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L' artiste n' est il qu'un technicien ?

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« Pour démarrer Le créateur de beauté, celui qui se voue à l'expression du beau (dans l'oeuvre d'art) est-il seulement un individu connaissant et contrôlant les applications pratiques de son art ? Conseils pratiques N'oubliez pas de relier la maîtrise du spécialiste compétent à cette inspiration qui est au centre de l'art et que nul ne peut nier.

Si l'artiste a besoin d'un savoir-faire nécessaire pour dominer s a pratique, néanmoins l'art est l'oeuvre du génie (comme disposition innée de l'esprit) et ne relève donc pas seulement de la technique. Bibliographie P L A T O N, Ion 533 c (diverses éditions de poche). KA NT, C ritique de la faculté de juger, Vrin. NIETZSCHE, Humain, trop humain, Idées-Gallimard. Etymologiquement, le mot art vient du latin ars, qui signifie habileté, connaissance technique.

On voit que dès son origine, il est lié à un certain savoirfaire et renvoie à la production artisanale qui nécessite une certaine technique.

De même, la technè en grec veut dire fabriquer, produire et vaut aussi pour les Beaux-A rts.

C ependant, à partir du XV IIIe, art et technique se sont divisés et spécialisés respectivement dans la recherche du beau et la production industrielle.

Dès lors, on peut se demander quel est le statut réel de la technique, du savoir-faire dans la reconnaissance d'un artiste ? I) L'artiste est avant tout un technicien - Tout artiste est d'abord un technicien.

D'une part, un peintre, par exemple utilise des techniques enseignées aux beaux-arts pour réaliser sa toile, comme la perspective.

Toute activité artistique nécessite un savoir-faire, une méthode qui mobilise à la fois des connaissances théoriques et pratiques.

C eci implique que l'artiste connaisse les règles et techniques de production, ainsi qu'une certaine expérience, habileté dans leur mise en oeuvre.

La plus ou moins grande maîtrise dans le savoir-faire est donc toujours particulière à un producteur donné.

Le savoir faire permet ainsi d'identifier un artiste ou un courant artistique.

Il est en effet possible de dater une oeuvre, l'attribuer à un artiste ou à une époque spécifique de l'histoire de l'art grâce à la reconnaissance du type de technique employée. - D'autre part le grand artiste invente sa technique comme il inventerait une langue originale.

C ézanne par exemple a créé sa propre technique en effectuant un travail sur la couleur.

Le savoir faire fournit ici un critère pour apprécier la valeur d'un artiste en le distinguant.

L'habileté voire la virtuosité dans le savoir faire devient en ce sens le critère même de l'art.

L'artiste est celui qui possède une assez grande maîtrise des techniques de réalisation pour s'en détacher et inventer son propre style - L'artiste ne peut donc créer sans technique, il se rapproche de l'artisan ou technicien, qui applique habilement des méthodes de réalisation.

Dans la civilisation artisanale, antérieure à celle de l'industrie, l'art désigne l'activité productrice en générale de sorte que l'artiste et l'artisan ne peuvent être facilement distingués.

Dans l' Ethique à Nicomaque , A ristote dit d'ailleurs que l'art « concerne la production ».

La division du travail n'existant pas encore, l'artisan produit de façon individuelle la totalité des opérations, conduisant de la matière première à l'objet achevé.

Au même titre que la création artistique, le produit artisanal est une oeuvre c'est-à-dire l'expression d'une individualité. II) - L'artiste n'est pas réductible au technicien Dans la Critique du jugement, Kant définit les Beaux-A rts comme « les arts du génie », en se fondant sur l'opposition radicale entre la production technique et la création esthétique.

La période industrielle a introduit une précision nouvelle dans la distinction des formes de production.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le terme nouveau de technique vient s'ajouter à celui traditionnel d'art.

La rationalisation de la production technique, l'a réduite à l'application d'un savoir.

A l'opposé dans ce qui relève de l'art, non seulement « la façon de réussir la production » ne peut être « démontrer scientifiquement », mais de plus « elle ne peut être décrite ». - Si l'on veut penser la distinction entre l'artiste et l'artisan ou le technicien, c'est le génie qui apparaît comme critère spécifique des Beaux-A rts.

A insi Kant voit dans le génie un talent inné, celui de produire « ce pour quoi on ne peut donner aucune règle ».

L'artiste est capable de créer la beauté grâce à la capacité originale d'invention de son imagination, dans son libre jeu avec l'entendement.

Il se distingue de l'artisan ou technicien par sa capacité, non pas à mettre en oeuvre plus ou moins habilement une règle, mais à inventer celle qui préside à la constitution de son oeuvre. - Enfin, la période industrielle moderne introduit le mot de technique comme application d'une connaissance scientifique.

Elle est le résultat d'une immense activité collective, où la division du travail ne laisse pas la possibilité de s'exprimer.

P ar opposition à la froideur inexpressive du produit industriel, le produit artisanal comme un meuble baroque, possède une âme.

L'art ne peut donc plus se confondre avec la technique au sens moderne, devenue impersonnelle et utilitaire. III) Le savoir-faire, une condition nécessaire mais non suffisante Le savoir-faire comme connaissance des règles de production, s'avère nécessaire ne serait-ce que pour savoir défaire et transgresser ces règles.

La technique, est en quelque sorte un point de départ pour l'artiste.

Un dessinateur par exemple, doit apprendre à maîtriser la technique de l'ombre pour pouvoir donner à son oeuvre un certain relief.

Si le génie ne s'apprend pas, le talent ne peut s'exercer qu'à partir du savoir-faire.

Une fois que l'artiste maîtrise les techniques de base pour produire un tableau ou encore une mélodie, il peut bousculer ce savoir sclérosé et laisser parler sa sensibilité. De plus, depuis le XV IIIe, l'art désigne c e qui concerne l'esthétique, c'est à die la satisfaction éprouvée à regarder, entendre une oeuvre. C ontrairement à la technique dont le seul objet est l'utilité, l'art vise le beau, objet d'une satisfaction désintéressée.

C omme homme, être raisonnable sensiblement affecté, l'artiste est celui qui représente ce qu'il voit et ce qu'il pense, l'oeuvre serait en quelque sorte le moi rendu sensible.

P ar son oeuvre, l'artiste traduit une certaine sensibilité, comme un message sensible, cette âme que la technique a perdu en devenant une production collective et impersonnelle. Enfin, la reconnaissance comme appréciation d'un artiste n'est pas un problème technique.

On ne peut en effet louer un artiste pour son savoir-faire, mais cette reconnaissance technique n'implique pas forcément celle d'un talent artistique.

C ette dernière se fonde davantage sur l'émotion suscitée par la contemplation d'une oeuvre.

Le critique ou l'historien d'art peuvent renseigner l'amateur sur les techniques employées par un artiste, m a i s c e s renseignements sont secondaires dans l'appréciation du spectateur.. »

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