, positivement, Freud, après de longs
tâtonnements, des résistances et incertitudes, émet la double hypothèse qui fonde la psychanalyse: les
symptômes morbides ont un sens que le sujet méconnaît, ils sont l'expression symbolique d'un conflit
psychique qui trouve ses racines dans l'histoire infantile du sujet ( qui et toujours une histoire familiale
dont la structure et celle du complexe d'Œdipe où se constitue de façon à fantasmatique, symbolique et
imaginaire le rapport au désir et à la loi, à l'interdit de la transgression) et constituant des compromis
entre le désir, l'exigence de satisfaction et la défense qui, schématiquement, provient à la fois de la
moralité et des normes de la vie sociale mais aussi du rapport du sujet à lui-même dans l'intériorisation de
la loi.
Le destin de l'inconscient et du sujet se joue ainsi entre affect et représentation, comme l'indique le
concept fondamental de pulsion qui lie le psychisme au corps.
Cette thèse liminaire ouvre ainsi un large
champ d'investigation, l'inconscient, dont il faut énoncer les lois propres afin de montrer quelle part de
méconnaissance constitutive l'homme dans son rapport à ce qu'il nomme lui-même et l'autre.
Mais, Freud,
n'échappant pas à la domination sans partage du modèle scientifique de son temps, les sciences de la
nature et le principe de causalité qui est un principe explicatif, la biologie qui se développe
considérablement à la fin du 19e ( rôle fondamental de la théorie darwinienne), oscillera entre deux voies:
justifier l'inconscient en l'érigeant en nature, usant ainsi des concepts de causalité et de force mais aussi
des concepts de la biologie, appréhender les phénomènes inconscients comme production de signification
qui font toujours l'objet d'un travail d'interprétation, comme par exemple le rêve.
Ces difficultés de
méthode (naturalisme d'un côté, herméneutique de l'autre) que nous ne faisons plus souligner
partageront les héritiers et autres qui depuis discutent la théorie freudienne de l'inconscient dont il ne faut
jamais oublier que les effets pratiques, thérapeutiques et institutionnels (là encore objet de mille et une
controverses).
Considérant à partir de Freud que la psychanalyse est une théorie générale des névroses nous pouvons
exposer schématiquement cette théorie au moyen de quelques concepts fondamentaux, puis examiner la
question classique du déterminisme psychique et à partir de la critique non moins classique de Sartre qui,
tout au moins dans "L'être & le néant", nie la réalité de l'inconscient pour lui substituer ce qu'il nomme la
"mauvaise foi" comme conduite de négation et de fuite vis-à-vis de soi-même, affirmant ainsi contre tout
déterminisme le caractère inaliénable de la liberté dans un monde aliéné.
I ) Quelques concepts fondamentaux.
1) Découverte de l'inconscience et méthodes.
Il y a un mythe fondateur de la psychanalyse.
Ce n'est pas Freud qui découvre la voie pour accéder à
l'inconscient mais Bertha Appenheim plus connue sous son nom de cas clinique Anna O.
Celle-ci, nous
sommes en 1880, alors âgé de 21 ans, d'origine viennoise, très vive et intelligente, souffre de symptômes.
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