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Cimabue

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Peintre et mosaïste, né à Florence vers 1240 (?), décédé à Pise vers 1302. Il subsiste peu de documents sur la vie et l'œuvre de Cenni di Pepo, dit Cimabue. Il semble être présent à Rome en 1272, puis à Pise de 1301 à 1302 où il fut payé pour la mosaïque de Saint Jean de l'abside de la cathédrale et pour une Maestà de l'hôpital Sainte-Claire. On lui attribue également les fresques puissantes et graves d'Assise (vers 1280) ainsi que le crucifix de Santa Croce. A travers le thème de la crucifixion, on observe le passage progressif d'un style byzantin fortement expressif avec le Christ d'Arezzo (vers 1265-68), à une nouvelle sensibilité latine, libérée de l'ancien schématisme. Dans la Maestà de Sainte-Trinité, on voit se dégager une nouvelle intensité expressive et une nouvelle approche de l'organisation spatiale qui tranchent avec la fixité des icônes byzantines. A l'origine du renouveau de la peinture italienne, selon Vasari, la postériorité le mettra cependant à l'ombre de Giotto, son disciple.    Cenni di Pepo, dit Cimabué, né vers 1240 et mort en 1302, ne nous est guère connu que par la “ Vie ” que lui a consacrée l'Arétin Giorgio Vasari dans ses Vies des meilleurs peintres, écrites au XVIe siècle. Mais un témoignage plus ancien et plus précieux même dans son extrême concision nous est venu de Dante, son contemporain, dont le tercet : Credette Cimabue nella pintura ­ Tener lo campo e ora ha Giotto il grido... (Cimabué croyait incarner la peinture, et maintenant c'est Giotto qui est célèbre...) pourrait servir d'épigraphe à l'histoire de l'art moderne. 

« C imabue Peintre et mosaïste, né à Florence vers 1240 (?), décédé à Pise vers 1302.

Il subsiste peu de documents sur la vie et l'œuvre de C enni di Pepo, dit C imabue.

Il semble être présent à Rome en 1272, puis à P ise de 1301 à 1302 où il fut payé pour la mosaïque de Saint Jean de l'abside de la cathédrale et pour une Maestà de l'hôpital Sainte-C laire.

On lui attribue également les fresques puissantes et graves d'A ssise (vers 1280) ainsi que le crucifix de Santa C roce.

A travers le thème de la crucifixion, on observe le passage progressif d'un style byzantin fortement expressif avec le Christ d'Arezzo (vers 126568), à une nouvelle sensibilité latine, libérée de l'ancien schématisme.

Dans la Maestà de Sainte-Trinité, on voit se dégager une nouvelle intensité expressive et une nouvelle approche de l'organisation spatiale qui tranchent avec la fixité des icônes byzantines.

A l'origine du renouveau de la peinture italienne, selon Vasari, la postériorité le mettra cependant à l'ombre de Giotto, son disciple. C enni di Pepo, dit C imabué, né vers 1240 et mort en 1302, ne nous est guère connu que par la “ Vie ” que lui a consacrée l'A rétin Giorgio Vasari dans ses V ies des meilleurs peintres, écrites au XV Ie siècle.

Mais un témoignage plus ancien et plus précieux même dans son extrême concision nous est venu de Dante, son contemporain, dont le tercet : C redette Cimabue nella pintura Tener lo campo e ora ha Giotto il grido...

(Cimabué croyait incarner la peinture, et maintenant c'est Giotto qui est célèbre...) pourrait servir d'épigraphe à l'histoire de l'art moderne. C ertes, les débuts de ce que certains savants appellent “ la première Renaissance ” ne durent pas être paisibles dans une cité de la Toscane où le réveil du sentiment personnel succéda presque soudainement à la tradition multiséculaire d'anonymat et de collectivisme du moyen âge et se manifesta en effet de manière dramatique dans la confrontation et, peut-être, la rivalité de deux puissantes personnalités créatrices : C imabué et Giotto, le maître et l'élève. C imabué, dont les plus anciens commentateurs de Dante dépeignent le tempérament arrogant, dédaigneux et ne souffrant aucune critique, “ croyait ” être le premier et avait l'intime, orgueilleuse et tenace conviction de l'excellence de son art, quand apparut Giotto qui le surpassa : Si che la fama di colui è saura (si bien que la gloire de celui-là en est obscurcie).

Mais le mot scura du poète semble signifier moins l'oubli dans lequel serait tombé le vieux peintre que son rapide passage de l'histoire au mythe car, bien que V asari fût prodigue de renseignements vrais ou controuvés sur son activité, les recherches faites au siècle dernier parurent confirmer le jugement de Dante, au point qu'il s'est trouvé des auteurs pour douter de l'existence même de Cimabué.

La critique moderne, au contraire, s'est assigné la tâche de restituer à ce nom devenu légendaire une physionomie concrète ; à l'aide de la seule œuvre du maître dont l'authenticité soit prouvée (la figure de saint Jean dans la mosaïque absidiale du dôme de P ise, exécutée en 1301-1302), elle a constitué un groupe de peintures assez homogène pour éclairer l'évolution du style d'une personnalité désormais bien définie et reconnaissable ; elle a en même temps admis la pleine légitimité du langage figuratif byzantin projetant son prétendu “ irréalisme ” dans la sphère du lyrisme pur et a libéré l'histoire de l'antithèse, répandue dès le XIVe siècle, qui oppose les manières “ grecque ” de Cimabué et “ latine ” de Giotto. Bien que la thèse des origines byzantines de C imabué ne s'appuie depuis des siècles que sur un fondement aujourd'hui disparu, il est indéniable que sa peinture exprime une forte saveur grecque issue des traditions byzantines.

L'histoire de l'art en est arrivée à reconnaître avec V asari la collaboration de C imabué aux mosaïques du baptistère de Florence mais à conclure cependant que, loin d'être des œuvres de maîtres grecs ou byzantins, elles sont l'expression très nette d'un goût typiquement occidental ou roman.

Cela pose un problème ardu d'identification qui peut être négligé, car la première œuvre attribuée au maître avec certitude indique déjà clairement de quelles sources il tirait les éléments byzantins de sa culture. Le monumental Crucifix peint de l'église San Domenico d'Arezzo a ses précédents immédiats, iconographiques et de style, dans les images douloureuses de Giunta Pisano, et la Pise cosmopolite et maritime fut véritablement le centre où mûrit et s'irradia, dans une admirable résurrection de l'esprit et des formes de l'art classique, cette culture orientalisante appelée le néo-hellénisme byzantin.

Giunta Pisano et les maîtres qui l'entouraient transmirent ainsi à C imabué un abondant répertoire de solutions linguistiques, de signes, de métaphores, de symboles figuratifs, et surtout, par leur classicisme délicat, ils transformèrent son pathos impétueux, sa manière violente et un peu gonflée en une limpide et vigoureuse métrique.

C'est ainsi que, bien que le corps du C rucifix d'A rezzo, dans les spasmes de l'agonie, se torde atrocement jusqu'à toucher le bord de la croix, bien que ses jointures se tendent convulsivement, que ses traits, ses muscles, les détails anatomiques, fixés avec une rude vigueur de tracé et de clair-obscur, accusent un relief presque hallucinant, toute la composition se déploie en un rythme unitaire et grandiose puissamment modérateur.

On peut même dire à cet égard que Cimabué est plus nettement byzantin que ses contemporains en ce qu'il est complètement dépourvu de ces grâces néo-helléniques qui attirèrent un Duccio di Buoninsegna, comme de ces calligraphies excessives où se complut un Giunta ; il tendit à dégager de la tradition de Byzance précisément ces accents de solennité fatidique, de rigueur liturgique, de faste sombre qui constituent le substratum archaïque et immuable de cette civilisation. La Madone qui était autrefois dans l'église de la Sainte-Trinité et se trouve maintenant aux Offices, à Florence, se dresse telle une grandiose apparition au sommet d'une abside resplendissante.

Ce qui rend ce tableau si expressif et nouveau, c'est moins l'austérité organique de la composition où l'hiératisme byzantin se concrétise en une construction architecturale, que le mordant de la ligne, l'âpre énergie des signes et des profils qui crée un relief plastique et confère un dynamisme exubérant et passionnant aux figures.

La même humanité peuple les parois du chœur et du transept de la basilique supérieure de Saint-François, à Assise, où Cimabué peignit à fresque, vers 1277, des scènes de la Passion, de l'A pocalypse, de la Vie de Marie et de saint Pierre malheureusement très détériorées ; l'inversion des clairs-obscurs les réduit presque à une série de négatifs surprenants, mais les détails les plus lisibles, surtout dans la C rucifixion à gauche, attestent la grandeur et l'intensité de l'inspiration dramatique du peintre.

Tout y est lourd et massif, tout y est empreint de la robuste évidence de la plastique romane ; pourtant, le dramatique conventionnel des formes byzantines que l'artiste a pris comme point de départ est ennobli par une tragique violence d'expression qui bouleverse la construction spatiale de la scène, tel le geste de la Madeleine qui, mue par une impulsion que Masaccio n'eût pas désavouée, tend ses bras au-dessus de la masse tumultueuse des pleureurs. A insi, à travers l'individualisme accentué de C imabué, le byzantinisme médiéval a trouvé son terme dans la peinture italienne, tandis que la prépondérance progressive du dessin et du relief sur les valeurs purement chromatiques, telle qu'on la relève dans les œuvres dernières du même C imabué, la Madone du Louvre et le C rucifix de Santa-Croce, annonce déjà la naissance d'une nouvelle tradition, celle de Giotto et de la peinture florentine. L'œuvre de C imabue Part vraisemblablement importante de l'atelier.

C hronologie assez sûre.

Nous donnons l'œuvre complète. C RUC IFIX PEINT (San Domenico, A rezzo). M A D O N E A V EC L'ENFANT ET LES SAINTS DE SA N T A TRINITA (Offices, Florence). 1277 1280 MA DONE ET A NGES A V E C SA INT FRA NÇ OIS (fresque, San Francesco, église inférieure, Assise). 1277 1280 SCENES DE LA PA SSION, DE L'APOC A L Y P S E E T D E L A VIE DE LA V IERGE ET DES SA INTS (fresques, San Francesco, église supérieure, A ssise). C RUC IFIX PEINT (Santa Croce, exposé aux Offices, Florence). M A D O N E E T A NGES (Louvre, Paru).

MADONE ET A NGES (Servi, Bologne). 1301 SAINT JEA N (mosaïque, cathédrale, Pise).. »

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