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Existe-t-il un progrès en art ?

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« Définition des termes du sujet: Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée Progrès Développement dans une certaine direction, qui peut être aussi bien négatif (les progrès d'une maladie) que positif. On a tendance aujourd'hui à assimiler le progrès technique à une amélioration de l'humanité, ce qui ne va pas sans poser problème. APPROCHE La contemplation des oeuvres de la Renaissance, en regard des époques précédentes, peut laisser à penser qu'il existe un progrès en art, comme il en existe un, par exemple, en science. L'art de la Renaissance permettrait alors, enfin, grâce notamment à la perspective, de représenter le monde tel qu'il est, après des siècles de maladresse.

Mais les études des historiens de l'art contestent aujourd'hui radicalement ce point de vue. Malhabiles, les artistes du Moyen Âge ? Non.

Mais ils se font des finalités et des méthodes de leur art une conception différente de celle qui s'est fait jour à la Renaissance.

Pour les peintres médiévaux, l'image doit être un symbole intellectuel ; l'art n'est pas une image de la vie, mais une représentation (et une exaltation) des valeurs religieuses de leur temps ; la taille des personnages sur le tableau doit être fonction de leur importance religieuse ou sociale ; l'espace n'est pas un espace réel, perceptible aux sens (comme pour les inventeurs de la perspective), mais un espace symbolique.

Ce qui compte — et qui doit être peint— c'est ce que l'esprit pense du personnage, et non ce qu'on peut observer de la nature... Plutôt donc que de penser l'art comme un progrès, il vaut mieux considérer le travail des artistes, selon les époques, comme relevant d'univers culturels différents, à partir desquels ils comprennent la nature, la fonction et les procédés de leur art.

Masaccio ne peint pas « mieux » qu'un maître du xiie siècle, pas plus que Matisse ou Picasso ne peignent « moins bien » que Masaccio.

Mais ce qui change, d'une époque à l'autre, d'un artiste à l'autre, c'est la compréhension de ce que doit être l'art, de ce que signifie « représenter », de ce que doivent être l'espace pictural et même l'espace réel ; ce qui se modifie, c'est la compréhension de l'image de l'homme dans l'univers, et aussi l'idée que l'on a de la liberté de l'artiste.

Aussi est-il impossible d'apprécier une oeuvre d'art en la considérant comme intemporelle, c'est-à-dire sans essayer de la replacer dans le contexte spirituel et artistique à partir duquel les intentions de l'artiste prennent sens.

Il est même difficile de parler d'un plaisir esthétique à la contemplation des oeuvres, indépendamment de l'existence d'une certaine culture esthétique (et aussi historique) chez le spectateur. On rattache souvent l'activité artistique à un don.

Mais outre qu'un tel talent naturel a quelque chose de mystérieux en lui-même, il faut s'efforcer de penser le rapport qu'il entretient avec l'éducation ou le travail esthétiques. L'habileté ou le savoir-faire technique qui accompagne la création est souvent pensé, surtout dans les arts plastiques, comme une capacité d'imitation ou de reproduction du réel.

La problématique de l'imitation conduit plus radicalement à s'interroger sur la fonction de l'art.

L'art a-t-il une fonction bien définie et laquelle ? Peut-on concevoir un art qui n'aurait aucune fonction particulière ? L'art peut-il être considéré comme l'expression d'une pure liberté, dépourvue de toute contrainte ? PROUST: Les gens de goût nous disent aujourd'hui que Renoir est un grand peintre du 18e siècle.

Mais en disant cela ils oublient le Temps et qu'il en a fallu beaucoup, même en plein 19e, pour que Renoir fût salué grand artiste. Pour réussir à être ainsi reconnus, le peintre original, l'artiste original procèdent à la façon des oculistes.

Le traitement par leur peinture, par le prose, n'est pas toujours agréable.

Quand il est terminé, le praticien nous dit Maintenant regardez ! Et voici que le monde (qui n'a pas été créé une fois, mais aussi souvent qu'un artiste original est survenu) nous apparaît entièrement différent de l'ancien, mais parfaitement clair.

Des femmes passent dans la rue, différentes de celles d'autrefois, puisque ce sont des Renoir, ces Renoir où nous nous refusions jadis à voir des femmes.

Les voitures aussi sont des Renoir, et l'eau, et le ciel : nous avons envie de nous promener dans la forêt pareille à celle qui le premier jour nous semblait tout excepté une forêt, et par exemple une tapisserie aux nuances nombreuses mais où manquaient justement les nuances propres aux forêts.

Tel est l'univers nouveau et périssable qui vient d'être créé.

Il durera jusqu'à la prochaine catastrophe géologique que déchaîneront un nouveau peintre ou un nouvel écrivain originaux. [...] Et j'arrivais à me demander s'il y avait quelque vérité en cette distinction que nous faisons toujours entre l'art, qui n'est pas plus avancé qu'au temps d'Homère, et la science aux progrès continus.

Peut-être l'art ressemblait-il au contraire en cela à la science, chaque nouvel écrivain original me semblait en progrès sur celui qui l'avait précédé [...]. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Quels sont les deux points communs entre la création artistique et la pratique des « oculistes » ? 2 En quoi l'art peut-il être rapproché de la science ?. »

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