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La civilisation est-elle en constant progrès ?

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« Introduction L'idée florissante – à partir du 18 ième siècle – d'un progrès de l'humanité visible historiquement fut magistralement mise en exergue par ces mots freudiens : « Au cours des dernières générations, les hommes ont fait des progrès extraordinaires dans les sciences de la nature et dans leur application technique, consolidant leur domination sur la nature d'une façon que l'on ne pouvait se représenter auparavant.

» (Cf.

Malaise dans la culture, ch.

III).

De prime abord, l'espèce humaine semble en effet avoir la particularité de donner une orientation progressiste – par le biais d'évolutions philosophiques (la conscience, la raison) auxquelles se rapportent celles de la science et des techniques – à son histoire. Cependant, nombreux sont les philosophes, les scientifiques et les historiens qui vinrent contester cette thèse.

Pour pouvoir affirmer cette dernière, pensent-ils communément, encore faut-il saisir les déterminations (philosophiques et historiques) qui régissent les notions respectives d' « humanité » et de « progrès » !? Plus, pour juger du sens positif de l'Histoire (en termes de direction mais aussi de signification), la plupart des progressistes se sont appuyés, au mieux, sur des faits historiques, au pire sur de simples croyances « téléologiques » (supposition d'un finalisme universel), et parfois sur les deux.

Un problème se pose alors : en admettant que l'humanité progresse, comment caractériser cette progression ? Est-elle constante (thèse des « continuistes ») ou inconstante (thèse des « discontinuistes ») ? Est-elle tout simplement objectivable ? Pour prétendre répondre à la question générale : « l'humanité est-elle en progrès constant », il faudra donc s'engager successivement dans ces deux axes d'analyse. I.

« Humanité » et « progrès » ? Comprendre la notion de progrès c'est comprendre, de manière primordiale, ce qu'est l'humanité.

Telle est la leçon que l'on reçoit dès l'antiquité, en Grèce.

On peut dire que l'acte de naissance de la philosophie intervient avec la promotion faite à l'humanité en termes de « processus ».

C'est en effet un acte fondateur, philosophiquement, puisqu'il permet à l'homme de s'affranchir d'un monde à la fois naturel (animalité, primat de l'instinct) et « cultuel » (monde régit par les forces divines et les rituels irrationnels qui lui sont associés). Cette compréhension de la spécificité humaine comme « procession » à la fois naturelle et rationnelle vers un but meilleur (aspect téléologique) fut remarquablement exprimée par Aristote : « C'est pourquoi toute cité est naturelle, puisque le sont les premières communautés qui la constituent.

Car elle est leur fin, et la nature est fin : car ce que chaque chose est une fois que sa genèse est complètement achevée, nous disons que c'est la nature [à la fois essence et développement de celle-ci !] de cette chose, ainsi pour un homme, une famille, un cheval. De plus le « ce en vue de quoi », c'est-à-dire la fin, c'est le meilleur ; et l'autarcie [vie indépendante des contraintes extérieures, naturelles] est à la fois la fin et le meilleur.

» Le « Stagirite » en vient à définir l'homme comme « animal politique » (Zôon politikon en grec), définition capitale puisqu'elle définit justement l'humanité – volonté de vivre en communauté organisée, selon des règles éthiques et grâce à la parole – qui habite chaque individu.

Si l'on en croit Aristote, l'humanité est cette volonté naturelle qui incline la communauté des hommes vers la recherche du meilleur.

C'est dire que l'espèce humaine à en elle (génétiquement !) cette faculté de progresser continuellement.

Mais Aristote ne dit pas que l'humanité connaîtra inéluctablement cette progression constante.

Il admet que cette inclination sera toujours à la merci des conditions extérieures, de l'accident, du hasard, de la contingence...

Aucune certitude, donc, que l'humanité puisse, de manière effective, mener à bien son projet. À partir de la Renaissance, la relecture des philosophies antiques grecques à l'aune des découvertes et révolutions scientifiques, philosophiques, culturelles (Copernic, Galilée, Newton, Descartes, Colomb...) redonne, aux notions d' « humanité » et de « progrès », un souffle nouveau.

L' « humanisme » est le mouvement socio-culturel qui rejette la scolastique du Moyen Âge au profit de l'Antiquité gréco-latine.

Il en résulte un sens (vite perdu) d' « amour général de l'humanité » dans lequel se trouve une promotion anthropologique de l'individu et de l'autonomie du sujet pensant.

L'humanité est ce mouvement d'affranchissement du théologique par glorification des capacités (intellectives, morales, philosophiques...) humaines. Le « siècle des Lumières » viendra, ensuite, consacrer la raison humaine (notamment Kant) dans son pouvoir d'éclairer le monde en donnant sens et vérité à l'histoire humaine.

Cette effervescence basée sur un idéal de progression humaine dans tous les domaines (science, morale, technique...) viendra trouver sa forme paroxystique au 18ième et 19ième siècles.

L'idée d'un progrès effectif de l'humanité fleurit dans bon nombre de pensées. Condorcet (Cf.

Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain), tout comme Rousseau, considère l'humain comme un être perfectible.

Mais contrairement au Genevois, il voit dans l'histoire réelle de l'humanité le. »

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