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Donner est-ce asservir ?

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« Introduction : Lorsque l'on reçoit un don, on se sent toujours obligé vis à vis du donneur.

Le don apparaît pourtant comme un échange unilatéral, gratuit.

Mais il met en place un rapport complexe : il demande une réciprocité d'une autre nature.

Si ce n'est pas un autre don ultérieur, c'est au moins un sourire ou un sentiment que le donneur attend en retour.

Par l'intermédiaire de l'objet, c'est donc le sujet que le donneur cherche à avoir.

Dans ce sens, donner est asservir.

Mais ce rapport est il nécessairement tyrannique? Ne peut il pas être le moyen de renforcer des relations lorsqu'il est consenti par tous les individus? Problématique : Le don apparaît comme un gain pour le receveur mais ne met il pas en place un rapport de dépendance vis à vis du donneur? I : Donnant-donnant 1.

Tout don exige un contre don C'est un fait anthropologique : tout don exige un contre don.

Dans son essai sur le don, Marcel Mauss a décrit le rapport don/contre-don comme un « fait social total », cela signifie que le don régit les institutions juridiques, morales, religieuses, les rapports politiques aussi bien que familiaux.

Donner c'est donc entrer en rapport avec autrui sous la loi du don, asservir à cette loi. Marcel Mauss explique que les dons entraînent des contre-dons.

En effet, dans les sociétés primitives, il existe des échanges sous la forme de don.

Les chefs des clans ont l'obligation de faire des dons.

Ainsi l'on ne fait pas un don en contre-partie, ou pour rendre la pareille comme l'on ferait dans l'échange ou le troc, mais l'on fait un don plus important que celui qu'on nous a fait par politesse ; cependant cette politesse est obligatoire.

Dans ce don et contre-don, ce ne sont pas des individus qui passent un pacte pour effectuer un échange, c'est une tribu qui rend une politesse à une autre tribu.

Ainsi l'auteur montre bien que ces dons échangés, ne sont que le fruit d'une convention sociale établie.

Le don n'est pas un acte désintéressé mais fait l'objet d'un échange de don et contredon.

L'acte de donner a ceci d'intéressé qu'il est fait non en lui-même, mais selon le don précédent, et en plus qu'il répond à des conventions, et n'est pas fait spontanément, par un élan du cœur. «Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d'un marché passé entre les individus.» Mauss, Essai sur le don (1923). • L'anthropologue Marcel Mauss a montré que les formes actuelles de l'échange marchand ne sont pas universelles. On trouve des sociétés où l'échange économique utile n'est qu'une petite partie d'un système beaucoup plus global où «ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes...» qui sont échangés entre tribus, sous forme de dons et de contre-dons.

Dans ce système du «potlatch », le pouvoir se mesure par la capacité à détruire ses richesses et à les distribuer, et non par l'accumulation et l'utilisation technique. • Cela ne veut pas dire que le bonheur social serait dans le renoncement aux échanges.

Sans doute la rationalisation de l'économie s'est-elle en partie bâtie à la faveur des conflits que provoquait l'économie du «potlatch».

Mais de telles études sur d'autres économies possibles nous mènent à réfléchir sur le caractère toujours symbolique de l'échange même quand il a l'air strictement utilitaire. 2.

Principe de réciprocité Le don semble se distinguer des autres échanges par son unilatéralité : l'objet du don va du donneur au receveur sans demande immédiate d'une quelconque valeur en retour.

Mais cette unilatéralité n'est qu'apparente : si tout don exige un contre don, alors il y a toujours un retour au donneur, mais sous une autre forme, pas forcément matérielle mais symbolique.

De celui à qui on donne quelque chose on exige au moins un sentiment : le respect, l'estime, l'amour...

on exige donc un certain asservissement à soi. 3.

Les systèmes d'échanges Le don se fait toujours dans le cadre d'un système d'échanges codifiés.

Les cadeaux de Noël par exemple : ce ne sont pas des dons spontanés, ils obéissent à beaucoup de règles traditionnelles.

Les dons ne sortent pas de nulle part, ils prennent place dans un système d'échanges au sein duquel chacun a un rôle à respecter.

Donner c'est donc asservir aux règles d'un système d'échanges. II : Être et avoir 1.

La propriété et le propre L'objet de la propriété est un objet dans lequel la personne se reconnaît.

On peut dire avec Hegel que la propriété. »

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