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Étienne Lenoir

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Le 4 août 1900 s'éteignait à La Varenne-Saint-Hilaire, Jean-Joseph-Etienne Lenoir, âgé de soixante-dix-huit ans, qui vivait depuis plusieurs années à l'écart d'un monde en plein essor industriel dont il avait été, un demi-siècle durant, l'une des plus curieuses et brillantes figures. Bien qu'essentiellement autodidacte, il s'était imposé à l'attention de l'élite scientifique ; né pauvre, il avait connu une certaine fortune. Esprit inventif, mais surtout clairvoyant et réalisateur, il s'était intéressé à tout et avait acquis des connaissances dans tous les domaines. Dans des entreprises très nombreuses, il avait montré un sens aigu de l'opportunité et obtenu des succès étonnamment rapides. Cependant, sa contribution au progrès technique avait le plus souvent consisté en perfectionnements, d'ailleurs remarquables, à des inventions qui n'étaient pas les siennes. La "machine Lenoir" qui devait immortaliser son nom en est, comme on va le voir, un exemple. Né le 12 janvier 1822 à Mucy-la-Ville (Luxembourg belge), donc Belge de naissance, mais Parisien d'élection, il obtint la nationalité française pour services exceptionnels rendus à la France lors du siège de Paris en 1870.

« Étienne Lenoir Le 4 août 1900 s'éteignait à La V arenne-Saint-Hilaire, Jean-Joseph-Etienne Lenoir, âgé de soixante-dix-huit ans, qui vivait depuis plusieurs années à l'écart d'un monde en plein essor industriel dont il avait été, un demi-siècle durant, l'une des plus curieuses et brillantes figures. Bien qu'essentiellement autodidacte, il s'était imposé à l'attention de l'élite scientifique ; né pauvre, il avait connu une certaine fortune.

Esprit inventif, mais surtout clairvoyant et réalisateur, il s'était intéressé à tout et avait acquis des connaissances dans tous les domaines.

Dans des entreprises très nombreuses, il avait montré un sens aigu de l'opportunité et obtenu des succès étonnamment rapides.

C ependant, sa contribution au progrès technique avait le plus souvent consisté en perfectionnements, d'ailleurs remarquables, à des inventions qui n'étaient pas les siennes.

La "machine Lenoir" qui devait immortaliser son nom en est, comme on va le voir, un exemple. Né le 12 janvier 1822 à Mucy-la-Ville (Luxembourg belge), donc Belge de naissance, mais Parisien d'élection, il obtint la nationalité française pour services exceptionnels rendus à la France lors du siège de Paris en 1870. Lauréat de l'Institut et de diverses sociétés savantes, Lenoir mourait cependant seul, oublié et presque pauvre au moment où l'Automobile C lub de France allait lui décerner sa médaille de vermeil pour avoir été le premier réalisateur d'un véhicule mû par un moteur à gaz. On ignore tout de ses premières années dans une famille certainement très pauvre, jusqu'au moment où, dénué d'instruction et sans métier ni ressources, il vient à Paris en 1838 et gagne sa vie comme garçon de café.

A ttiré cependant par l'industrie, il passe vite au service d'un émailleur, s'instruit seul dans cet art nouveau pour lui, et s'attaque dès l'abord au difficile problème de la production d'un émail blanc.

En 1847 (à vingt-cinq ans) et neuf ans seulement après s'être assigné cette tâche, il en a triomphé et réalisé le produit cherché. A partir de ce moment, en véritable inventeur, il s'applique aux disciplines les plus varices : en 1851, il perfectionne la méthode anglaise de Parkes pour la reproduction galvanoplastique des grandes statues en ronde-bosse, et cède licence de son invention à la maison Christofle dans des conditions très avantageuses et qui lui donnent la joie de voir réaliser, suivant son procédé, le groupe monumental de l'Opéra de Paris ; en 1855, il invente un frein électrique pour chemin de fer ; en 1856, un moteur électrique et un système complet de signalisation pour voie ferrée ; en 1857, un pétrin mécanique, un régulateur pour dynamo et un compteur d'eau ; en 1860, la "machine Lenoir", le premier moteur à gaz industriel, et son Oeuvre la plus importante. Bien qu'il ait déposé un brevet (n° 43.624) le 23 janvier 1860, intitulé "moteur à air dilaté par la combustion des gaz", il n'a pas, en réalité, l'antériorité de la conception, qui revient à Lebon (additif de 1801) et qui a déjà fait l'objet, deux ans auparavant, d'autres brevets d'Hugon et de Degrand, qui étudient des prototypes. Suivant son brevet, la machine de Lenoir se distingue cependant par "le mode d'action, la disposition par laquelle fonctionnent le gaz et l'air", qui sont aspirés "par le jeu même du piston, sans mélange préalable toujours dangereux, et sans pompe". Effectivement, Lenoir se montre un maître dans la réalisation et, par sa promptitude à saisir l'opportunité qui se présente de réaliser des moteurs de petite puissance (moins de 4 C H.), ne nécessitant ni enquête "de C ommodo" et "Incommodo", ni surveillance des Mines, ni assurance spéciale, dont le rendement atteint 5 % (au lieu de 1,5 % pour des machines à vapeur de même puissance) et qui ne consomment rien à l'arrêt. Quatre mois après le dépôt de son brevet, dix moteurs sont déjà installés en effet à Paris, et vingt-cinq en construction.

En juillet 1864, cent trente machines fournissant 252 C H fonctionnent à P aris, dont trois placées "pour exhibition" au P assage des Princes, au Palais-Royal et au Conservatoire des A rts et Métiers. Si un tel succès pratique est obtenu, c'est que Lenoir ne s'arrête pas aux détails, et saisit toute solution suffisante.

La notice d'un de ses constructeurs, Lefebvre, n'indique-t-elle pas : "Le graissage du cylindre doit se faire exclusivement avec la panne brute, préférable au saindoux des charcutiers.

On met un morceau de panne brute dans l'Oeil du presse-étoupe et un autre dans la boîte du tiroir d'échappement..." Lenoir profite aussi des rencontres qu'il fait journellement chez ses constructeurs (Marinoni, Lefebvre et Rouart frères), d'autres inventeurs qui devaient aussi devenir célèbres : Jeantaud, l'inventeur du parallélogramme de direction, pour qui Rouart réalisera une automobile électrique ; Fernand Forest, qui s'établira à son compte en 1890 ; Beau de Rochas, octogénaire qui, juché sur un tabouret et toujours calculant, laissait échapper les rares croquis matérialisant ses idées ; Marcel Deprez, qui s'entretenait longuement avec Beau de Rochas ; Gramme... Rouart devait d'ailleurs réaliser un moteur à 4 temps fonctionnant suivant le cycle de Beau de Rochas, à l'occasion duquel il fut attaqué par Otto ; mais il put démontrer, non seulement, comme on sait, l'antériorité du principe dû à Beau de Rochas, mais en outre la supériorité de sa conception, qui comportait déjà une distribution par soupapes à la place du tiroir d'Otto. En 1862, Lenoir réalise le premier véhicule routier à moteur à explosion.

"Il circule en automobile de la rue de La Roquette, où sont ses ateliers, à Joinvillele-Pont, qu'il atteint après un parcours de trois heures." Il remporte un vif succès de curiosité, mais le véhicule trop pesant, le moteur trop faible et trop lent empêchent la tentative d'avoir une suite. En En En En 1865, 1878, 1880, 1886, cependant, Lenoir (reprenant une idée de C aselli) crée un télégraphe autographique pour la transmission de l'écriture et du dessin. l'Institut de France décerne à Lenoir le prix M ontyon pour ses travaux sur l'étamage des glaces, et la Société d'Encouragement un de ses prix. Lenoir reçoit le grand prix d'A rgenteuil avec une somme de 12 000 francs pour ses recherches sur le tannage des cuirs par l'ozone. Lenoir réalise enfin son "canot" à moteur à explosion. Lenoir se retire ensuite à La V arenne-Saint-Hilaire où ses revenus, assez importants malgré la part consacrée à ses incessantes recherches, lui permettent de vivre dans une aisance modeste mais où il est menacé par l'oubli.

Jeantaud obtient cependant pour lui la médaille de vermeil de l'A utomobile Club de France quelques jours avant sa mort.

Il avait soixante-dix-huit ans.

Une souscription organisée par l'Aéro-Club de Belgique devait encore commémorer son Oeuvre par une statue de marbre érigée à V irton en 1912.

Le 12 décembre 1912 également, sur l'initiative de la C hambre Syndicale de l'industrie des moteurs à gaz et à pétrole, un médaillon était apposé au bas-côté de la chapelle du Conservatoire National des A rts et Métiers à la mémoire du grand inventeur qui avait acquis la nationalité de Papin, Cugnot, Lebon, C arnot, Beau de Rochas et Forest.. »

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