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La morale est-elle affaire de sentiment ?

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« Position de la question.

Les jugements moraux sont des jugements de valeur.

Où réside le principe de ces jugements? 1.

La théorie affective des valeurs. Selon une conception assez courante, ce serait dans le sentiment ou, comme on dit souvent, dans le « coeur « : « Le juge de l'homme est dans son coeur », dit VOLTAIRE dans son poème sur la Loi naturelle.

Sous une forme plus philosophique, on a soutenu que le principe de l'évaluation est dans l'affectivité, sous la forme soit de la sensibilité, soit du sentiment.

Chr.

VON EHRENFELS ramène la valeur d'une chose à sa désirabilité.

Max SCHELER regarde les valeurs comme des essences idéales, mais alogiques et irrationnelles, dénuées de signification directe, et que nous saisissons par une intuition purement émotionnelle, par le sentiment pur. 11.

Discussion de la thèse. A.

— Il paraît difficile cependant d'accepter cette thèse.

Si le sentiment et, à plus forte raison, la sensibilité sont insuffisants pour guider notre conduite (sujets 66-67), à plus forte raison sont-ils incapables de fournir le principe même de l'évaluation.

L'évaluation est un jugement et, bien qu'il puisse être, en fait, largement influencé par l'affectivité, le jugement est, en droit, un acte proprement intellectuel et, en tout état de cause, l'affectivité ne saurait le fonder en raison. B.

— Elle le peut encore moins quand il s'agit d'un jugement de valeur.

L'ordre des valeurs est essentiellement normatif.

Or, comme l'a fait observer E.

BRÉHIER (dans la Revue de Métaphysique et de Morale, juill.

1939, p.

409), « la norme ne dérive pas du sentiment lui-même, mais d'un principe étranger au sentiment et qui, seul, peut le qualifier...

La sensibilité n'est pas une norme, mais elle a une norme; elle cherche à se justifier par cette norme plus qu'elle ne justifie la norme ».

Seule, la raison, en tant que faculté normative et hiérarchisante, peut être constitutive de valeurs; seule, elle est capable de leur donner cette consistance, comme a dit E.

DUPRÉEL, qui les rend indépendantes des particularités individuelles et qui tient à ce qu'un ordre idéal, le Bien, est reconnu comme tel et maintient la conscience affranchie de ses impulsions égoïstes et des sollicitations souvent incohérentes de la sensibilité. Conclusion.

Le sentiment, pourvu qu'il soit réglé par la raison, peut nous aider dans la pratique de la vie morale. Mais il ne saurait être le principe de l'évaluation morale.. »

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