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Chrysippe

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" Sans Chrysippe il n'y aurait pas de portique. " Les témoignages des anciens s'accordent sur ce jugement, d'autant plus remarquable qu'il n'est pas vrai à la rigueur. Troisième directeur de l'École, Chrysippe semble plutôt se contenter de prendre la suite. Il continue l'oeuvre de Zénon de Cittium, le fondateur en titre qu'il n'a pas connu, et de Cléanthe, esprit peu puissant dont il accepte de rester l'élève pendant de longues années, jusqu'à accéder, après sa mort, au scholarchat ; il a dépassé alors la cinquantaine. Il est vrai qu'il s'écarte sur certains points de ses prédécesseurs, mais dans l'ensemble il fait figure de conservateur et de défenseur, se soumettant le premier à cette orthodoxie qu'il devait systématiser lui-même et fixer définitivement aux yeux des générations suivantes. C'est un fait assez rare dans l'histoire des idées que le " second fondateur " d'une doctrine, joignant l'originalité à la fidélité, donne à son travail de restauration un tour personnel. Le fait s'explique en partie par le stoïcisme même qui a toujours su rassembler des hommes fort différents et autoriser des divergences sans compromettre son unité fondamentale. Mais il a sa raison aussi dans la personnalité de Chrysippe qui, résistant à l'attrait des doctrines adverses et à la tentation de fonder une secte dissidente, s'est exprimée, avec toute sa ferveur et son intelligence, dans l'adhésion aux dogmes de Zénon.    Quand Chrysippe, venant de sa Chypre natale, débarque à Athènes, le Portique est en difficulté avec les écoles environnantes et, surtout, avec lui-même. Parmi les disciples de Zénon, les uns affaiblissent la doctrine à force de médiocrité, d'autres, en exagérant tel trait, la simplifient et l'altèrent ; d'autres enfin l'abandonnent ouvertement. Au dehors, Cléanthe résiste mal aux attaques redoutables de la Nouvelle Académie et à la pression des écoles rivales qui, elles aussi, mais par des voies plus directes ou plus riantes, garantissent à leurs adeptes l'accès au bonheur : cyrénaïsme, cynisme et Jardin d'Epicure. Si Chrysippe sauve le stoïcisme de la décomposition interne et l'empêche d'être absorbé par les établissements concurrents, c'est qu'il renouvelle l'organisation de l'école et que, du vivant encore de Cléanthe, il prend la direction du combat contre le scepticisme académique. Mais la raison véritable de son succès est d'avoir repensé entièrement la doctrine de Zénon et de l'avoir inventée, si l'on peut dire, par ses propres moyens. Ce disciple de la troisième génération n'a rien d'un épigone ; son enseignement procède d'une conviction que seule peut donner la découverte personnelle, et c'est à bon droit que les anciens l'ont considéré, selon le mot d'Athénée, comme " le chef du Portique ".   

« Chrysippe. »

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