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Epicure et les 3 types de désir chez l'homme

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Parmi nos désirs, les uns sont naturels et les autres vains. Parmi les désirs naturels, il y en a qui sont nécessaires, et d’autres dont l’objet n’est que naturel, sans être nécessaires. Parmi les nécessaires, il y en a qui regardent notre bonheur, d’autres la tranquillité continue du corps, d’autres enfin l’ entretien de la vie. Une théorie exacte de ces désirs sait ce qu’il faut fuir ou rechercher pour la santé du corps et pour la paix de l’âme : deux choses qui constituent tout notre bonheur. Car tout ce que nous faisons dans la vie se rapporte à ces deux points : écarter la souffrance et atteindre la tranquillité de l’âme. Quand nous les avons atteints, il n’y a plus en nous de trouble ni d’agitations : l’être vivant n’a rien de plus à acquérir ni à rechercher pour compléter son bien-être. Nous ne ressentons le besoin du plaisir que quand la privation nous cause quelque douleur. Dès que nous ne sommes plus remués par cette douleur, nous n’avons plus de désirs. C’est pour cela que nous disons que le plaisir est le commencement et la fin du bonheur de la vie : c’est le plaisir qui a été reconnu comme bien principal et conforme à notre nature. C’est du plaisir qu’il faut partir pour déterminer ce qu’il faut rechercher ou fuir […]. Quoique tout plaisir soit un bien en soi, parce qu’il convient à notre nature, il y a cependant des plaisirs qu’il faut se refuser. De même, quoique toute douleur soit un mal en soi, il y a cependant des douleurs qu’il faut embrasser. C’est à la raison à considérer la nature des choses, à peser les avantages et les inconvénients. Epicure

« PRESENTATION DE LA "LETTRE A MENECEE" D'EPICURE La Lettre à Ménécée est l'un des rares écrits qui nous restent de l'oeuvre immense d'Épicure (vers 341-270 av.

J.-C.), que nous connaissons surtout à travers son disciple Lucrèce.

Le projet du fondateur de l'École du Jardin, à une époque où la Grèce traverse une grave crise politique, économique et sociale, est de fonder une sagesse sur une physique matérialiste.

Souvent mal compris et caricaturé, Épicure ne cessera d'inspirer les philosophes athées cherchant à penser le bonheur de l'homme ici et maintenant. Il s'agit de méditer sur les causes du malheur humain et de montrer quels en sont les remèdes afin d'atteindre l'ataraxie* : la philosophie d'Épicure est une médecine de l'âme, qui nous enseigne la conduite à adopter à l'égard de nos craintes et de nos désirs. Ce texte d'Épicure pose un problème moral : faut-il lutter contre tous les désirs ou faut-il distinguer de bons et de mauvais désirs ? Dans le second cas, comment lutter contre les mauvais désirs ? L'argument avancé par l'auteur consiste à accepter les désirs naturels, que la nature nous donne les moyens de satisfaire, et à rejeter les désirs vains, produits par l'imagination et la société, et impossibles à satisfaire.

Les premiers procurent plaisirs et bonheur ; les seconds souffrance et agitation perpétuelle.

Une stricte discipline des désirs est donc la clé du bonheur. Cette morale épicurienne soulève plusieurs problèmes : elle amène à opposer un bonheur simple selon la nature au malheur engendré par l'escalade des désirs artificiels liée au « progrès » et à la civilisation.

Faut-il donc renoncer au progrès, au confort et au luxe, qui seraient autant de facteurs d'aliénation ? La nature peut-elle constituer une norme morale et nous dicter ce que nous devons faire ? Cette définition du plaisir repose sur un ascétisme et un renoncement qui contredisent l'image ordinaire du plaisir.

Enfin, parmi les désirs naturels, Épicure distingue entre désirs nécessaires et non nécessaires.

Or cette distinction ne va pas de soi, face à la force impérieuse de tous les désirs. Épicure distingue d'abord les désirs en naturels et vains d'abord, puis les désirs naturels en nécessaires et non nécessaires, enfin les désirs nécessaires en ceux pour le bonheur, ceux pour le calme du corps, et ceux pour le fait de vivre.

Ensuite, il donne le critère de cette classification : un désir contribue-t-il ou non à la santé du corps et à la sérénité de l'âme ? Enfin, la dernière étape définit le bonheur comme absence de douleur et d'angoisse, et le plaisir comme disparition du manque, c'est-à-dire du désir. Selon la nature, le désir est limité : seule l'âme est susceptible de déraisonner, et non le corps.

Il faut donc, pour atteindre le bonheur défini par l'ataraxie (absence de troubles), distinguer les désirs et leur donner la satisfaction qu'ils méritent en revenant à la mesure définie par la nature. La classification opérée par Épicure dégage trois grandes familles de désirs : – Les désirs naturels et nécessaires tendent à l'apaisement d'une douleur.

Leur satisfaction est vitale mais aisée, et elle produit l'équilibre du corps, donc de l'âme également.

Les désirs naturels peuvent être nécessaires à la vie même (faim, soif, etc.), au bien-être du corps (vêtements, abris, etc.) ou au bonheur (philosophie, amitié). – Les désirs naturels mais non nécessaires (« simplement naturels ») font varier la volupté, mais doivent être l'objet d'un usage modéré.

Ce sont principalement le désir sexuel et le désir de contempler des belles choses, c'est-à-dire le désir esthétique. – Les désirs ni naturels ni nécessaires sont les désirs « vains » qui détruisent toujours l'équilibre du corps et de l'âme, car étant illimités par nature, ils ne sont susceptibles ni d'un usage modéré ni d'une satisfaction possible.

Il s'agit avant tout du désir d'immortalité, mais aussi du désir de gloire et autres passions sociales. C'est en fonction de la classification opérée qu'il faudra « choisir » ou « refuser » telle ou telle chose.

Le but d'atteindre la vie bienheureuse (« heureuse dans sa perfection ») suppose l'absence de troubles dans l'âme et dans le corps.

Aussi Épicure propose-t-il pour le sage un idéal d'autarcie : le manque est une forme de douleur qui trouble l'âme.

Il s'attache à conjurer l'angoisse, c'est-à-dire la crainte de la mort (qui n'est rien pour nous) et celle des dieux (qui sont indifférents). D'une manière générale, moins ils sont nécessaires, plus les désirs sont difficiles à contenter.

S'abandonner au désir vain, formé par l'opinion et non exprimé par le corps, c'est se condamner à le poursuivre à l'infini en méconnaissant la limite immanente du désir naturel : c'est sortir du désir pour s'assujettir à l'opinion.

C'est se tromper sur la nature du désir, mais c'est aussi se tromper sur la nature de la vie bienheureuse, car le plaisir ne peut jamais être plus intense que lorsqu'il correspond à l'élimination de toute douleur, c'est-à-dire à l'ataraxie. Une des constances de la philosophie d’Epicure est de vanter le plaisir.

On retrouve la formule « Le plaisir est notre bien principal et inné » dans la « Lettre à Ménécée ».

Mais l’épicurisme ne correspond guère à l’image populaire que l’on en garde : celle du « bon vivant ».

Dans cette lettre, on lit : « Tout plaisir est de par sa nature propre un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ».

C’est à une compréhension véritable du plaisir, et à une gestion rationnelle des désirs que la philosophie d’Epicure nous invite, philosophie des « sombres temps », de l’époque troublée, violente, des successeurs d’Alexandre le Grand. La « Lettre à Ménécée » est une description de la méthode apte à nous procurer le bonheur.

Car si tous les. »

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