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La douleur est-elle stimulante ou déprimante ?

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« Seule la souffrance physique - la « douleur » - semblerait devoir faire l'objet d'une certitude : mieux localisée, plus sporadique et dotée de seuils d'intensité éventuellement déterminables, elle échapperait à cette suspicion qui caractérise la souffrance, dont la causalité, étant d'ordre suprasensible aussi bien que sensible, fait intervenir des éléments réputés imaginaires.

Bref, la douleur, ne se développant point encore en doléance, se confondrait avec le degré de sensibilité qui caractérise le vivant dans sa manifestation existentielle la plus élémentaire.

Aussi, la douleur faisant partie intégrante de la vie, il reste à savoir si elle fait figure de stimulant, si elle renforce le sentiment de vie ou si au contraire elle marque la dégradation de notre être, comme un prémisse de la mort. 1) La douleur est à éviter , elle n'engendre que le malheur. Avec Socrate, le problème éthique est au centre des préoccupations d'une philosophie qui se découvre une vocation à l'universalité, et qui rompt avec la confusion polymathique des penseurs précédents.

Pour ses successeurs, la question du plaisir n'est pas d'abord un problème, mais une réponse parmi d'autres, dont la nature est telle qu'elle échappe à la juridiction de la raison et de tout discours.

Affirmation vécue d'une évidence irrépressible : le plaisir est le bien suprême.

C'est en fonction de lui seul, si cela était nécessaire, que nous pourrions déterminer ce que nous devons faire et qui nous sommes. Cette donnée immédiate n'est le fruit d'aucune spéculation, mais d'une appréciation exquise qu'instaurent le sentiment de plaisir qu'il faut rechercher à tout prix et celui de peine qu'il faut fuir de toutes les manières.

C'est dire qu'il n'y a pas de milieu possible entre le plaisir et la douleur ; bien plus, l'oscillation entre ces deux pôles n'est pas constitutive de l'expérience, puisque toute préférence et toute aversion sont désignées en référence non à la douleur, ni au plaisir par différence avec la douleur, mais au plaisir seul. Celui-ci ne comporte donc aucun préalable et ne satisfait qu'au seul impératif de la pure jouissance présente, actuelle, sans mémoire ni avenir, se suffisant dans le mouvement de s'assouvir La thèse d'Aristippe est radicale : il faut être sensible à sa force irruptive et à son impact polémique plutôt qu'aux contradictions qu'elle engendre.

Les philosophes grecs ne s'y sont pas trompés pour qui le scandale hédoniste met à nu les soupçons qui pèsent sur le logos dès lors qu'il se réserve le privilège d'une juridiction inassignable et se présente comme le meilleur moyen d'atteindre le souverain bien.

Aussi la doctrine d'Aristippe, puisqu'elle nous parvient par le biais des polémiques et prises de position auxquelles elle donna lieu, s'éclaire moins par elle-même que par cette tradition qui la prend en charge mais désamorce la virulence hédoniste au profit de ce que celle-ci se proposait précisément de dénoncer.

De la thèse hédoniste, Platon retient que le plaisir est un mouvement ; le plaisir n'est pas absence de douleur ou suppression de la douleur ; il est un état positif, essentiellement bon.

Aussi trouvet-il sa place, la cinquième dans l'énumération des éléments dont se compose le souverain bien.

Mais il s'agit des plaisirs purs et donc intrinsèquement bons, parce qu'ils ne sont mêlés d'aucune souffrance, c'est-à-dire précédés d'aucun désir : ils ne satisfont à aucun manque et ne renferment donc rien qui soit contraire à leur essence.

À ce titre, les plaisirs purs appartiennent à la nature du fini ; ils sont stables et limités, et donc d'une certaine manière parfaits.

Si le plaisir est constitutif du souverain bien quoique étant un mouvement, ce mouvement n'est donc plus indéterminé, comme l'implique la thèse d'Aristippe, ni enclos dans l'instant du pur jouir ; mais le plaisir est un mouvement ordonné, tendant vers sa fin dont il est prise de conscience et manifestation.

L'évidente positivité du plaisir, qui pour les cyrénaïques est une évidence constatée, est pour Platon une évidence conquise.

Conquise, car le plaisir engendre les simulacres : l'illusion est d'abord inévitable qui donne à éprouver du plaisir quand cesse la douleur.

C'est le propre des plaisirs mélangés que d'être toujours liés à leurs contraires, d'autant plus vifs et moins parfaits (participant en cela de l'infini, apeiron) que plaisirs et peines se parachèvent en leur contraire, accroissant de concert leur intensité et leur ronde folle.

Si la thèse de Platon demeure hédoniste, c'est au prix d'une métaphysique où le plaisir est une essence, et donc une norme pour qui veut l'actualiser et s'en servir comme critère pour fonder une anthropologie et une éthique.. »

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