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Epicure: La mort n'est rien pour nous

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«Il n'y a rien à craindre des dieux. Il n'y a rien à craindre de la mort. On peut atteindre le bonheur. On peut supporter la douleur » (les quatre remèdes de l'épicurisme que Diogène d'Oenoanda).

« PRESENTATION DE LA "LETTRE A MENECEE" D'EPICURE La Lettre à M énécée est l'un des rares écrits qui nous restent de l'oeuvre immense d'Épicure (vers 341-270 av.

J.-C .), que nous connaissons surtout à travers son disciple Lucrèce.

Le projet du fondateur de l'École du Jardin, à une époque où la Grèce traverse une grave crise politique, économique et sociale, est de fonder une sagesse sur une physique matérialiste.

Souvent mal compris et caricaturé, Épicure ne cessera d'inspirer les philosophes athées cherchant à penser le bonheur de l'homme ici et maintenant. Il s'agit de méditer sur les causes du malheur humain et de montrer quels en sont les remèdes afin d'atteindre l'ataraxie* : la philosophie d'Épicure est une médecine de l'âme, qui nous enseigne la conduite à adopter à l'égard de nos craintes et de nos désirs. D a n s l a Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur. La mort n'est rien, comme le pur instant présent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapport avec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée ni comme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

V ivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le plus longtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

M ais que redoutent-ils en elle ? C 'est précisément le saut dans l'absolument inconnu.

Ils ne savent p a s c e q u i les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

C eux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.

C ar l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.

A ussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation.

» En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « A insi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

» Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

M on bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

T el est l'enseignement de la sagesse matérialiste. ÉPICURE.

Né à Samos, ou peut-être à A thènes, vers 341 av.

J.-C ., mort en 270 av.

J.-C . Fils d'un maître d'école et d'une devineresse, il fut sans doute le disciple de Pamphile et de Xénocrate, et enseigna la philosophie à Mytilène, à Lampsaque et à A thènes, où il ouvrit une école.

Il mourut d'une longue maladie.

— La pensée d'Épicure est influencée par celle de Démocrite.

Le but de l'épicurisme est le bonheur des hommes.

Mais on a souvent déformé la pensée et l'enseignement d'Épicure.

Celui-ci fut, en effet, un modèle de sobriété et le plaisir ne consiste pas pour lui, à s'abandonner aux voluptés grossières des sens.

« C 'est la pensée sobre qui fait la vie agréable et non la jouissance des femmes et les tables somptueuses.

» — Le monde est formé d'atomes qui se meuvent dans le vide, s'agrègent et se désagrègent au hasard ; l'atome a le pouvoir de déclinaison ou clinamen.

Épicure lui accorde aussi un poids.

Les dieux ne se préoccupent pas des hommes ; nous n'avons pas à les redouter, non plus que la mort.

Lorsque nous sommes en vie, la mort n'est pas là, et lorsqu'elle est là nous ne sommes plus en vie.

Nous ne devons pas craindre ce qui la suit, puisque notre âme est périssable comme notre corps.

L'homme n'a donc aucune terreur à avoir ; il est libre, composé lui-même d'atomes qui s'agrègent momentanément.

Ses sens ne l'induisent pas en erreur.

Ainsi, il peut s'éloigner des biens fragiles et se tourner vers les biens durables.

C e qui est durable, c'est le plaisir.

Épicure distingue les plaisirs en mouvement, qui sont accompagnés de la douleur, et les plaisirs en repos.

C eux-ci seuls doivent être recherchés.

Il faut éviter la douleur.

Le suicide est le moyen de supprimer la douleur intolérable.

Quant à la douleur tolérable, le souvenir des plaisirs passés parvient à l'atténuer.

Les désirs humains engendrent des maux.

Il y a des désirs qui ne sont ni nécessaires ni naturels ; d'autres qui sont naturels mais non nécessaires.

Il faut renoncer à ces deux sortes de désirs.

Seuls, les désirs naturels et nécessaires doivent être satisfaits.

« M on corps est saturé de plaisir quand j'ai du pain et de l'eau.

» La vision épicurienne du monde est pessimiste.

L'amitié, la philosophie rendent la vie supportable.

La prudence, la tempérance doivent nous détacher du tumulte des passions.

C 'est à la sérénité du coeur qu'il faut parvenir.

— Nous savons que nul, plus qu'Épicure, ne redouta les dieux et la mort.

P ar ses contradictions mêmes, la pensée d'Épicure demeure actuelle.

Épicure, à qui A thènes éleva des statues, a beaucoup écrit.

Des fragments de son ouvrage De la nature et quatre lettres nous sont seuls parvenus.. »

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