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Est-ce l'ignorance de ce que nous sommes qui fait la force de nos désirs ?

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« Analyse du sujet : Ignorance : L'ignorance est l'état de celui qui ignore une c hose, qui ne la connaît pas, qui est donc en défaut de savoir.

L'ignorance peut être la cause de l'erreur, combler l'ignorance c'est donc connaître, prendre en compte ses erreurs et en tirer les conséquences c'est progresser vers la recherche de la vérité. Ce que nous sommes : C e que nous sommes nous cherchons à le connaître depuis notre naissance jusqu'à notre mort.

M ais plus , en tant que nous sommes des êtres responsables et libres, nous le créons toute notre vie par nos actes , nous ne cessons de « sculpter notre propre statue ». Désir : Le désir peut s'entendre en deux sens : un sens négatif tout d'abord où les désirs signalent le manque de quelque chose ; en un sens plus positif, le désir est comme le moteur des actions humaines.

On peut noter que le désir conçu comme manque implique une multiplicité, où chaque désir succède à la satisfaction du préc édent.

À l'inverse, le désir conçu comme force créatrice, appétit pour la vie est unique.

Nos désirs ses sont donc toutes nos inclinations, toutes nos volitions , ce qui nous pouss e à rechercher des objets extérieurs. Problématisation : Nous nous interrogeons sur l'ignorance et son rôle dans la fortific ation de nos désirs .

Est-ce l'ignoranc e de ce que nous s ommes qui fait la force de nos désirs ? Si les désirs sont des forces qui nous poussent malgré nous vers les objets extérieurs , la connaissance de ses désirs, la connaissance de ce qui nous détermine ne nous permettrait-elle pas de les maîtriser et en tout cas d'affaiblir l'emprise qu'ils ont sur nous ? M a i s alors, ne faudrait-il tout simplement parvenir à se connaître suffisamment pour éradiquer l'imprévisibilité et la spontanéité des dés irs ? M ais dans cette optique, celle de la connaissance et de la connaiss ance de soi en particulier, les désirs ne seraient que des maux à combattre par la raison. M ais opposé ainsi les désirs à la raison humaine pose un problème : que serait un être purement rationnel ?Un être sans désir sans doute, mais surtout un être sans passion, sans appétits, bref un être sans corps, sans réalité matérielle.

Les hommes ont un corps désirant que la raison ne peut nous enjoindre à éradiquer sans en même temps devenir déraison. Dans cette optique comment comprendre le rapport complexe qui s'instaure en l'homme entre raison, connaissance, recherche du dépassement de l'ignorance et ses désirs, ses passions ? C 'est ce que nous essaierons de comprendre en dernier lieu. Proposition de plan : 1 .

Les désirs s'imposent à nous tant que nous n'en avons pas conscience, tant que nous les ignorons et que nous nous ignorons nous-même. a) Les désirs sont des passions qui s'imposent à l'homme, qui le poussent, le forcent à agir parfois contre sa volonté, apparemment sans raison, mais avec passion. b) P our l'être rationnel, cette spontanéité est inacceptable, parce qu'elle remet en cause la liberté de la raison, sa capacité à choisir, à se déterminer, la maîtrise et l'ordre qu'elle tente d'établir dans la conscienc e entre le « je » et son objet, le monde, etc..., entre le soi et le non soi... c) La tentation est grande à ce niveau de la réflexion de faire des désirs, les ennemis de la raison, les amis de l'ignorance.

A voir conscience de ses désirs profonds s e serait donc pouvoir les maîtriser et enfin retrouver la paix, par la réduction de l'ignorance de soi qui s'identifierait ici à la force des désirs. La connaissance et l'étude de soi serait donc les moyens de se défaire enfin, de l'influence des désirs et s'abandonner à l a v i e c ontemplative et à la béatitude éternelle. P roblème : C ette définition des désirs nous amène à condamner au nom de la connaissance et de la raison, les dés irs et à leur déclarer la guerre.

P ourtant, a-t-on jamais rencontré des hommes sages qui ne désiraient plus rien ? Transition : Les désirs ne sont ils que des ennemis, que des tyrans personnels qui agissent à notre insu et dont la rais on nous prescrit de nous libérer ? 2 .

Les désirs sont en nous, dans notre rationalité même la preuve de notre réalité concrète, de notre existence réelle et de l'existence en dehors de nous d'un monde dans lequel nous sommes engagés. a) L'homme est u être rationnel, dont le « je », parce qu'il pense, est vraie chaque fois qu'il pense et s e conçoit comme un « je » qui pense.

M ais cette intériorité de la pensée et de la raison semble avoir du mal à ne pas douter de l'exis tence de son extériorité de s on corps, du monde des gens qui pas s e dans la rue. b) Les dés irs en tant qu'ils forcent le « je » de la raison à poursuivre des objets qui lui sont extérieurs en tant qu'ils s'imposent à lui malgré lui, s ignale dans la conscience l'engagement du corps dans le monde et donne donc une valeur à la liberté de l'intériorité rationnelle : la responsabilité, c'est-à-dire la liberté en tant qu'elle est source d'actions, et pas seulement de pensée, actions qui contrairement aux simples pensées ont des conséquences concrètes et réelles. P roblème : Sans nos désirs donc nous ne sommes au mieux plus qu'un sujet de grammaire, au pire un néant qui se fantasme une existence, un ange, un dieu : un être pour qui tout est contemplation.

La raison ne peut donc nous prescrire de combattre les désirs, de les éradiquer dans une ascèse intellectuelle improbable, que nul homme n'a pu, ne peut, et ne pourra jamais expérimenter sans mourir, ou au mieux, mourir en tant qu'homme en devenant un dieu. Transition : M ais alors comment comprendre la relation qui lie connais sance et désirs ? 3 .

Nous pouvons nous connaître et l'on ne se connaîtra jamais mieux que lorsqu'on aura pris acte de sa propre nature désirante et de l'élan qu'elle constitue en chacun de nous. a) C elui qui pense que les désirs sont les ennemis de la connaissance, les amis de l'ignorance, pèche par ignorance justement, il nie la complexité de la nature humaine qui est une union entre raison et corps.

Il prend parti pour la raison contre le corps, cette détestation du corps au nom de la raison, Nietzsche l'appel ressentiment ou dés ir morbide.

C e serait donc bien grâce à l'ignorance, voir même le refus, de ce que nous sommes, que notre désir morbide se renforcerait et nous entraînerait dans une adoration morbide et triste de la raison sans corps, de la raison déjà morte. b) Spinoza avait déjà montré la positivité du désir qui est une force créatrice qui nous agite, nous qui sommes des « animaux rationnels » comme le disait A ristote.

M ême notre raison est mise en mouvement par un désir, un effort, la volonté d'acquérir un objet : la vérité.

Spinoza distingue donc entre les passions tristes et les passions joyeuses : les passions joyeuses qui nous permettent de mieux nous comprendre et de mieux maîtriser nos actions, de nous rapprocher de la liberté.

Les passions tristes sont celles qui au contraire nous enchaîne à nos désirs les plus morbides, qui nous vide de notre forc e et nous enferment dans l'ignorance. c) La joie est l e s entiment qui accompagne la réappropriation de nos désirs, de leur s e n s et de leur valeur, notre progression vers la pleine possession de nos moyens d'hommes, la progression de notre « devenir-homme », mieux nous connaître c'est donc retrouver le sens de nos désirs et l'unité que cette multiplicité signale : la vie.. »

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