Husserl et L'ego transcendantal
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«
L'ego transcendental (que la réduction transcendantale nous révèle tout d'abord avec ses horizons indéterminés) se s aisit
tout aussi bien soi-même, dans son être primordial propre, que, sous forme de son expérience transcendantale de l'autre, les
autres ego transcendantaux, bien que c e s derniers ne soient p a s donnés directement eux-mêmes ni dans l'évidence
apodictique absolue, mais seulement dans l'évidenc e de l'expérience "extérieure".
A utrui, je l'appréhende "en" moi, i l s e
constitue en moi-même par l'apprésentation sans y être présent "lui-même".
C iter les M éditations cartésiennes dans un sujet sur la c onscience (C omment une expérience du monde par la conscience
est–elle possible ?)
L'explication de ce texte de Husserl s uppose d'abord de comprendre la notion d'«ego transcendantal».
Kant' avait mis en
évidence que, pour qu'une expérience du monde soit pos sible à la conscience, il fallait que la conscience elle-même soit
porteuse des s tructures (formes de la sensibilité et catégories de l'entendement) qui rendent cette expérience possible et
qui lui donnent la forme qu'elle prend pour nous (d'où la différence entre phénomènes et noumènes: voir texte de Kant, p.
77)
De même Husserl met en garde contre la naïveté qui consiste à croire que le monde es t simplement donné à une conscience
qui serait comme un réceptacle pas sif.
I l faut mettre entre parenthèses la c royance naïve au «monde extérieur».
La
philos ophie dont l'objet est d'expliciter quelles sont ces structures de la c onscience qui prédéterminent toute expérience
possible porte le nom de «phénoménologie».
Littéralement cela signifie «science des phénomènes», ou encore «s cienc e de
ce qui apparaît à la cons cience».
Il ne s'agit donc pas d'une science du monde extérieur (comme la physique; ou même la
psychologie empirique, qui considère l'esprit comme un objet extérieur), mais d'une sc ience de la conscience par elle-même.
O u encore, d'une science du «moi» en tant qu'il structure, aussi bien au niveau sensible qu'intellectuel, mon expérienc e du
monde extérieur.
C 'est là c e que H u s s e r l appelle l'ego transcendantal : l'ensemble des structures du «moi» qui rendent
possible l'appréhension d'objets extérieurs à moi.
C iter les M éditations cartésiennes dans un sujet sur autrui (Que puis—je connaître d'autrui ?)
Le problème d'autrui est le suivant: c'est qu'autrui est un «moi» qui n'es t pas moi.
Je me connais moi-même de manière immédiate, et je peux rapporter à moi
toute mon expérience du monde, c omme le fait D escartes lors qu'il explique que tout c e que je crois connaître comme extérieur à moi est en fait un ensemble
de représentations en moi.
C e «moi» qui précède et rend possible, par s es s tructures propres, l'expérience du monde extérieur, c'est ce que Husserl appelle
l'«l'ego transcendantal».
M ais comment cet ego peut-il connaître autrui autrement que comme un simple objet parmi les autres? Si toute expérience peut être
ramenée à une de «mes » représentations, puis -je reconnaître autrui en tant que tel, s a n s le subordonner à moi? E t r é c iproquement, comment sortir du
«solipsisme» cartés ien, qui, en ramenant tout à moi, me laisse seul au monde? C e que Huss erl explique dans c e texte, c'est que c 'est une conception naïve de
l'ego transcendantal que de penser que tous les objets de ses représentations, en particulier autrui, lui s ont subordonnés ou lui appartiennent, sous prétexte
qu'ils n'existent, pour lui, que dans la sphère de sa c onscience.
A utrement dit, ce n'est pas parce que tout objet est constitué c omme objet par la médiation
active du sujet, qu'autrui est un «objet» comme les autres.
Si je peux avoir l'expérience particulière d'autrui, c'est parce qu'il existe en moi une structure qui
me permet cette expérience de ce qui ne m'appartient pas et qui est soi-même un «moi».
C 'est pourquoi Husserl peut dire qu'autrui est «constitué en moimême», mais «sans y être présent lui-même», puisque cette forme-autrui en moi ne me permet pas de lire ses pens ées.
LE SOLIPSISME CHEZ DESCARTES
A ce moment de sa réflexion (découverte du cogito), Desc artes possède une certitude indubitable.
Il est; et son être c'est sa pensée.
C ar le doute, appuyé sur
l'hypothèse du malin génie, a séparé de moi non seulement le monde, mais encore mon corps et mes sens, a exorc isé tout c e qui est simplement «mien» pour
ne laisser subs ister dans sa prés ence indubitable que ce qui est «moi», c'est-à-dire ma conscience, ma pensée.
C ertitude d'être et de pens er, inaliénable
mais unique encore.
« Je suis une chose qui pense » mais « les choses que je s ens et que j'imagine ne sont peut-être rien du tout hors de moi et en ellesmêmes.
» Doutant du monde, certain de s a pensée et de s a s eule pensée, D e s c artes adopte provisoirement l'attitude q u e l e s philosophes nomment
«solipsisme» et qui représente la pointe extrême de l'idéalisme : il n'est pas pour moi d'autre être que ma propre pensée.
Le solipsiste est-il, comme disait
Schopenhauer, «un fou enfermé dans un bloc khaus imprenable » ? Le moi peut-il sortir de lui-même ?
HUSSERL (Edmond).
Né à Pros snitz (Moravie) en 1859, mort à Fribourg-en-Brisgau en 1938.
Il fit des études de mathématiques , fut le disciple de Franz Brentano et fut profess eur à Halle en 1887, à G6ttingen, de 1906 à 1916, et à Fribourg-en-Brisgau
de 1916 à 1933, date à laquelle il fut chass é de l'Univers ité, en tant qu'israélite.
Il fit, en 1929, une série de c onférences à la Sorbonne.
— Hus serl combattit
le psychologisme.
Le problème de la connaissance n'est plus primordial ; dans l'ordre cognitif, c'est la perc eption qui domine, de même que, dans l'ordre
objectif, c 'est le perçu.
P our H usserl, « la philosophie est une science » ; elle doit être descriptive.
Son but est une description exhaustive de l'existence.
— Le
critère décisif de l'existence, c'es t la présence d'une signification à la c onscience qui la vise.
La conscience est c ontemplation, intentionnalité et ouverture.
Elle existe« selon un mode d'être qui l'épuise dans la visée de l'autre qu'elle- même».
— La phénoménologie est une méthode :« Elle est un effort pour
appréhender, à travers des événements et des s empiriques, des « essences », c'est-à-dire des significations idéales.
C elles-ci sont saisies directement par
intuition à l'occasion d'exemples singuliers , étudiés en détail et d'une manière très concrète.
» (Lalande.) C ette méthode comporte deux caractéristiques :
l'époc hé, c'est-à-dire la suspens ion du jugement, l a m i s e entre parenthèses du problème de l'existence ou de l'inexistence des choses, de l'existence
substantielle du monde extérieur.
« Q uand il neutralise le monde, le phénoménologue s'aperçoit qu'il n'est pas placé « devant un pur néant ».
Son opération
dégage une sphère nouvelle d'existenc e que peut atteindre une expérience nouvelle, l'expérience transcendantale.
» (H usserl.) L'autre caractéristique est la
réduc tion éïdétique, c'es t-à-dire l'élimination des éléments empiriques du donné pour ramener à leurs pures es sences objectives les phénomènes donnés à la
c o n s c ienc e.
La réduction éïdétique est la substitution de la considération des essences à celle de l'expérience au s ens usuel.
— La phénoménologie est aussi
un système, et on la désigne du nom de phénoménologie trans cendantale.« Elle cherc he alors à mettre en lumière le principe ultime de toute réalité.
C omme
elle se place au point de vue de la signification, ce principe sera celui par lequel tout prend un s ens, l'« ego transcendantal», extérieur au monde, mais tourné
vers lui.
C e sujet pur n'est d'ailleurs pas unique, car il appartient à la signification du monde de s'offrir à une pluralité de sujets.
L'objectivité du monde
apparaît ainsi comme une « intersubjectivité transcendantale ».
La reconnais sance du domaine transc endantal et sa des cription demandent qu'on
adopte une attitude difficile à prendre et très différente de l'attitude naturelle : le moment ess entiel en est ce que Husserl dés igne du nom de « réduction
phénoménologique transcendantale ».
(G.
Berger.) — Dans la terminologie husserlienne, le noème est l'objet visé par l'intention connaissante ; c'est le sens
qui habite la réalité psychique ; la noèse est l'acte de la conscience tourné vers l'objet ; c'est la réalité psychique concrète.
— Husserl, qui n'eut guère le
temps d'achever l'élaboration complète de son système philosophique a eu une influence considérable sur toute la philos ophie moderne..
»
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