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Exister, est-ce simplement vivre ?

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« Définition des termes du sujet: Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. Introduction S'il suffit de vivre pour exister, alors il n'y a rien à faire.

Dès que je vis, c'est-à-dire dès que je respire, dès que je me nourris, dès que je me reproduis, j'existe.

Mais alors l'existence appartient aussi bien au brin d'herbe, à l'amibe qu'à l'homme.

L'existence serait purement redondante par rapport à la vie.

Mieux encore, tout ce qui vit a fortiori existe, puisque tout vivant est existant, alors que l'inverse n'est pas vrai. Or le sujet semble impliquer le contraire : il ne suffirait pas de vivre pour exister, et ceci en deux sens.

D'une part, tout vivant n'est pas pour autant un existant, d'autre part, même celui qui existe peut toujours tomber hors de la vérité de l'existence.

Tant que je ne suis pas mort, je suis assuré de vivre plus ou moins bien, mais de vivre : ce qui fait alors question, c'est la valeur de ma vie.

L'existence, au contraire, semble plus problématique : suis-je assuré d'exister, et comment ? Il y a donc deux sens de l'existence : selon le premier, toutes les choses présentes dans le monde existent, le soleil comme le caillou, et seules certaines de ces choses ont la propriété d'être des vivants.

Selon le second, qui est manifestement celui du sujet proposé, l'existence ne serait pas ce qui est commun à toutes les choses, mais un mode d'être restreint et exceptionnel, et exister serait plus ou autre chose que vivre.

L'homme seul serait un existant ; à quel titre l'est-il ? I - L'existence comme un autre nom pour la vraie vie a) Dès lors qu'il s'agit de l'homme, la philosophie a toujours distingué une vie simplement animale, biologique, restreinte à la satisfaction des besoins, et une vraie vie, une vie véritablement humaine, une vie digne d'être vécue. Ainsi Aristote, dans la Politique, oppose-t-il le vivre et le bien-vivre.

C'est dans le bien-vivre (dans la cité) que l'homme est véritablement un homme et réalise la fin qui lui est propre. Ainsi Kant condamne-t-il avec Juvénal ceux qui, pour sauver leur vie (pour survivre) perdent ce qui rend la vie digne d'être vécue : propter vitam vivendi perdere causas. b) L'homme est donc un être tel qu'il ne suffit pas que la vie soit naturellement donnée (et conservée) pour qu'il soit assuré de vivre vraiment.

La vie comme survie, même si elle ne souffre d'aucun manque vital (si tous mes besoins sont satisfaits, ne me paraît pas complète en elle-même : toujours j'aspire à une autre vie, qui ne m'est pas donnée, que je ne suis pas certain d'obtenir, mais qui serait la vraie vie. c) Dès lors, cette question se pose : l'opposition de la vie et de l'existence est-elle une nouvelle expression de l'opposition de la vie immédiate et de la vie vraie ? Je me plains de ma vie en disant qu'elle n'est pas la vraie vie ; puis-je au même sens dire : « cette vie, ce n'est pas une existence » ? Et ne pourrais-je pas dire tout aussi bien : « cette existence, ce n'est pas une vie » ? Les termes seraient indifférents, seule demeurerait l'opposition entre l'immédiateté naturelle d'une vie qui m'est donnée, et une vie qui m'est promise et à laquelle j'aspire. II - L'originalité de l'existence a) Si l'existence était identique à la vraie vie, elle serait ma fin, la fin de l'homme en moi.

Elle aurait donc rapport au bonheur.

Le risque serait alors de me tromper sur les moyens et les voies de parvenir à cette vie qui est ma destination.

Mais l'exister n'est pas à venir, il n'est pas une vie que je dois atteindre pour accomplir mon essence, il est toujours déjà là, je le découvre comme étant mon lot.

Mon existence me saisit.

Au contraire de la vraie vie, qui semble toujours à venir, l'exister est déjà-là. b) Auquel cas, le risque n'est pas le mauvais choix, mais l'inauthenticité : celle qui consiste à vivre en se fuyant comme existant.

L'opposé de l'exister n'est pas la vie comme simple survie, mais la banalité.

D'ailleurs, l'existence se révèle à nous non pas dans la satisfaction liée à l'accomplissement mais dans des affects particuliers : l'angoisse, le sentiment de l'absurde, l'ennui. c) Je suis donc un existant (y compris dans mon impuissance à parvenir à la vie bonne).

Il n'y a pas d'existence sans la découverte d'une contingence radicale et d'un néant.

Exister, c'est, par rapport à la massivité d'être des choses, être frappé d'une contingence radicale, et voisiner avec son néant. L'existence marque une dénaturation de l'homme.

L'existant se substitue à l'homme.

L'homme cesse d'être un être naturel, un être ayant une nature (lui indiquant une fin et les moyens pour y parvenir), un être raisonnable fini, pour se définir sans genre ni différence par son mode d'être propre, original, la contingence.. »

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