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IMAGINATION ET METAPHYSIQUE ?

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« IMAGINATION ET METAPHYSIQUE « Imagination (nous dit PASCAL au fragment 44 édition Lafuma) – C'est cette partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours ; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infailliblement du mensonge.

Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai du faux.

[...] Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, elle peut en toutes choses, a établi dans l'homme une seconde pour montrer combien nature.

» BAUDELAIRE au chapitre 4 du Salon de 1859 (« Le gouvernement de l'imagination ») traduit la définition que propose Catherine CROW dans La face nocturne de la nature (1848) « Par imagination, je ne veux pas seulement exprimer l'idée commune impliquée dans ce mot dont on fait si grand abus, laquelle est simplement fantaisie, mais bien l'imagination créatrice (constructive imagination), qui est une faculté beaucoup plus élevée, et qui, en tant que l'homme est fait à la ressemblance de Dieu, garde un rapport éloigné avec cette puissance sublime par laquelle le Créateur conçoit, crée et entretient son univers.

» On peut dès à présent faire plusieurs remarques quant à l'imagination : Nous avons ici deux perspectives radicalement opposées sur l'imagination : maîtresse d'erreur et de fausseté, source d'illusions d'un côté ; faculté créatrice de l'autre insistant sur le rapport entre l'homme et son créateur.

Il est donc manifeste que l'imagination est une notion plurivoque. En outre la seconde définition proposée par BAUDELAIRE et par delà par CROW insiste sur un possible rapport entre imagination et métaphysique – métaphysique dans sa dimension théologique.

C'est justement le rapport entre imagination et métaphysique qui va être l'objet de notre réflexion. Cette réflexion peut sembler dans un premier temps sans fondement.

En effet, si l'on considère l'imagination comme étant une perception affaiblie qui voile l'objet qu'elle tend à montrer, comme une sous-perception proposant une pâle copie – on voit le rapport entre imagination et imitation – de la perception première, dans ce cas il semble que le seul rapport qui puisse exister entre imagination et métaphysique soit négatif, voire même exclusif.

L'imagination serait imitation qui nous pousse du côté sensible et ce de façon dévoyée – en ce sens l'imagination ne pourrait être qu'obstacle, entrave à la métaphysique. Mais l'imagination n'est-elle que reproductrice, ne peut-on pas comme le suggère BAUDELAIRE la considérer comme productrice, créatrice ? Il serait dès lors possible dans cette nouvelle perspective de reconsidérer le rapport imaginationmétaphysique – et ce à plusieurs niveaux : dans quelle mesure peut-on considérer l'imagination comme racine de la métaphysique ? L'imagination peut-elle être un outil afin d'avoir accès à certaines vérités métaphysiques ? Est-il possible de penser une métaphysique dite de l'imagination ? Les problèmes dès lors foisonnent. D'où la question qui servira de fil conducteur à notre analyse : Quelle est la nature du rapport existant entre imagination et métaphysique ? La métaphysique peut-elle faire l'économie de l'imagination ? Trois interrogations ponctueront notre analyse : Premièrement, dans quelle mesure l'imagination s'inscrit-elle dans une relation d'exclusion ou d'opposition à la métaphysique ? Puis, dans quelle mesure si l'on distingue imagination reproductrice et imagination productrice, est-il possible de penser l'imagination comme ce qui permet l'ouverture du Dasein à l'être – comme constitutif du rapport de l'homme à la métaphysique ? Finalement, dans quelle mesure l'imagination créatrice dans le cadre de la création et du langage poétique peut-elle être considérée comme un mode d'accès aux objets de la métaphysique ? Peut-on même dans ce cadre penser la possibilité d'une métaphysique de l'imagination ? Dans quelle mesure l'imagination s'inscrit-elle dans une relation d'exclusion ou d'opposition à la métaphysique ? Si l'on part d'une conception classique de la métaphysique comme étant l'étude de ce qui est au-delà de la nature, au-delà des phénomènes livrés à l'expérimentation, et si l'on considère l'imagination comme intrinsèquement liée avec la sensation, et le. »

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