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Dans quelle mesure est-il injurieux de qualifier un être humain d'inconscient ?

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« Définition des termes du sujet: INCONSCIENT Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ». a) Adjectif : ce qui est dépourvu de conscience.

b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.

les « petites perceptions » de Leibniz).

Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques (pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.

c) Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts fondamentaux de l'homme. • La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.

• Certains philosophes nient l'existence de l'inconscient.

Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi. Introduction Qualifier un être humain d'inconscient, c'est avant tout constater son impuissance à se penser dans le temps et dans la cohérence.

L'inconscience, en effet, se manifeste d'abord sous la figure de l'insouciance : l'homme qu'elle caractérise ne se préoccupe pas de son avenir et ne semble pas tirer les leçons de son expérience passée.

Aussi refait-il constamment les mêmes erreurs et nous paraît-il indigne de notre confiance.

L'inconscient est incapable de répondre de lui-même en tant qu'avenir.

C'est pourquoi il se voit souvent reprocher son irresponsabilité.

Son esprit, sensible à la seule force de l'impression présente, semble aussi versatile que les affects et les désirs qui le traversent : il manque de force pour leur résister.

Qualifier un être humain d'inconscient revient donc à lui reprocher la faiblesse de son âme ou de sa volonté : il n'est pas à la hauteur de ce que l'on croit pouvoir légitimement attendre d'un homme.

Aussi la gravité de l'injure dépend-elle étroitement d'un idéal d'homme fondé sur une vision particulière de la vie psychique et, plus précisément encore, des pouvoirs de la conscience.

Déterminer dans quelle mesure il est injurieux de traiter un homme d'inconscient exige donc que l'on prenne la mesure de ces pouvoirs. I - Que reproche-t-on exactement à celui qu'on traite d'inconscient ? a) Les remarques précédentes, qui visent à élucider le sens du mot « inconscient » lorsqu'il est employé pour stigmatiser le comportement de quelqu'un, nous portent à croire que l'inconscience n'est rien d'autre qu'un relâchement chronique de l'attention, qu'un défaut de conscience qui livre l'homme au bon plaisir de ses envies et de ses penchants.

Soumis à leurs caprices, l'inconscient devient de plus en plus esclave de lui-même ou, si l'on préfère, de l'anarchie de ses instincts, qui s'accroît à mesure qu'il leur abandonne la conduite de sa vie.

« Aussi bien, écrit Platon, passe-t-il chacun de ses jours à complaire au désir qui lui échoit au passage [...] c'est cet homme-là qui a la beauté bariolée ; c'est de lui que beaucoup d'hommes et nombre de femmes envieront sans doute l'existence, en tant qu'il enferme en lui le plus grand nombre [...] de façons individuelles de vivre.

» b) Les excentricités de cet homme recouvrent de couleurs chatoyantes son manque de style et d'originalité réelle. Sa vie n'a aucune unité propre : elle semble tanguer au gré des velléités qui s'agitent au fond de son âme impuissante à leur imposer sa loi.

« Les âmes les plus faibles de toutes, écrit en ce sens Descartes, sont celles dont la volonté ne se détermine point à suivre certains jugements, mais se laisse continuellement emporter aux passions présentes.

» Cette faiblesse susciterait plus de pitié que de mépris si elle n'était, secrètement ou explicitement, jugée coupable.

« Il n'y a d'âme si faible, écrit encore Descartes, qu'elle ne puisse, étant bien conduite, acquérir un pouvoir absolu sur ses passions.

» Descartes trouve les passions presque toutes bonnes, et tellement utiles à cette vie que « notre âme n'aurait pas sujet de vouloir demeurer jointe à son corps un seul moment, si elle ne pouvait les ressentir » (Lettre à Chanut du 1er Novembre 1646).

A condition toutefois que l'âme s'en rende maître.

Or les âmes les plus faibles, n'ayant pas une volonté éclairée par des « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal », se laissent emporter aux passions présentes, lesquelles « étant souvent contraires les unes aux autres », mettent l'âme « au plus déplorable état qu'elle puisse être ».. »

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