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Dire à quelqu'un: "Sois naturel", est-ce lui donner un bon conseil ?

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« [Introduction] Toute la philosophie nous explique combien il fut difficile pour l'homme de s'extraire de l'état de nature afin de devenir vraiment homme.

Contrairement à l'animal, dont la nature est une et achevée, entièrement déterminée par des besoins strictement vitaux, l'homme se caractérise par une nature divisée entre la sensibilité et la raison, et par la possibilité de dépasser sa nature animale en développant sa raison.

L'homme apparaît comme l'être de la nonimmédiateté : à la réponse imposée, il substitue des réponses inventées. Que signifie alors cette injonction : « Sois naturel » ? Un retour à cet état dont l'homme a eu tant de mal à sortir ? Un conseil qui indique qu'on s'est trop éloigné de la nature, que le culturel a étouffé notre sensibilité ? Nous allons tâcher de comprendre ce conseil. [1- L'homme ne peut pas se réaliser à l'état de nature] L'état de nature n'est pas un état historique, mais un état mythique, idéologique, qui sert d'hypothèse de travail. C'est un état que l'on découvre en l'analysant par la réflexion afin de nous faire mieux comprendre l'homme social, l'homme actuel. Pour Rousseau, par exemple, bien comprendre l'homme et la société, c'est distinguer, sous nos comportements sociaux, l'homme naturel, l'homme tel que l'a formé la nature, sans tous les artifices culturels qu'il n'a pu acquérir qu'après de lents progrès.

L'homme naturel vivrait dans un état paradisiaque, heureux, dans un état de bonté morale. Cependant, à l'état de nature, l'homme ne peut pas réaliser ses potentialités : il possède la raison, mais une raison endormie, qu'il ne sait ni exercer, ni développer.

Pour répondre à sa vocation humaine, l'homme ne peut se contenter de vivre dans cet état naturel.

C'est en devenant un être social que l'homme va développer sa perfectibilité : raison, langage, conscience, moralité.

C'est ainsi que l'homme sort de l'état de nature et qu'il peut s'élever à la moralité. [II – La civilisation se retourne-t-elle contre l'homme ?] Nous venons de voir que l'homme, à travers toute l'histoire, n'a eu de cesse de s'arracher à la nature.

« Sois naturel » semble un conseil insensé, car la culture humaine est l'ensemble des institutions qui ont pour but d'empêcher le retour, dans l'homme lui-même, de l'animalité niée.

Tout chez l'homme va alors creuser la différence et la distance entre le naturel et le culturel : la parure, le maquillage, les vêtements, le tatouage, etc.

Tout signifie que l'on est dans la civilisation.

Jusqu'à la sexualité qui va être socialisée, les interdits variant selon les époques. Mais à trop vouloir nier, refouler notre part animale, nous sommes devenus malades, névrosés.

À la lumière nietzschéenne, nous sommes des esclaves, c'est-à-dire des êtres faibles et incapables d'affirmer nos forces vitales positives.

Freud parlera du « malaise dans la civilisation ».

« Sois naturel » est alors le sage conseil de quelqu'un qui veut dire : secoue ton conformisme, ose affirmer ta joie, ta liberté. [III - La séparation illusoire] L'homme n'est jamais totalement ni naturel ni civilisé : il y a interaction de l'inné et de l'acquis.

Le naturel et le culturel ne peuvent être dissociés car l'homme est toujours déjà civilisé.

Comme l'écrit Merleau-Ponty, « tout est fabriqué et tout est naturel chez l'homme ».

La séparation est donc illusoire.. »

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