En quoi mes opinions sont elles miennes ?
Extrait du document
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Introduction :
● Bien définir les termes du sujet :
- « Opinion » : c'est une croyance ou une prise de position par le sujet, allant de la simple impression à la ferme
affirmation, mais non soumise réellement à l'examen critique.
C'est l'assentiment plus ou moins total donné à un
jugement d'autrui qui se présente comme probable mais non fondé rationnellement.
- « Miennes » : c'est le fait qu'une ou plusieurs choses m'appartiennent.
● Construction de la problématique :
Le sujet semble supposer dès le départ que mes opinions ne viennent pas intégralement de moi, que ce ne
sont pas des pensées purement personnelles, mais que je peux me les approprier.
Cette appropriation peut d'abord
être vue comme une adoption, autrement dit, j'intègre sans la modifier l'idée que je reçois.
Mais dans ce cas, il
semble difficile de dire que cette idée soit strictement « mienne ».
En effet, elle m'appartient comme
m'appartiendrait un objet, mais pour que l'on puisse dire d'une pensée ou d'une idée qu'elle est « mienne », il faut
qu'elle porte une empreinte personnelle.
La formulation du sujet nous invite donc à relever les caractéristiques qui
font des opinions deviennent mes opinions.
● Autrement dit, se pose la question de savoir si l'appropriation d'une idée laisse des traces.
Est-ce que
l'opinion peut porter les marques de mon individualité et de ma personnalité ?
Plan :
I/ L'opinion vient d'une intuition et elle est donc personnelles :
Il ne faut pas comprendre ici le terme d' « intuition » comme celui d'une idée vague d'origine inconnue.
C'est plutôt une connaissance directe et immédiate du réel, qui implique ainsi un rapport au sensible.
● Dans ce cas, comme l'explique Platon dans La République VI 511, et VII 534, l'opinion n'est pas quelque
chose qui viendrait uniquement de l'extérieur, et que l'on adopterait comme étant vrai.
Certes, l'opinion n'est pas la connaissance puisqu'elle implique la croyance à la valeur
des sens et aux illusions de l'imagination, mais elle implique une expérience personnelle
du sujet.
En effet, l'opinion est une forme de connaissance pratique et empirique
inférieure qui vient d'un rapport direct avec le sensible.
Ainsi, chaque opinion que je me
fais du réel est forcément personnelle, puisqu'elle a pour origine mon expérience, mon
intuition.
● L'opinion a ainsi pour objet des choses sensibles, à propos desquelles elle
formule un jugement.
Se pose ensuite la question de savoir si ce jugement est ou non
vrai, et à quelle condition une opinion est vraie ou fausse.
Autrement dit, à quelle
condition un jugement sur une chose sensible peut effectivement affirmer ce qu'est
cette chose ou s'y tromper.
Ainsi, l'opinion est la faculté par laquelle on se prononce sur
une chose sensible, en jugeant qu'elle est telle ou telle.
Peu importe de savoir si l'opinion
est vraie ou fausse, on voit simplement qu'elle est tributaire de la perception sensible,
et que de ce fait, elle est personnelle.
II/ L'opinion comme ouï-dire :
Mais tout le monde ayant les mêmes perceptions, les opinions sont partagées, et finalement, nous
aboutissons à l'existence d'une idée qui n'a même plus besoin de venir de l'intuition pour être acceptée.
Les opinions
sont donc aussi des croyances fondées sur des connaissances peu fiables, partagées par beaucoup.
● C'est la raison pour laquelle Spinoza dénonce l'opinion comme sujette à l'erreur.
En effet, selon lui
l'opinion est un genre de connaissance qui éloigne de la vérité, et qui est fondé sur des sentiments et des
croyances de valeur subjective.
Dans Le Court Traité, II, il écrit ainsi que l'opinion « est sujette à l'erreur et n'a
jamais lieu à l'égard de quelque chose dont nous sommes certains mais à l'égard de ce que l'on dit conjecturer ou
supposer.
».
»
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