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Dominer ses désirs

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. A.

Le désir est négation de son objet C'est une véritable dialectique du désir que développe Hegel dans La Phénoménologie de l'esprit (1807).

Pour lui, la conscience ne devient « conscience de soi » qu'en détruisant l'objet qu'elle a posé en face d'elle.

Cet objet, d'abord posé comme autonome, est ensuite anéanti par la force destructrice du désir.

Ainsi, dans le désir-besoin (désir dont la satisfaction est nécessaire au maintien de la vie), l'objet même du désir est à la fois élu et nié par le désir.

Par exemple, le désir de manger un fruit entraîne la consommation, la négation du fruit – lequel est en effet supprimé par le simple fait que je l'assimile à ma propre substance. B.

Certains désirs ne méritent pas d'être satisfaits Épicure, à la suite de Platon, suggère de faire la part entre les désirs qui méritent d'être satisfaits et ceux qui ne le méritent pas.

C'est l'affection (plaisir ou douleur) qui servira de règle.

Si le désir d'une nourriture riche et abondante se traduit par une indigestion, alors mieux vaut laisser ce désir inassouvi.

A l'inverse, il faut savoir parfois supporter de légères souffrances pour s'épargner de plus grandes souffrances à l'avenir. C'est donc « en comparant et en examinant attentivement ce qui est utile et ce qui est nuisible » que l'on pourra distinguer les désirs naturels (désirs conformes à la nature de l'homme) et les désirs vains, qui plongent le sujet dans une perpétuelle agitation.

Seront ainsi rejetés les désirs de puissance ou de célébrité, parce qu'ils génèrent davantage d'afflictions (inquiétude, peurs, dépendance, conflits, etc.) que de profits. C.

Il faut ne vouloir que ce qui doit arriver Mais que répondre à celui qui se plaint de n'avoir pas à manger, pas de toit ou pas de travail ? « Abstiens-toi et supporte », disaient les stoïciens.

Le stoïcisme enseigne en effet l'acceptation de tout ce qui est : abstiens-toi de gémir et supporte avec fermeté les coups du sort ! Le stoïcien Épictète distingue les choses qui sont en notre pouvoir (nos jugements, nos tendances, nos désirs) et les choses qui ne sont pas en notre pouvoir (le corps, la richesse, la réputation). L'unique souhait du désir, nous rappelle Épictète, est d'atteindre l'objet désiré.

Or, si nous investissons de notre désir des objets qui ne dépendent pas de nous, il est fort probable que nous ne parviendrons pas à les obtenir, et que nous en serons malheureux.

Pour vivre heureux, il suffit donc de s'appliquer à ne vouloir que ce qui doit arriver. « Ma [...] maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde.

» Descartes, Discours de la méthode, 1637. Cette maxime, empruntée à la morale stoïcienne, nous invite à maîtriser nos désirs, en ne les faisant porter que sur les choses qui dépendent de nous.

Celui qui désire modifier le cours des événements (la fortune) ou bien changer l'ordre du monde échouera certainement, et en sera malheureux.

Le bonheur appartient à celui qui parvient à ne désirer que ce qu'il peut effectivement obtenir. « Parce que la plupart de nos désirs s'étendent à des choses qui ne dépendent pas toutes de nous ni toutes d'autrui, nous devons exactement distinguer en elles ce qui ne dépend que de nous, afin de n'étendre notre désir qu'à cela seul.

» Descartes, Les Passions de l'âme, 1649. « Ce n'est pas par la satisfaction des désirs que s'obtient la liberté, mais par la destruction du désir.

» Épictète, Entretiens, vers 130 apr.

J.-C. « Pendant le sommeil, [...] la partie bestiale et sauvage [de notre âme] ne craint pas d'essayer, en imagination, de s'unir à sa mère, ou à qui que ce soit, homme, dieu ou bête, de se souiller de n'importe quel meurtre [...]; en un mot, il n'est point de folie, point d'impudence dont elle ne soit capable.

» Platon, La République, Ive s.

av.

J.-C. Notre âme contient des désirs monstrueux, lesquels s'éveillent précisément quand la «partie de l'âme qui est raisonnable » s'assoupit et s'endort. « Si le petit sauvage était abandonné à lui-même, [...] il tordrait le cou à son père et coucherait avec sa mère.

» Diderot, Le Neveu de Rameau, 1762.. »

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