Guglielmo Marconi
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Guglielmo Marconi
L'histoire de Marconi constitue un bel exemple de réussite méritée.
Sa carrière fut celle d'un inventeur heureux ; mais il remplissait toutes les conditions
nécessaires : il avait une claire vision du but à atteindre ; il était ingénieux, patient et tenace ; il avait assez l'esprit des affaires pour inspirer confiance et
se procurer les moyens financiers indispensables à ses entreprises.
Guglielmo Marconi était né à Bologne, le 25 avril 1874, d'un père italien et d'une mère irlandaise.
De très bonne heure, il manifesta un goût très vif pour les
"manipulations de physique", et, dans le grenier de la maison paternelle, réussit à s'organiser un petit laboratoire avec piles, sonnettes, manipulateur
Morse, bobine de Ruhmkorff, et autres appareils à la mode.
Cela coûtait d'ailleurs assez cher, et nécessitait des emprunts secrets à la bourse maternelle,
tandis que Marconi père voyait ce bric-à-brac d'un mauvais Oeil.
Il est probable que le jeune Guglielmo, tout en faisant ses études à Livourne, était en relations, à Bologne même, avec le professeur Righi, qui répétait alors
les premières expériences sur les ondes électromagnétiques : la grenouille de Galvani et de Biot, qui se contractait au voisinage d'une machine
électrostatique à décharges ; le tube à limaille de Branly, qui, de même, devenait brusquement conducteur ; et surtout, les observations caractéristiques de
Hertz sur la polarisation, la réflexion et la rétraction des ondes électriques, analogues aux ondes lumineuses.
Toutes ces actions "à distance" étaient encore perceptibles à dix ou vingt mètres des sources, et il ne semble pas que personne, à cette époque, ait
imaginé qu'elles pouvaient l'être beaucoup plus loin ; si Popov décelait, avec son cohéreur branché dans un paratonnerre, des orages à plusieurs kilomètres,
c'est que les décharges atmosphériques mettaient en jeu des puissances hors de proportion avec celles des excitateurs de laboratoire.
Du moins, si l'idée
de "télégraphier sans fil" à des distances commercialement intéressantes avait alors traversé quelques cerveaux, elle ne s'était manifestée par aucun
geste réalisateur.
Or ce fut bien là le point de départ original de Marconi.
"Je commençai mes recherches à Bologne, a-t-il écrit, dans l'intention d'utiliser les ondes
électromagnétiques pour télégraphier à travers l'espace." A près quelques tâtonnements, il groupa trois éléments essentiels pour réaliser son premier
transmetteur : à l'émission, la bobine de Ruhmkorff et l'éclateur utilisés par Hertz ; à la réception, "l'antenne" et le cohéreur de Popov et de Branly, et
réussit, avec l'assistance improvisée d'un jeune paysan des environs, à transmettre les premiers signaux jusqu'à quelques centaines de mètres, dans la
campagne, et même "de l'autre côté de la colline".
C'était un premier résultat essentiel : les ondes électriques allaient plus loin qu'on ne le pensait.
Il déposa aussitôt une demande de brevet (2 juin 1896) et
l'offrit aux personnalités officielles de son pays...
qui, suivant une tradition trop répandue, refusèrent de se laisser convaincre.
Mais la première vertu d'un inventeur est de ne pas se décourager.
Marconi la possédait.
Il avait en outre la chance d'avoir, par sa mère, des relations en
Angleterre ; il entreprit le voyage et renouvela ses démarches ; on l'adressa à sir William Preece, ingénieur en chef des télégraphes, qui, précisément, était
en train d'essayer une "télégraphie par le sol" en utilisant l'induction basse fréquence, d'un bord à l'autre du "canal" de Bristol.
On doit admirer l'intelligence et la largeur des vues de Preece : loin de traiter cet étranger en concurrent éventuel, il s'empressa de lui faciliter la
démonstration : dans Londres même, la liaison est établie à quatre-vingt-dix mètres ; puis, dans la plaine de Salisbury, à quatre kilomètres.
L'emploi de
l'antenne à l'émission permet, aussitôt après, de traverser le canal de Bristol (14 km.).
C'était déjà suffisant pour de nombreuses applications : les Anglais
allouent au jeune inventeur (il avait vingt-trois ans...) une subvention de 15.000 fr.
et fondent, pour le soutenir, la "Wireless Telegraph and Signal Company"
; et les Italiens, informés de ce succès, le rappellent pour reprendre les essais dans le golfe de La Spezia.
Et le palmarès de la "T.S.F." commence : en 1898, liaisons réelles à travers la "C haussée des Géants" en Irlande lors des régates de Dublin, premier
"radioreportage" sur le yacht royal du prince de Galles enfin, équipement du bateau-feu de South-Foreland, ce qui fut l'occasion du premier "appel de
détresse" et du premier sauvetage, lorsque, moins de quatre mois après, ce bateau fut victime d'une collision.
En 1899, traversée de la Manche (avec envoi d'un célèbre télégramme à Branly), et essais avec la Marine française (l'Ibis et le Vienne) : portée, 50
kilomètres.
En 1901, liaison continent C orse : 175 kilomètres.
Sans plus attendre, Marconi décide de frapper un grand coup : il va tenter la traversée de l'Atlantique.
De "gros moyens" sont nécessaires.
Il monte à
Poldhu (Cornouailles) une station d'émission, dans laquelle la puissance est portée de 200 watts à une vingtaine de kilowatts (les condensateurs sont
chargés par un alternateur) ; l'antenne comporte une nappe de 50 fils, portée par deux pylônes de 49 mètres de hauteur, écartés de 61 mètres.
Il
s'embarque lui-même pour aller essayer la réception à Terre-Neuve : l'emplacement choisi est la colline de Signal-Hill, près de Saint-John.
Pour atteindre
économiquement une grande hauteur, l'antenne est portée par un cerf-volant ; la réception se fait dans un téléphone en série avec le détecteur.
Dès le premier jour (12 décembre 1900), les signaux de Poldhu trois points, la lettre "S" de l'alphabet Morse sont faiblement entendus : la portée de 3.540
kilomètres est couverte, la fortune sourit à l'audacieux...
"Ce fut, dit Marconi, la plus grande satisfaction que j'aie éprouvée."
Le succès fut aussitôt confirmé par la mauvaise humeur de la Compagnie anglo-américaine des câbles télégraphiques sous-marins, qui flairait une
concurrence dangereuse ; mais ni cette obstruction, ni les difficultés techniques restant à vaincre, ne pouvaient plus arrêter le développement des
radiocommunications.
La "Marconi Wireless Co" était bientôt fondée, la station de Poldhu renforcée, la station de Glace-Bay construite en Nouvelle Écosse,
et le service commercial transatlantique commençait.
En 1909, le sauvetage du paquebot Republic et, en 1912, celui plus célèbre encore du Titanic (865 personnes rescapées) confirmaient l'immense service
rendu par la T.S.F.
pour la sécurité des vies humaines en mer.
Il est impossible de citer tout ce qu'elle a permis depuis, et la navigation aérienne n'aurait
pas existé si l'aviateur n'avait pu être constamment tenu en liaison avec ses bases pour connaître le temps, se guider dans la brume, et appeler au secours
en cas d'atterrissage forcé.
Tout en continuant à s'intéresser à la technique proprement dite notamment aux ondes courtes, et dès 1922, à la possibilité de "détecter
électromagnétiquement" les obstacles Marconi était naturellement devenu un personnage important : président de puissantes compagnies, sénateur,
homme politique, président de l'A cadémie des Sciences italienne, prix Nobel 1909, et titulaire de nombreuses médailles et récompenses de tous pays.
Cette réussite ne l'exempta pas de toutes les épreuves : en 1911, un accident d'automobile lui fit perdre un Oeil, en lui laissant même craindre, pendant
quelque temps, la cécité complète à laquelle il se résignait déjà courageusement.
Il fut emporté par une crise cardiaque, le 20 juillet 1937..
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